23/10/13 Potosi = visite des mines
*** D’abord, petit cadeau avec cette vidéo sur nos 5 jours sur l’altiplano, montage finalisé dans un bus, pas loin d’un gosse dont la couche était certainement pleine à ras-bord. Avec le débit internet qu’on a ici, c’est un miracle qu’elle soit dispo. ***
Perso, j’aurais préféré visiter un champs de mine avec plein de p’tits Vietcongs qui sautent dessus, mais on est pas dans Rambo V malheureusement. Alors va pour une mine souterraine; les sympathiques claymores, ça sera pour une autre fois.
D’abord, avouons qu’on s’est bien fait entuber avec cette visite. Le gars de l’agence nous a sorti son baratin, on sortait de 5 jours de vélo et on venait de se goinfrer donc on était des bons gros pigeons bien dociles et réceptifs. Résultat : on a payé 150 Bols (16€) par personne, au lieu de 80 ou 100. On se rassure en se disant que ça ira dans les poches des pauvres mineurs, ou dans celle du chef de la coopérative qui roule en Hummer.
On va d’abord visiter le bout de la chaine, là ou les roches sont concassées afin d’en récupérer les minerais : argent, zinc et un autre truc que j’ai pas compris, peut-être de la kryptonite ou de l’adamantium. Pour ça, ils utilisent un produit naturel et sain : le cyanure. On n’a pas bien vu ou partait la boue ensuite mais l’écologie est pas encore la priorité ici. On évitera de se baigner dans les rivières. De toute façon, on est trop ridicules avec notre bronzage cycliste.
On apprend que le traitement des minerais s’arrête ici. En effet, le concentra part au Chili, puis vers les pays riches (France, Japon, Allemagne, Asie…) pour être transformé et valorisé dans les usines des blancs qui ont la technologie. Dommage pour la Bolivie, ce pays pourrait être riche. Ça changera sûrement avec l’exploitation imminente du lithium du salar d’Uyuni. Vite vite, dépêchons-nous d’aller le visiter avant le massacre !
Franchement, il est pas génial ce blog ? Vous apprenez des trucs vachement bien.
Ensuite, c’est parti pour la visite des mines. Au programme : plus de 3 km en traversant une montagne de part en part. Après le vélo, on a eu du mal à apprécier de patauger dans la boue, plié en 2 la moitié du temps, on était trop crevé. C’est vraiment un taf horrible, pire que caissière, prof à Creil ou même politicien.
Comme dans tout travail physique en Bolivie, les mineurs mâchent en permanence de la coca. Les feuilles s’accumulent dans leurs joues au fur et à mesure de la journée, les faisant ressembler à des hamsters.
La visite est ce qu’elle est mais les explications du guide (ancien mineur) sont passionnantes. Les mines sont organisés en coopératives, rejetant totalement le système capitaliste. les mineurs travaillent pour eux, un pourcentage de ce qu’ils sortent allant à l’état et à la coopérative. Ici, pas de machines, ni d’exploitation intensive. Le but est d’employer un maximum de monde pendant un maximum de temps. Des machines permettraient certainement à une poignée d’actionnaires de s’en mettre plein les poches pendant quelques dizaines d’années alors qu’en gardant une activité manuelle, ça garantie un emploi, certes pénible, à beaucoup de monde pendant longtemps. Cette montagne est exploitée depuis 500 ans et c’est loin d’être fini.
Même très attachés à leur métier, les fiers mineurs souhaitent un autre avenir à leurs enfants. Mais en gérant les mines comme ils le font, ils leur garantissent un job, au cas ou le reste foire. Tout le monde n’a pas la chance de finir médecin, footballeur ou analyste financier. Nan, je déconne pour le dernier ; )
On parle avec un mineur qui a été député pendant 4 ans. Mais il a décidé de revenir dans la mine; c’est de là qu’il vient, là qu’il a ses amis. Je pense que c’est la même atmosphère que dans les mines du nord de la France : un sentiment d’appartenance, de fierté, de camaraderie, le tout renforcé par la rudesse de la tâche.
Le taf de mineurs :
- mâcher de la coca
- creuser des trous avec une barre à mine et un marteau
- mâcher de la coca
- dynamitage
- déblaiement à la pioche et à la pelle, en mâchant de la coca
- emport avec de wagonnet poussés à la main
- mâcher de la coca
- rester toujours positif et de bonne humeur. Le guide nous explique que c’est primordial. Déjà que le boulot est pas jojo, alors si t’y vas à reculons, tu te jettes sous le 1er wagonnet.
- chargement des camions avec des brouettes
- claquer tout son fric pour se bourrer la gueule le week-end ou s’acheter une voiture plutôt que des trucs futiles comme une maison ou des études pour les gosses (rappelons que la pilule n’existe quasiment pas et que les préservatifs sont aussi populaires que les impôts). Je généralise bien sur, c’est plus rigolo.
- jouer au foot (ça va de pair avec se bourrer la gueule et tout claquer dans la bagnole)
En fin de visite, le guide nous fait gouter la boisson locale, celle que les mineurs boivent après leur journée : « de l’alcool potable à 96°C » , texto. Une arme chimique le bousin, ça te nettoie le gosier en profondeur.
A Potosi, il y a 10 000 mineurs. Ils gagnent bien plus que le salaire moyen, certains s’en sortent encore mieux en tombant sur de bons filons. Pour nous, le bon filon, ça a été de naître en France. Pas besoin de piocher !


































































