03/11/13 Uyuni – milieu du Salar = 100 km (D+ = 16m ah ah ah)
04/11/13 Milieu du Salar – Colcha K = 96 km
05/11/13 Colcha K – Avaroa = 88 km
Uyuni, 7h, 4°C. Les sacoches sont pleines à craquer. Je vous épargne le détail cette fois mais je trimballe 11 L d’eau et au moins 4 kg de nourriture.
C’est un grand jour car nous allons rouler sur le Salar, lieu mythique pour beaucoup de cyclotouristes. C’est aussi le départ pour notre Dakar à nous : pas de bitume pendant quelques jours, que de la piste, du sable, du sel et de la tôle ondulée.

Message pour Desh : le FAB existe vraiment !!! Aux armes mon frère, il est temps de reprendre le combat !!
Et ça commence dès la sortie d’Uyuni. Ça roule bien jusqu’à Colchani, on ne poussera que quelques mètres.
Amis futurs voyageurs, sachez qu’une route est en construction, ça va être un vrai billard d’ici 1 an ? 2 ans ? On ne sait pas à quelle allure vont les travaux dans ce pays ou tout reste à moitié terminé, sauf les bières.
A propos de ça d’ailleurs : à Colchani, un gars nous arrête. Précisons qu’on est dimanche – 9h. Il est complètement bourré, 3 grammes dans chaque œil. Bourré mais généreux puisqu’il nous offre une canette de bière à chacun plus une qu’on partage tout de suite avec Laurent.
3 km plein ouest nous mènent au début du Salar. Ici aucuns panneaux, on choisit la piste à la boussole.
On s’attendait à ce que ça roule mieux, on oscille entre 14 et 19 km/h. Au bout d’une quarantaine de km, on se rend compte qu’on est beaucoup trop au nord. Là, on fait un truc que je déteste : on vérifie sur l’application GPS du téléphone de Laurent. Le couperet tombe : on a pris la mauvaise piste… Il semble que les boussoles soient perturbées sur le Salar.
On oblique donc plein sud pour récupérer la bonne piste. Pas de stress, on a plein d’eau. On est vraiment au milieu de rien, ou de tout, ça dépend comment on voit les choses. Pédaler devient éprouvant à cause du vent de face et des jointures entre les plaques de sel. Anne et Laurent en prennent plein le dos et les bras. Nous, on est bien sur nos vélos tout suspendus, nananère !
Au bout de 30 km, l’île d’Incahuasi en vue, nous retombons enfin sur la piste.
On avait prévu de camper aux abords de cette île mais ça fait 7h qu’on pédale, y’a faim et faut qu’on soit prêt pour le coucher de soleil. Et finalement, c’était terrible de camper là avec tout cet espace à 360°. Le vent tombe et il fait un silence extraordinaire, uniquement troublé par le foutu réchaud de Laurent ; )
On assiste à un coucher de soleil incroyable, ça valait vraiment le coup de venir là pour ça.
Rouler sur le salar n’a finalement rien d’extraordinaire, c’est même vite monotone, sauf si on rajoute un peu de piquant en s’égarant comme on l’a fait. Mais camper en plein milieu, ça, c’est mémorable.
Pour info, le sol étant extrêmement dur, j’avais trimballé une pierre d’un bon kilo et c’était vraiment nécessaire pour planter les piquets. Surtout que ça a pas mal soufflé pendant la nuit.
Le matin, c’est toujours aussi super vachement jolie et c’est dans ce décor que nous disons « à plus tard » à nos amis Laurent & Anne. Ils retournent à Uyuni afin de prendre un train qui les emmènera plus au sud, dans des coins moins désertiques. On espère sincèrement se retrouver plus loin, c’était sympa ces 2 semaines ensemble. Laurent a presque la larme à l’œil en disant au revoir à ma poêle à frire. Fini les omelettes mon gars !!
Pour nous, direction l’île des cactus à 17km pour faire le plein d’eau. On y rencontre 2 français un peu arrogants et 2 grands argentins. Ces derniers vont au sud, comme nous, on fera donc route ensemble.
On discute beaucoup et le temps passe vite sur cette partie rugueuse du salar.
Au km 60, à la sortie du salar, on s’arrête à une petite tienda pour acheter une bouteille de coca. La nana à le malheur de nous proposer des empenadas. On en prend une, trop bon. J’enchaîne avec une 2eme et la nana, super sympa, en offrira une à chacun d’entre nous. Vraiment généreux.
Elle nous indique également une piste qui nous évitera 20 km de ripio pourri. Et en effet, ça roule super, avec un bon vent dans le dos. Malheureusement, au km 85, on arrive sur un chemin difficile avec du sable et de la tôle ondulée sur 5 km. On pédale 50m, on pousse 10m… Point positif : j’aperçois 4 autruches. Pas le temps de sortir l’appareil, ça court vraiment vite ces piafs.
Avec Ophélie, on a notre dose pour aujourd’hui et on se dit qu’on pourrait demander l’hospitalité à la caserne de Colcha K alors que nos copains argentins continuent. Z’ont peut-être même une douche qui sait ?
J’ai vraiment besoin de me laver les pieds, le cocktail scandale + crème solaire +sable + poussière + transpiration + poussage de vélo est vraiment pas beau à voir. On s’arrête à la grille et rien qu’à voir la tête des gus, on dit juste bonsoir et on se casse. C’est des légionnaires ! Ils ont pas vu une nana depuis des mois ! Là encore, j’aurais pu me faire un paquet de fric avec ma blonde, mais elle ne veut pas. Les tournantes, c’est pas son truc. Tant pis pour la douche.
Bref, on pousse 3-4 km et on se fait un bivouac pas moche du tout. C’est juste pénible de cuisiner avec le vent. Et de se laver les pieds avec des lingettes pour bébé.
Avant de s’endormir (19h20 pour Ophélie, on approche du record), on se rend compte qu’on a fait une belle boulette : sachant qu’on quitte la Bolivie dans 2 jours, on a rien retiré à Uyuni et il ne nous reste que 160 Bols, soit environ 17 €… Le hic, c’est que le prochain distributeur est à Calama, à près de 300 km, soit 3 ou 4 jours de vélo !! Et qu’il faut payer un droit de sortie de 30 bols/pers à la douane bolivienne. Et qu’on a plus de PQ. Et qu’à la frontière Chilienne, ils confisquent tout ce qui est fruit (frais, sec ou cuisinés), légume, miel, produits laitiers… tout sauf les pâtes et le corned-beef en fait. Pourvu qu’ils touchent pas à notre avoine ! On aurait plus rien d’autre pour le p’tit dej’. Ophélie est déjà prête à pleurer pour amadouer les douaniers.
Heureusement, il nous reste encore pas mal d’autres trucs et on trouvera de l’eau du robinet sur notre chemin. Avec l’argent qui reste, on devrait s’en sortir. Mais vous nous connaissez un peu maintenant et vous savez qu’on a une relation très étroite avec la bouffe, alors on a une petite pression.

Ils ont oublié le panneau « dermerdes-toi saleté de gringos ». Heureusement y’a qques 4×4 qui passent et nous renseignent
Pour ce 3eme jour de Dakar, on se lève à 6h et on est sur les vélo à 7h15. Belle perf, ceux qui connaissent Ophélie le matin savent de quoi je parle.
La piste n’est pas terrible sur les 1ers km mais ça roule pas mal ensuite jusqu’à San Juan de Rosario. Là, on a toujours le petit espoir de trouver une banque mais dès qu’on commence à voir le bled à 10km, on sait que c’est mort. Mais bonne nouvelle, on trouve un robinet et je leste mon vélo de 13L.
Ophélie demande à un camionneur quelle piste il faut suivre. Le gars est tellement sympa qu’il descend son vélo du camion, nous accompagne sur 2 km et nous montre le volcan Ollague qui sera notre repère. Une fois encore, la piste est pourrie et on descend fréquemment des vélos.
Heureusement, ça ne dure que 5 km et ensuite ça défile facilement avec notre fidèle vent dans le dos. C’est là que nos argentins nous rattrapent : ils sont arrivés à San Juan hier à 19h et ne sont repartis le matin que vers 11h. On mange ensemble à une ancienne base militaire au milieu de nul part, sur une table ! C’est là que nos routes se séparent : ils vont traverser le Sud Lipez, bon courage les gars.
Avec Ophélie, on file sur la piste, excellente au début puis se dégradant, nous secouant sur les 20 derniers km. Depuis San Juan,le paysage est grandiose. Non, grandiose, ça ne va pas en fait. C’était… dinosauresque !
On était là, presque seuls au monde, roulant au milieu de volcans dans un environnement aride. On roule beaucoup en ce moment, la raison ? Pas d’arbre, pas d’ombre, rien pour se poser. Alors on s’arrête juste le minimum pour manger, prendre une photo, cracher (on n’arrête pas ici), mettre de la crème solaire et cracher.
On arrive à Avaroa, point de sortie de la Bolivie.
Ophélie va demander au bureau de douane à quelle heure il ouvre le lendemain matin et ou on peut planter notre tente. Ça, généralement, c’est la bonne technique pour obtenir l’hospitalité, surtout avec la gueule cramée d’Ophélie. Ça loupe pas. Le gars, en plus d’être tamponneur de passeport de temps en temps, est également le prof de l’école juste derrière. Il nous met un gros matelas de gym dans la salle de classe et une ampoule au plafond. Le monde est plein de gens sympa, surtout en Bolivie.
En sortant de l’école, les enfant nous crient « Buenas Tardes Cavalleros », ce qui veut dire « Fred, t’es vraiment hyper musclé ». ‘sont drôlement observateurs ces gosses.
On passe une bonne nuit, à l’abri du vent. Sergio, le prof-tamponneur, passera le soir et tôt le matin, il avait sûrement peur qu’on reparte avec un bureau d’écolier.
La suite au prochain épisode. C’est comme le chocolat, pas trop d’un coup. Enfin, pas plus de 2 plaquettes. 3 pour Frisounette.