- 07/09/16 Murghab – 15km avant le col à 4655m = 61 km / +580m
- 08/09/16 … – 12 km avant Karakol = 57 km / + 580m
- 09/09/16 … – en haut du col à 4200m = 54 km / +420m
- 10/09/16 … – Sary-Tash (Kirghizistan) = 70 km / +400m
- 11/09/16 Sary-Tash = repos et changement de programme
- 12/09/16 Sary-Tash – Osh = en taxi Fast & Furious…
- 13-14-15/09/16 Vacances françaises à Osh

C’est parti pour le dernier bout de Pamir. On a des sentiments partagés dans ces moments là, entre la hâte d’en redescendre pour retrouver un climat confortable et plus d’oxygène et déjà un brin de nostalgie pour ces grands espaces et ce silence si rares dans le monde.
On commence par du faux-plat montant dans des lignes droites interminables. Une petite averse de grêle vient rompre la monotonie, juste avant une pause à côté d’un troupeau de yaks. Ophélie est sur les rotules, sa toux d’altitude l’affaiblit en permanence. Benoît a retrouvé la forme, la gastro et lui c’est une longue histoire, il est rodé. Quant à Alice, elle n’est pas en pleine confiance et son rouleau de PQ reste à portée de main.
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Le reste de l’étape se déroule tranquillement, on grimpe en douceur pour s’approcher au maximum du col de demain, point culminant de notre Pamir et probablement de notre voyage : 4655m

on fait le plein d’eau ici = + 12 kg
Le soir, on se dégote un beau spot du style paysage lunaire. On a juste le temps de monter la tente et de manger en vitesse avant que la nuit ne tombe. Nous sommes à 4200m, ça caille bien sa race.
Le lendemain, c’est parti pour l’ascension. On s’attendait à un truc facile mais on se bouffe quand même 2 ou 3 km à plus de 8% avec, en bonus juste avant le finish, un petit virage en épingle à 14%. Dans la montée, on a eu la chance de croiser un yak mort. Alors, oui, évidemment, je l’ai pris en photo pour ma petite collection personnelle (plus tard, je me ferais une pièce spéciale dont les murs seront recouverts de « mes animaux du monde », avec des cierges et tout et tout). Cependant, je ne voulais pas la diffuser, par respect pour ma chère mère mais surtout parce qu’elle était vraiment pas assez gore. Or, un follower m’en a réclamait une, donc là voilà. Je suis dévoué à mes followers. Damien, voici ton yak mort.
Bref, on est en haut et on est bien content, surtout Ophélie qui a monté ça au courage.
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Pour fêter ça, on sort notre dernière boîte de pâté, la highlander des boîte de pâté, celle qui a survécu à toutes les autres. C’était bon mais il manquait la baguette croustillante.

Quelques jours plus tard, j’ai envoyé un mail à Hénaff pour leur raconter cette petite anecdote, c’est pas tous les jours qu’on bouffe un de leur pâté à plus de 4000m au Tadjikistan. Avec Ophélie, on avait le vague espoir de se faire offrir notre poids en pâté. Toujours pas de réponse à ce jour. Ils doivent sûrement préparer le colis.
On enchaîne ensuite avec une courte descente, de la piste en tôle ondulée et un régal de pente bitumée vent dans le dos avec vue sur le lac Karakol. On stoppe dans un décor lunaire à 4000m, on se garde Karakol pour demain, il reste 15 km et il se fait tard. Malgré un vent fort qui nous oblige à manger sous la tente, on apprécie le moment. C’est trop beau.
Vers 20h30, alors qu’Ophélie commence déjà à comater dans son sac de couchage, le vent tombe et, chose exceptionnelle, je ne suis pas complètement crevé ! Alors je sors m’amuser avec le mode Manuel du petit reflex.

Au matin, le ciel est limpide et on descend rapidement vers le lac.

petite séance photo flinguante pour les cuisses. Vous noterez que le bogosse se reconnait aisément à sa veste rouge et à son pantalon gris
Avec le soleil qui grimpe, sa couleur change devant nous, passant d’un bleu-vert pâle à un bleu profond.
Voilà, c’est mignon tout ça mais il est temps de parler d’une chose sérieuse et importante. C’était une sorte de tradition lors de notre précédent voyage et je constate qu’elle n’a pas perduré. Il est temps qu’elle revienne. Mesdames et Messieurs, il est donc temps d’élire :
MISS PAMIR 2016
Pour la 1ere fois de son histoire, le jury n’a pas réussi à se départager et on le comprend. Tant de beauté d’un coup en aurait rendu aveugle plus d’un. C’était un choix impossible, comme être devant un pot de rillettes d’oie et un pot de rillettes de canard, n’importe qui prendrait les 2. C’est donc, sans grande surprise finalement, que le titre revient à nos 2 princesses du jour : Ben et Fred, bien plus connus dans certains pays sous les noms de Mahmoud et Mehmet.
Je dois dire qu’on a été ému. On savait qu’on était beau, mais pas à ce point là. C’est donc logiquement qu’on a réinterprété un numéro du cirque du soleil, ici, au bord du lac Karakol, sous les regards impressionnés d’Alice et Ophélie.

des mois d’entrainement
Voilà, revenons à la frivolité et au voyage. On arrive ensuite au village de Karakol. Sous un certain angle et en faisant abstraction de l’odeur de mouton crevé, on dirait un village du Péloponnèse (en Grèce bande d’inculte). Le Péloponnèse de chez Lidl quand même.
On achète du pain et filons plus loin prendre notre pause déjeuné dans un endroit que le gars du Lonely Planet aurait qualifié de « désert de sable comme y’en a partout, même à Ermenonville ».
On reprend les vélos pour une lonnnnnnnngue montée avec fort vent de face. C’est pas facile mais je crois qu’on se régale tous. La vue est magique, on est presque seuls au monde, tout est sublimé par l’effort, on vit à fond.
Les derniers kilomètres nous tuent les cuisses avec une pente à plus de 10% et un plein d’eau fait juste avant. On est enfin au col à 4200m mais il est déjà trop tard pour redescendre. Pas une bonne idée de camper en haut, c’est là ou le vent souffle le plus fort et aujourd’hui, on peut dire qu’il est en forme. Alors on avise les ruines d’une ferme abandonnée et plantons les tentes à l’intérieur, façon Tetris Candy Crush, sur un moelleux tapis de bouses de yak. C’est pas ce qu’on a fait de plus beau mais ce vent froid allait nous rendre dingue. On se dit qu’on aura moins froid entre ces murs et, effectivement, il ne fera que -3°C sous la tente le matin, limite canicule.
Le lendemain, grosse descente dans une vallée martienne. C’est notre dernier jour dans ce massif, on espère croiser enfin son animal emblématique : le Marco Polo, un mouflon majestueux, l’un des plus beaux animaux du monde après Ben et moi. Mais comme on en verra pas, on le rangera dans la même catégorie que la licorne, le dahut, l’homme politique intègre, la reprise de la croissance et la sacoche Ortlieb indestructible.


dernière montée du Pamir
On sort du Tadjikistan, passons un dernier col à 4282m, redescendons au milieu des cris de marmotte et nous voilà au Kirghizistan, le pays le plus chiant à épeler au monde. Mais la douane la plus cool, 2 minutes montre en main pour passer. Pas de visas, rien à payer ! Et un « Welcome in Kirghistan » en prime.

ici, les panneaux de col sont en bas
On pic-nique juste après avec une vue impressionnante sur ce qu’on vient de traverser
Dans la descente, on croise une famille d’Australien en tandem qui n’a pas froid aux yeux, ni ailleurs. A eux 5, ils ont moins de bagage que 2 d’entre nous. Peut-être qu’ils font comme les kangourous et qu’ils rangent plein de truc dans leur ventre.

Juste après, alors qu’on discute tranquillement avec Alice dans une zone de nid-de-poule et que je me dis que ça va passer à 25 km/h sans freiner, le vélo décolle et je me vautre comme une loque. Glissade latérale, le vélo et le pilote sont indemnes grâce aux gants. Une sacoche aura besoin d’être rebouchée, encore 2 ou 3 chutes comme ça et elle ressemblera à Mickey Rourke.

Un berger Kirghize, aussi fier que jeune
La descente jusqu’à la civilisation est longue et les nuages menacent, s’entassant sur la chaîne de montagne en face. On atteint enfin Sary-Tash et passons la nuit dans une guesthouse à la tenancière aussi souriante qu’un yak mort. Avec Ophélie, notre plan était de filer en Chine dès le lendemain mais on apprend que la frontière est fermée pendant 10 jours (du 10 au 20 septembre). Alors on sait pas quoi faire et on prépare nos vélos le lendemain matin comme si on était décidé à aller quelque-part, ce quelque-part étant un détail encore à définir. On discute avec un couple de Belge en tandem et ils nous disent que Osh est sympa et reposant. RE-PO-SANT, je crois que c’est ce qu’il nous fallait à ce moment là. Donc, gros changement de plan : au lieu de filer à Kashgar à quelques 200 km à l’Est d’ici, on monte à Osh passer quelques jours puis Bishkek (tout au nord du Kirghizistan), puis Almaty pour enfin enter en Chine et rejoindre Urumqui. Soit 2000 km, la moitié en taxi, vu qu’on doit entrer en Chine avant le 1er Octobre, car la frontière ferme à nouveau entre le 1er et le 6…
Il est déjà trop tard pour partir aujourd’hui alors on reste une nuit de plus dans la guesthouse du sourire. On fait un déjeuner d’adieu avec Alice et Benoit, nos compagnons de route depuis… Teheran !! On a fait un sacré bout de chemin ensemble et les bons moments ont été nombreux. La légende des 4 Azub 5 se sépare ici, les Transatos vont réaliser un de leur rêve : faire du cheval dans les montagnes Kirghize. Enfin c’est surtout le rêve d’Alice. Les rêves de Benoit implique généralement une Playstation, des Flammekueche et Jennifer Lawrence.
La Transpanardos prend fin ici. Comme Brad et Angelina, les plus beaux couples finissent par se séparer.
Alors on se dit au revoir ou à plus tard qui sait et trinquons avec une demi-bouteille de bière et des kit-kat. Bonne route les amis, que le dieu Schwalbe vous protège.
Après une nuit légèrement fiévreuse et une fatigue générale que j’ai du mal à admettre, on est prêt pour 3 jours de vélo direction Osh. Et puis les plans changent encore quand on croise des cyclos anglais qui prennent un taxi pour s’y rendre. « Et si on faisait pareil ? » que me dit Ophélie. Dans mon dénie de la fatigue, je refuse d’abord. Mais on se retrouve rapidement à charger les vélos dans un break après avoir négocié le prix.
Pendant le début du trajet, je me mord les doigts et me dis qu’on est trop con. La route est magnifique et ça descend presque tout le temps pendant 200 km. On prend le taxi pour descendre !!! Rhhaaaa !!

je vous laisse imaginer en cas d’accident
Le mec roule fort et on est souvent à 120 km/h avec même une pointe à 150, sur une simple 2 voies. Et hop, 220 km en 2 heure. On rejoint une guesthouse apaisante comme tout et y posons la tente, question de budget. On retrouve l’été, un taux d’oxygène normal et j’admets enfin qu’on a bien fait de prendre le taxi. On est crevé, enrhumé et affamé. Il était de temps de faire une longue pause avant la suite, assez chargée en kilomètres.
On se lie tout de suite d’amitié avec 2 autres français : Camil, géant franco-hollandais organisateur d’expédition en 4×4 et Renaud, le bienheureux boucher basque amateur de sommets. On passe 3 jours soudés ensemble, entre visite du bazaar (le plus grand d’Asie Centrale parait-il, 1 km de long), brochettes au barbecue, sauvignon, crêpes, crumble d’Ophélie et papotages. Des moments simples qui n’ont pas de prix. Merci les gars.

Camil bricolant son 4×4.

Renaud au BBQ

3 kg de crumble pour 4. Normal
A bientôt pour la suite, au Kazakhstan puis en Chine.