De Villa de Leyva à Bogota
- 05/02/20 Villa de Leyva – Susa = 69 km / 4h30 / +930m
- 06/02/20 … – Zipaquira = 79 km / 4h34 / +720m
- 07/02/20 Zipaquira
- 08/02/20 … – Bogota = 50 km / 2h10 / +100m
- 09 & 10 Bogota et retour en France
Alors, commençons par répondre aux quelques questions de followers qu’on a reçu suite à l’article précédent :
- Qu’ais-je fait des petits sacs remplis de vomi ? Non, je ne les ai pas gardé en main jusqu’à l’arrivée, priant pour qu’ils tiennent le coup. Il y avait des poubelles dans la travée du bus. Je pense que vomir sur cette ligne est très très habituel.
- Comment vous avez fait pour pas faire pipi/popo pendant 10h ? Pour Ophélie, c’est simple puisque tout est sorti de l’autre côté. Pour moi, je me suis retenu de pisser pendant des plombes jusqu’à ce que je me rende compte les toilettes au fond étaient bien utilisables, en fait
- Fred, je pourrais renifler un de tes caleçons sales ? (je tairais le nom de cette personne à l’origine de cette question, ça serait gênant pour Béa)- Oui
- Pourquoi vous n’avez pas fait de selfie avec Geraint Thomas ? son vélo fait moins de 35 kg, je ne peux pas le respecter
- Comment faites-vous pour être tellement bogosses ? Nan mais j’en ai vraiment marre de cette question, faut arrêter là

Enfin un Gremlins !!!
- 05/02/20 Villa de Leyva – Susa = 69 km / 4h30 / +930m
- 06/02/20 … – Zipaquira = 79 km / 4h34 / +720m
- 07/02/20 Zipaquira
L’une des plus belle étape de notre périple colombien, ça ressemblait presque à la France avec ces petits champs, ces vaches et une route très calme. On est dans notre routine : crème solaire dès 8h, pause jus d’orange vers 10h, petit repas vers 11h.
On arrive rapidement à notre étape Chinquingira, mais il est tôt, on est en forme et la ville est trop grande, alors on rajoute 25 km pour Susa, un petit bled façon Far West comme on aime. Une seule hospedaje, pas cher, fenêtre donnant sur un couloir, couverture polaire avec un gros tigre, comme au Pérou, draps qu’il ne faut pas regarder de trop prêt, comme au Pérou.
Une petite bière, une deuxième et des empenadas pour finir cette belle journée.
Le lendemain, sur les vélos dès 7h15, il fait 4°C. On ne pensait pas qu’il pouvait faire si froid et je l’ai bien senti en short et sandale pendant 1h, le temps que le soleil réchauffe tout ça. La route est superbe, montagne à droite et lac de Fuquene à gauche. Ça rappelle vaguement le lac Titicaca et on pense à nos collègues Danny et Fred qui le longent en ce moment même. Les veinards, ils vont découvrir Juliaca et la route des couches-culottes.
Au bout de 40 km, on sait que ça va commencer à grimper et on fait notre pause jus d’orange – empenadas – truc inconnu – bananes et café. Le taux de giclette est proche du maximum, lucidité optimale.
Et il valait mieux vu ce qu’on bouffe ensuite. La montée en elle-même est chouettos, 10 km pour passer de 2550 à 3072m, petite route dans la montagne, temps frais. Le problème vient des camions, par centaine. Ils nous doublent à faible vitesse par convois, on s’en tape 5 à 10 d’un coup et ils passent près vu que la route est étroite et sans l’habituel dégagement. Ophélie doit se mettre dans le fossé par 2 fois. C’est assez stimulant même si Ophélie préféra certainement le terme de stressant. On sent le souffle brûlant des pots d’échappement, on met parfois le t-shirt sur le nez pour filtrer un peu, toujours plus sympa de renifler du mouton mouillé que du diesel brûlé. Et qu’en y’a personne sur notre voie, faut surveiller ce qui arrive en face. Les colombiens conduisent plutôt cool, pas très vite, mais faut toujours qu’ils doublent coûte que coûte, malgré le manque de visibilité, les lignes jaunes continues, ou le gringo en Azub venant en face.
On finit par atteindre le col, il n’a même pas de nom, ni de panneau. Et en plus c’est moche en haut, y’a 2 mines de charbons et un gros bordel de camions. On l’appellera donc le col du cancer du poumon. On se rince le gosier avec du coca, Ophélie a plein de particules noires collées à la crème solaire, ça donne une idée de ce qu’on a dû avaler, les bronches bien dilatées par l’effort et l’altitude.
Dans la descente, on double ces saletés de camion et arrivons très vite à Zipaquira, joli petite ville au nord de Bogota, ville natale d’Igan Bernal.
A l’hôtel, on rencontre un groupe de cyclos franco-ricains, hyper stylés avec des beaux Surly en mode bikepacking, des barbes et des chemises à carreau. Ils partent pédaler une semaine dans le paramo en empruntant des pistes, c’est peut-être bien une bonne idée.
On reste le lendemain pour visiter la cathédrale de sel, le site le plus visité de Colombie, bêêêêêê, élue Merveille n°1 du pays. On y va pour l’ouverture histoire d’être tranquille. Comme on ne veut pas attendre une heure pour avoir un guide anglophone, on part avec un groupe guidée en espagnol. D’habitude, je comprends à peu près, dans les grandes lignes, mais cette guide récite son truc comme une machine, à toute allure. Je lâche l’affaire. En plus ça parle de Jésus et d’un chemin de croix, ça ne m’intéresse pas du tout. Reste que c’est joli et que les volumes sont vraiment impressionnants. A l’origine,ce site est une étonnante mine de sel qui, par le hasard des mouvements tectoniques et de l’érosion, s’est retrouvée dans une montagne à 2500m d’altitude.
L’après-midi, notre hôtel est envahi par un groupe d’une centaine de cyclistes de Medellin, matos de fou, voitures balais et même une équipe qui nettoie et entretient les les vélos. J’aurais dû planquer les nôtres au milieu des bécanes à 6000 € mais ils se seraient sûrement douter de quelque-chose, surtout au moment de les soulever d’essayer de les soulever.

Zipaquira
- 08/02/20 … – Bogota = 50 km / 2h10 / +100m
- 09 & 10 Bogota et retour en France
Les cyclos de Medellin se sont levés à 5h – on les a bien entendu – pour rejoindre Villa De Leyva dans la journée, les 150 km qu’on a fait en 2 étapes. Ils se tapent le col du cancer des poumons en échauffement, c’est rude. Quoique s’ils grimpent à 12 km/h, ils iront aussi vite que les camions. De notre côté, c’est à l’opposé qu’on va, plein sud, ultime étape pour rejoindre Bogota. Tout plat et vent dans le dos, ça fuse à plus de 25 de moyenne.
Plus on s’approche du centre, plus le trafic s’intensifie et plus ça devient « stimulant ». Quelques bas du front en SUV nous mettent la pression en klaxonnant et en nous frôlant et, pour la première fois du voyage, je leur montre mon doigt le plus long. Je pensais pas que ça arriverait dans ce pays, plutôt très respectueux envers les cyclistes. Mais là, il fallait vraiment que j’exprime mon désaccord, à défaut d’avoir un lance-grenade.
On arrive très vite à notre hôtel ou Beatrice nous accueille avec un hug à l’américaine, un acte courageux avec nos T-shirt « cuvée 3 jours ». Ayé, fin du périple, un peu plus de 1300 km et 17000m de D+ en 24 étapes. C’est moins que d’habitude, la faute à cette chaleur de fou au début et probablement à l’absence de bivouac qui nous a fait voyager autrement, loin de nos repères. Le but n’est jamais de faire un max de kilomètres mais c’est généralement bon signe quand ça défile.
Après un repas (pollo…) arrosé de sangria et une bonne sieste, on s’attelle à l’emballage des vélos. C’est beaucoup plus rapide que le déballage et tout est prêt en 1h30.
On passe la journée du lendemain à marcher dans Bogota. C’est dimanche et quelques grands axes sont fermés à la circulation au profit des vélos. C’est génial, on croise des cyclistes par millier, on dirait une vélorution. Les gens se baladent tranquillement dans un plaisir simple de pédaler, sans bus, ni voitures. Ça change complètement le visage de la ville, tout est plus beau. Ah, des villes sans voitures, ça fait rêver. Imaginez Paris avec seulement des vélos et des transports en commun, un air plus respirable, beaucoup moins de bruit, pas de bouchons, des gens plus cool, en meilleur santé. M’enfin, avant ça, faudrait juste sortir du capitalisme, une broutille.
Les rues sont pleines de monde dans le quartier de la Candelaria, on traverse une grande brocante avec plein de chouettes trucs sur lesquels on aurait craqué en France. Mais prendre l’avion avec une commode, même petite, n’est pas raisonnable. Ensuite, dans la rue, des tas de gens vendent des objets à même le sol, ici des lacets, là des pipes à cracks, des vieux vêtements, des livres, des objets fait avec des billets de banque vénézueliens, des pièces de vélo, des outils, des posters de Dragon Ball, des paniers à linge, des chaussettes… entre tout ça, il y a les vendeurs de bouffes ambulants : jus de fruit, fruits frais, hot-dogs, maïs grillé, tacos, glaces… Ça fait baver mais je vous rassure, à part les tacos mexicains et les fruits, y’a rien de terrible. Pourtant je suis bon client.
On se repose un peu après une très ennuyeuse visite du musée de l’or, heureusement l’entrée était gratuite. On regarde les nombreux skateurs sur la place Santander, ils sont bons, c’est beau le skate, c’est noble. Ça sent fort la marie-jeanne, des mecs fument des joints gros comme des cigares. Une vendeur de bonbon me propose discrètement de la cocaïne. Mais quelle bonne idée ! Je ne savais pas quoi ramener à mes parents ! J’avais pensé à un magnet mais pourquoi pas quelques grammes de coke mal coupée planqués dans le cucul ?
- Papa, Maman, j’ai une surprise pour vous !
- Ô comme c’est gentil ! T’es vraiment notre fils préféré ! Alors, c’est quoi ?
- Bougez pas, j’vais aux toilettes !
Le dernier jour n’est pas encore arrivé mais je vais déjà vous le raconter, comme ça c’est fait, on n’en parle plus.
Je retourne me balader dans Bogota et grimper au Monserrato à pied, à 3150m, si c’est ouvert, ça je peux pas encore le dire. En chemin, je croise Egan Bernal et on fait la course dans les marches, on se marre bien même s’il me ralentit pas mal. Lui aussi me propose de la cocaïne. Ophélie reste peinarde à l’hôtel parce qu’elle a mal au bide et qu’elle commence déjà à stresser pour le taxi, les vélos, l’avion, la tempête Ciara et le coronavirus. Vers 16h, un taxi vient nous prendre , le mec nous dit qu’on est très beaux et musclés, merci. On doit poireauter jusqu’à 23h30 dans le terminal mais Julian Alaphilippe nous reconnaît et nous invite au salon VIP pour un massage et une fondue savoyarde. Ophélie vomi sur une hôtesse en entrant dans l’avion, l’équipage trouve ça si mignon qu’ils nous installent en 1ere classe, champagne à volonté. Le pilote ayant suivi le blog, il m’invite à prendre les commandes de l’avion, pas longtemps, juste le temps d’un looping, après on se fait un Fifa 18 dans la cabine. Vous saviez vous qu’ils ont des PS4 ? C’est entre l’altimètre et un autre machin-mètre.
Au débarquement, nos cartons arrivent défoncés, les vélos en miette. Des hôtesses accourent seins nus pour s’excuser, avec des croissants chauds. Les vélos nous seront remboursés au poids, on a de quoi s’acheter le Togo. Julian, qui ne nous lâche plus ce gros relou, nous promet de nous envoyer 2 vélos tout carbone. Je lui dit qu’il est gentil mais que j’en veux pas de ses bouses en plastoc, pourquoi pas des Nazcas bordel ? Là il rigole fort, plié en 2 « ah ah des Nazcas, excellent, elle est bonne celle-là ». On finit par se mettre d’accord sur 2 Wolf & Wolf en titane, option Rohloff.
Mon père est venu nous chercher, il nous apprend que Macron a démissionné suite à des révélations sur des relations charnelles qu’il aurait eu avec Castaner et Balladur. François Ruffin est désormais Président, les voitures sont déjà interdites dans Paris. Et les vacances au Fort de Brégançon, c’est fini nom d’une pipe ! Ça sera désormais au camping de Sainte-Mère-Eglise !
En arrivant, je vais aux toilettes et offre le cadeau à mes parents. Ma mère reconnaît qu’elle est mal coupée mais que ça passe bien avec un peu de meth. Ça la rend encore plus hyper-active que d’habitude et elle nous prépare des paupiettes, des endives au jambon, une purée-saucisse, des ribs et une mousse au chocolat, en plus de la raclette prévue depuis 1 mois.
Voilà voilà, rien de spécial.
Un p’tit bilan Colombie pour finir ? Ok, un p’tit bilan Colombie pour finir, allons-y.
P’tit bilan Colombie pour finir
Je trouvais ça sympa de mettre un gros titre pour ce p’tit bilan Colombie pour finir. Aller, c’est parti pour un p’tit bilan Colombie pour finir ! Let’s go ! Vamos !
P’tit bilan Colombie pour finir
Bilan mitigé, comme vous le savez. On aurait peut-être dû se renseigner un peu mieux avant d’y aller. Déjà, on n’aurait pas trimballé tout le matos de camping, le réchaud, les sacs de couchage, 500 g d’avoine, du beurre de cacahuète et les doudounes. Ensuite, on aurait zappé toute la partie au sud de Bogota, là ou même les colombiens savent pas comment d’autres colombiens peuvent supporter cette chaleur. On se serait concentré sur les montagnes au nord et à l’ouest de Bogota, comme on a fait sur les 3 dernières semaines, mais en plus étendu : temps plus frais et ambiance plus calme. Ceci dit, ça reste une expérience intéressante d’avoir goûté à cette Colombie surchauffée et surexcitée, au désert de Tatacoa et à cette piste pourrie dans les Andes.
C’est d’ailleurs sur cette piste qu’on a décidé d’écourter notre séjour en Colombie. Les plus observateurs auront remarqué qu’on rentre au bercail 2 semaines plus tôt que prévu. Voyant qu’on ne pouvait pas pratiquer le voyage qu’on aime et qu’on renonçait à aller mourir de chaud sur la côte Caraïbes, on s’est dit que 6 semaines suffirait, et on ne regrette pas.
Ensuite, de Popayan à Bogota, le voyage s’est bien mieux passé même si, pour nous, ce pays n’est pas propice au voyage à vélo. Vous la sentez venir ? Mais si mais si, vous la sentez venir ! La liste à puce !
- C’est le pays du barbelé, y’en a partout. C’est pas rare d’en voir sur 5 rangées, parfois à hauteur d’homme. Les champs sont fermés, les entrées souvent cadenassées. Certes, nous aurions pu camper en demandant aux gens, ils nous auraient sûrement permis, mais c’est pas le bivouac qu’on aime. La nature n’est pas accessible.
- Y’a trop de bagnoles/camions, ou pas assez de route, ce qui revient au même. Les moments ou on était seul sur la route à entendre les oiseaux gazouiller ont été très rare. Et c’est pas la faute des oiseaux.
- Y’a du monde partout, ou presque. Tu t’arrêtes pour pisser, croyant être seul, mais y’a un gars qui bricole sa moto pas loin ou une nana qui vend des chips
- Fait un poil chaud par endroit
- Un petit climat d’insécurité, peut-être infondé, peut-être juste un ressenti ? Mais les nombreuses caméras de sécurité, la présence policière, les agents de sécurité, les grilles et les barbelés ne rendent pas complètement serein. A l’hôtel de Bogota, il faut sonner pour qu’on nous ouvre le portail, puis taper un code pour ouvrir une porte, puis passer une carte magnétique pour ouvrir une autre porte avant d’arriver à notre chambre, fermée à clef. Y’a que la cuvette des chiottes qu’est pas vérouillée.
- C’est crade, les déchets sont omniprésents
- beaucoup de misère dans les grandes villes
- Y’a pas de beurre salé, c’est criminel
- La bouffe n’est pas terrible, pas très variée. On ne va plus manger d’œuf ou de poulet avant un certain temps
- L’indice UV fait flipper, cette image est parlante
Mais voyons aussi les nombreux côté positifs. Pour cela, je vous propose une autre liste à puce :
- C’est LE pays du vélo, on a jamais croisé autant de cyclistes
- Il fait beau
- Le pays a du cachet, une forte personnalité, des couleurs dingues, une grosse diversité, qu’elle soit sociale, climatique ou environnementale
- Les colombiens sont sympas, pas stressés, naturels. Ils picolent peu et conduisent presque prudemment.
- Y’a des hôtels partout, et 20 fois plus de resto. Idem pour les épiceries et les boulangeries. Bien pratique à vélo, jamais besoin de trimballer de la bouffe, y’a toujours un coin pour faire une pause sucrée ou salée, souvent les 2
- Les jus d’orange et les limonades naturelles, une tuerie
- Les avocats, les mangues, les ananas
- Pfff, c’est trop dur de résumer un pays en quelques puces. Doit-on vraiment faire des p’tit bilan pour finir ?
Fin du P’tit bilan Colombie pour finir
Bisous
Fred et Ophélie