J 234 à 245 / de Luang Prabang à Vientiane / 424 km
- 24/11/16 Luang Prabang – Namming = 57 km / +1100m
- 25/11/16 … – Phouleuy = 47 km / + 1450m
- 26/11/16 … – Hot Spring = 49 km / + 870 m
- 27/11/16 … – Vang Vieng = 82 km / + 450 m
- 28/11/16 Vang Vieng = balade de 30 km
- 29/11/16 Vang Vieng – Hin Heup = 63 km / + 280m
- 30/11/16 … – Vientiane = 96 km / + 360 m – 10 000 km !!
- 01 au 05/12 Vientiane = en attendant le visa thaïlandais
Le système organique du cyclo se décompose en : circulation respiratoire, circulation sanguine, et circulation routière, celle-ci commandant les deux autres.
L’article précédent se terminait dans un suspense insoutenable avec une histoire de fièvre tropicale pécolesque et on espère que vous avez été nombreux à paniquer dans vos humbles chaumières, vous rongeant les ongles, au bord de l’ulcère, tenant fébrilement votre smatphone dans l’attente du ding-dong signalement l’arrivée d’un nouvel article, ne pouvant – c’est tragique – suivre qu’à moitié Plus belle la vie et ne donnant même plus à manger au chat.
Mettons un terme immédiatement à votre supplice : après une nuit de repos et une autre suée nocturne, Bibi est d’aplomb pour se recoucher sur son drôle de vélo. Même Bibette est contente de repartir et d’aller bouffer un peu de montagnes.
Au bout de 20 km plus ou moins plat, on commence une ascension qui nous prend des heures à notre rythme d’escargot. L’humidité a monté d’un cran et les t-shirt sont mouillés en permanence. Au col, c’est magnifique et on regrette de ne pas pouvoir y camper par manque d’eau. Alors on descend, forcément, c’est rare que ça monte après un col. En bas, on a le très vague espoir de trouver une guesthouse ou un coin d’herbe pour poser la tente en bord de rivière. Que dalle, le village est charmant mais on doit continuer un peu, remonter un peu et demander à des habitants si on peut poser la tente dans leur cour.
Ça fait du bien de camper à nouveau, le voyage a beaucoup moins de charme quand on va de guesthouse en guesthouse. Et il était temps de déballer le matos car ça commençait sérieusement à moisir avec l’humidité ambiante, la tente se transformait tranquillement en champignonnière. On profite d’un robinet pour se laver à grandes eaux, sans choquer les Laotiens qui ont l’habitude de se laver en slip devant tout le monde. Le spot est sympa, la forêt est étonnamment silencieuse (très peu d’oiseaux), les moustiques discrets, et la nuit apporte rapidement sa fraîcheur.
On se lève à 6h30 pour être à 8h sur les vélos. Aujourd’hui, le ciel se dégage très rapidement et on sue tout de suite « like a whore in a church » comme dirait la Reine d’Angleterre. Ça grimpe pas mal et lors d’une pause cacahuète-tête-sous-une-source-d’eau, nous somme rejoins par Brigitte et Nico, partis un peu plus tard que nous la veille.
Ces 2 là, c’est des monstres, ils font 2000 kilomètres par mois depuis leur départ de France début mars, ils ne se reposent jamais. Alors on est tout content quand on constate qu’on grimpe presque à la même vitesse et on se fait une très belle étape ensemble, clôturé par un bivouac 10 millions d’étoiles.
Le lendemain, c’est l’étape de rêve dans les plus beaux paysages du Laos, avec des villages toujours aussi jolis et des gens toujours aussi souriants. Arrivés en haut de la montagne, un panorama incroyable fait de massifs karstique se dévoile devant nous. On se régale les yeux mais ça remplit pas l’estomac, alors on file dans un resto un peu plus bas. En bon cyclo, on étend les toiles des tentes mouillées au soleil avant d’aller manger.
Une longue descente et une courte montée assassine nous amène ensuite à une source d’eau chaude, l’endroit est magnifique et on peut monter les tentes dans des cabanes sur pilotis, sous les cocotiers. Ouais, c’est une putain de journée. Après un long bain seuls dans les sources, on se fait un concert de réchaud et un bon gueuleton : patates sautées, poêlée d’aubergine et fondue de courgette coco-curry-aneth de la part de nos compagnons de route. Les patates sautées, c’est vraiment le truc qui nous manque le plus je crois. On en refera plus souvent, faudra juste qu’on trouve une plus grande poêle qui laisse pas 1 cm de croûte brûlée au fond.
Le lendemain, on se lève tôt et filons… 15 mètres, Brigitte a un pneu à plat, le 1er en 17000 km. En démontant, Nico se rend compte qu’il y a d’autres trucs à réparer et on démarre sans eux. Alala, ils ont trouvé un sacré prétexte pour ne pas avoir à avouer qu’ils n’arrivent pas à nous suivre ! Mais on a vu clair dans leur jeu ! Alice et Benoît avait déjà fait pareil avec des prétendus « chiasses », comme ils disaient, moi je trouve ça très vulgaire.
La route est toujours aussi belle même si c’est un poil moins impressionnant que la veille. Lors de notre pause banane sous une paillote, ils nous rattrapent tout de même (m’étonnerait pas qu’ils aient fait du stop) et on repart ensemble pour arriver assez tôt à Vang Vieng.
Vang Vieng, c’est le summum du tourisme classe au Laos : jeunes australiens, français ou anglais bourrés dans la rue en pleine après-midi, nanas en string rapportant leur bouée après du tubing sur le Mekong, occidentaux perdus en quête de drogues pas chers regardant de vieux épisodes de Friends dans les bars et quelques quinquagénaires pris de fièvre jaune. Oui, je généralise un peu, certains regardaient The Big Bang Theory.
On trouve une agréable guesthouse dans nos prix et pendant qu’Ophélie nous enregistre, nous pouvons admirer TOURISTATOR, un magnifique japonais réalisant un super-combo, dommage que j’ai pas eu le temps de prendre une photo :
- T-shirt BeerLao (équivalent local de Kronenbourg)
- sarouel motif éléphant
- tongs
- appareil reflex à 2000 € en bandoulière
- sac banane
Grandiose, il manquait juste le chapeau « I love Thaïlande » et le badge « HardRock Café – Melun ». Et un porte-clef Hello Kitty.
On est écœuré par tout ça et renonçons rapidement à un quelconque tour organisé, alors qu’on était plutôt partant pour une petite descente en kayak suivi d’une visite de grotte. Mais ça fait trop usine alors on zappe. Peut-être que le voyage à vélo rend asocial, sûrement qu’on l’était déjà pas mal avant de partir mais on n’a pas du tout envie d’être assimilé à cette minorité de touristes donnant une drôle d’image de l’occident.
Alors le lendemain, pendant qu’Ophélie profite du balcon de notre chambre pour faire son activité favorite (la lessive) et que Brigitte et Nico filent (z’avaient dit, ils se reposent jamais), je pars faire une boucle à vélo à l’ouest de la ville. Les « 20 km peinards, j’en ai pour 1h » sont en fait 30 km sur une piste parfois bien défoncée sur laquelle je suis obligé de dégonfler les pneus. Mais ça vaut le coup, c’est beau, sauvage, paisible et il n’y a personne en dehors des buffles et des habitants des petits villages. J’aurais su, on serait venu planter la tente dans le coin, au bord d’une rivière.
Sur la toute fin, je croise des hordes de chinois en buggy brisant la quiétude des lieux. Dommage que j’avais pas ma herse, ou quelques clusters.

j’ai eu un prof de physique-chimie qui avait à peu près la même tête, en moins avenant
Le soir, on tombe par hasard sur une pizzeria tenue par un français et on est pas passé loin de l’orgasme en y dînant avec Tim, notre nouvel ami australien. On s’entend toujours au poil avec les australiens, surtout côté bouffe.
Le lendemain, on reprend la route avec Alessio et Binh, un couple italiano-franco-vietnamien avec qui on était plus ou moins en contact, ayant un ami (Chantal The Baroudeur) en commun. Le courant passe très bien, forcément, surtout qu’Alessio était chef d’un resto étoilé à Paris. Ce mec s’est donné pour mission de goûter à tout, tout le temps, même dans un petit village paumé il arrive à nous dégoter des brochettes d’escargots grillés pour la pause du midi, avec l’inévitable sticky rice (riz collant).

spot de camping en face !! STOOOOOP !!
En début d’après-midi, en passant sur un pont enjambant une superbe rivière, Alessio et moi pilons devant la vue d’un spot de bivouac de fou. Il ne nous faut pas longtemps pour convaincre les filles et Tao (un chinois qui voyage avec nous, adorable même si on ne peut pas communiquer) de se poser là. Papotage autour des tentes, longue baignade, petite lessive et repas au bord de l’eau, la belle vie de cyclo.
Vers 20h30, alors qu’on est tous sous nos tentes, les paupières lourdes, des flics à scooter débarquent avec des lampes de poche. L’un d’eux a une kalachnikov en bandoulière dans son dos. Ils nous expliquent qu’on ne peut pas rester ici, que c’est dangereux à cause du pont, que après-demain c’est un jour férié, que mon cul sent la groseille, que blablabla… c’est pas clair, on comprend rien. On leur demande pourquoi ils sont pas venus avant alors qu’on était là avec nos tentes depuis 15h, qu’on est fatigués, qu’on a trop la flemme de tout plié et qu’on n’ira pas dans une guesthouse, sauf s’ils payent pour nous (et qu’ils nous apportent des croissants au petit déjeuner suggérera Ophélie, toujours à l’affût). On discute calmement, on sent bien que les mecs font juste leur taf, ils sont plutôt sympas mais au bout d’une heure de palabre, on se résout à les suivre et plions les tentes déjà trempées pour les remonter 500m plus loin, juste à la sortie du pont très très dangereux, va comprendre. Ophélie a le pneu avant à plat et un bar karaoké juste en face fait trembler le sol, ambiance. Mais on se trouve un coin d’herbe moelleux, les flics nous disent au revoir, le bar ferme et on passe une bonne nuit au calme finalement.
Levé à 6h30, comme d’hab, déjeuner très copieux, comme souvent, et nous voilà repartis. On avait prévu de prendre une route secondaire et d’atteindre la capitale Vientiane en 2 jours mais cette histoire de jour férié nous oblige à filer afin de faire notre demande de visa Thaïlandais à temps. La route est plate, les paysages beaucoup moins intéressants, alors on se met en mode Pedalators avec écouteurs dans les oreilles, s’offrant tout de même quelques pauses gourmandes, surtout quand on arrive à repérer les stands vendant du jus de canne à sucre. Avec un peu de citron vert, j’vous raconte pas.
Et hop ! 10 000 km au compteur ! Enfin virtuellement puisqu’on a plus de compteur mais on sait où on en est.
On arrive à Vientiane rapidement et rejoignons une guesthouse qu’Ophélie avait repéré sur internet. Oui, en ce moment, le repérage de guesthouse est sa 2eme grande passion après la lessive. Pour le coup, elle a vu juste et on s’offre 4 nuits dans une ancienne villa coloniale fleurie avec petit déjeuner inclus et… piscine !! Des vrais vacances en attendant nos passeports qui resteront 5 jours au consulat Thaïlandais à cause de 2 jours fériés et du week-end.
Dans notre villa (prononcez nôôôôtre villââââ), une française nous laisse des affaires qu’elle ne ramène pas chez elle, dont un somptueux maillot de bain une pièce.
Vientiane n’est pas le pire endroit au monde pour rester bloqué 5 jours, la ville est petite, aérée et agréable. Entre siestes et baignades, nous retrouvons chaque jours nos amis cyclos autour d’assiettes de Pad Thaï, de saucisses laotiennes, de riz sauté et de soupes de nouilles. Le soleil des derniers jours nous a explosé les lèvres et le mélange épice / citron vert nous donnerait presque envie d’être nourri par intraveineuse.
Nous allons également visité le musée de la COPE, une organisation à but non lucratif venant en aide aux survivants d’explosion de sous-munitions : création de prothèses, rééducation et sensibilisation. Le bombardement du pays a été tellement massif que la vente des résidus de bombes aux ferrailleurs est toujours un vrai business. Aux risque de leurs vie, des laotiens, souvent enfants, arpentent les forêt en quête de bout de métal.
Les restes de bombes servent également dans leur vie quotidienne : pilotis pour leurs maisons, ustensiles de cuisine, échelles, divers outils…
D’après ce qu’on a appris, la dépollution du Laos serait le 1er employeur du pays avec environ 5000 salariés, juste devant les brasseries Beerlao.
Dans une salle, on peut visionner des interviews de victimes de sous-munition de par le monde : Laos, évidemment, mais aussi le Maghreb, l’Arménie, le Tadjikistan, le Liban, l’Afghanistan… la liste est très longue et les témoignages bouleversants. Je retiens celui d’une femme arménienne qui a perdu d’un coup son mari et 2 de ces fils lors d’une explosion dans un champs. Encore sous le choc, elle ne voit pas partir sa fille à vélo. Demandant à un de ses autres fils où elle est, il lui répond qu’elle voulait voir les corps, restés sur place. 10 minutes plus tard, elle entend une nouvelle explosion…
On est un peu secoué en rentrant et alors qu’on marche dans une rue tranquille, un gars déboule et passe juste à côté de nous en courant, pieds nus et menottes aux poignets, suivis quelques secondes plus tard par des policiers armés. Le mec vient de s’enfuir d’un commissariat ! Notre petite troupe tourne au coin de la rue quelques mètres plus loin et nous entendons 2 coups de feu espacés. Je vais jeter un œil mais ils sont déjà loin, ils ont dû le manquer, vu la pétoire qu’ils avaient, ça serait pas étonnant. On l’espère.
Bon, on ne peut pas finir cet article sur des notes si sombres. Alors voici quelques clichés en hommage aux quelques Lady-boys qu’on a croisé jusqu’à maintenant. L’occasion aussi de vous présenter Miss Vientiane 2016. J’aimerais comprendre un jour pourquoi j’aime tant me ridiculiser.
Demain, on entre en Thaïlande.
Petite précision : si je ne m’occupais pas de lire entièrement les guides de voyage des pays que nous allons visiter, nous ne n’aurions pas beaucoup d’info sur les sites sympas à visiter, hôtel et restaurants … Chose qui ne passionne guère le Responsable d’Expédition de ce voyage mais qui a de l’importance pour trouver des endroits bucoliques …
Ce n’est pas ma seule passion dans la vie ! A bientôt chers lecteurs
Petit message personnel pour mon grand-père dont c’est l’anniversaire le 06/12.Bon anniversaire grand père !!!
Ophélie
BONUS
Rubrique santé et animaux, cette semaine, nous vous présentons :
- un œdème à la main dû à une morsure de fourmi
- Un rat tatouille de toute beauté. Je sais que notre lectorat est en manque d’animaux crevés. Y’a même un sociopathe de l’Aisne qui m’a envoyé les photos d’un chat mort en nous écrivant « petite pensée pour vous ». Vianney, ce rat est pour toi.
- Et un animal mystère. Il était encore chaud.