Villeneuve-Loubet – Latte (Italie) = 58 km
Latte – Albenga = 77 km
Albenga – Varazze = 63 km
Varazze – Lavagna = 87 km

Nous en Playmobil
D’abord, merci pour tout vos p’tits commentaires sur l’article précédent, ça fait vraiment du bien. On a reçu aussi des mails vraiment sympa. On a vraiment des followers au taquet, vous êtes déjà près de 360 !
Echauffement des index et langue tirée pour la concentration, c’est parti pour le récit de ces 1er kilomètres.
Départ à 9h30 sous un presque soleil. On est fébrile, dans nos têtes, nos jambes et jusque dans mes bras me dirais-je en voyant l’appareil photo m’échapper des mains et tomber par terre. La 1ere fois de sa vie. Il a traversée une bonne partie de l’Amérique du sud et a failli finir brisé dans un camping pourri de la Côte d’Azur. Mais ça va, pas de bobo en fait.
On part la boule au ventre, c’est pas la grande joie, c’est pas l’euphorie. On a peur, on doute. C’était pareil la 1ere fois, on se souvient un peu, on se dit que ça passera.
On démarre sur le périphérique aux heures de pointe : plein de bagnoles, des immeubles partout et des panneaux publicitaires. Heureusement qu’il y a des palmiers et parfois une belle vue sur la mer pour nous rappeler qu’on est dans le sud. Doit-on préciser qu’on aime pas tellement la côte d’Azur ?
On croise Igor, l’un des 2 membres du club velomobile de Monaco. Le velomobile, c’est un vélo carréné hyper aérodynamique. Alors, 2 membres, pour un club, ça fait pas lourd c’est vrai. Mais c’est autant qu le club des supporters de l’ASM quand même.
Ensuite, c’est Eze, Beaulieu, l’horrible Monaco, Menton… On ne se sent pas à notre place ici, des vrais Tuches à vélo. A Monaco, alors qu’on crève la dalle, on n’osera même pas s’arrêter pour sortir nos sardines à l’huile de crevard. C’est là qu’on dit au revoir à mon papa qui nous a gentiment amené à Villeneuve-Loubet en voiture et qui nous rejoint ici pour un au revoir, pas le dernier vous verrez.
On sort vite-fait de la ville en essayant de ne pas écraser les Porshes, Bentley, Ferrari et autres joujous de riches aux petits zizis. Doit-on préciser qu’on n’aime pas tellement les riches ? Alors je vous raconte pas les ultra-riches du coin, au secours. Ils sont sur une autre planète ceux-là.
Tiens, en parlant de zizi, je pense à un truc. En longeant la côte entre Menton et Vintimille, je me souviens y être passé il y a un paquet d’année avec mon pote dont je tairai l’identité mais qu’on appellera Nico par commodité. On était en voiture, une magnifique R5 ou 309, le genre de truc qui te rend hyper beau-gosse à Monaco. Bref, je me souviens que Nico avait lourdement insisté pour s’arrêter à une plage. J’avais trouvé bizarre qu’il insiste comme ça, et encore plus bizarre de voir plein de monsieur tout nu sur cette plage. Moi j’ai gardé mon maillot de bain. Pour Nico, je n’en dirais pas plus, c’est un homme marié désormais ( à une femme).
On finit la journée assez tôt au camping de Latte; le vent, le traffic et les adieux nous ont crevés. Ici, impossible de faire du bivouac, chaque mètre carré disponible est construit / bétonné / transformé en parking.
Le lendemain, le vent est tombé et on se fait une belle étape avec un passage sympa par San Remo et ses 20 km de piste cyclable. Le soir au camping, on rencontre Marie-Cecile et Gael, 2 autres cyclo Français en route pour un tour d’Europe de 8 mois. Ca fait du bien de voir des gens qui ont cette même idée bizarre de partir pédaler pendant des mois en dormant sous une tente. Soirée agréable avec, forcément, un apéro.
Le 3eme jour, c’est l’été. Short et t-shirt dès le départ. Toujours énormément de trafic, c’est incroyable. Y’a pas d’heure de pointe ici, c’est tout le temps l’heure de pointe. Un défilé permanent qui, même si on est rodé, use le mental. On croise beaucoup de cycliste aussi.
Le midi, on se pose à un bled de pêcheur et on se tape un bout de pizza, vendue au kilo ici. Une tuerie, même froide, un gout de reviens-y. C’est vraiment la région des pizzas cette côte, on en voit partout. Mais on se retient, ça donne trop soif après ces cochonneries.
A Varazze, on arrive au camping les gueules rouges comme des tomates bien mûres, au bord de l’insolation et de l’hypoglycémie après une côte à 13%. Du coup, c’est pour des raisons purement médicales qu’on ira se prendre une bonne glace. Ils les font aussi bien que les pizzas. Le camping est sympa, presque désert, vue sur la mer et à côté d’un champs d’artichaud. C’est serein, mais j’ai failli arracher le carrelage des sanitaires quand j’ai entendu Maitre Gims à la radio. Pauvres italiens, ils sont épargnés par Daesh mais ils font face au pire terrorisme auditif.
Le quatrième jour, on longe tranquillement la côte jusqu’à un tunnel fermé. Pas d’échappatoire à part faire demi-tour et prendre l’autoroute, c’est à dire une chance sur deux de mourir. Alors qu’on se dit qu’on va passer les barrières et y aller quand même un gars vient nous expliquer qu’on peut grimper et prendre un chemin ensuite. Paf, une côte avec des passage à 15%. Dominico, le gars, 70 ans, nous accompagne en scooter pour bien nous monter ou il faut tourner pour le chemin qu’il faudra descendre « piano piano » parce que mega pentu. Sont sympas les ritaux.
On retrouve donc notre SS1 (c’est le nom de la route côtière) et on arrive à Genova (qu’Ophélie traduit en Genève). On fait une pause Focacceria et rencontrons Hans qui revient de 11 mois et 21000 km depuis le Cambodge. Blablabla… c’est cool l’Iran ?… blablabla… Chouettos la Turquie ?…. Blablabla… t’as pleuré combien de fois pour avoir tes visas ?…
Ensuite, c’est Hanoi avant l’heure avec un traversée éprouvante de Gêne : 20 km au milieu des bus, des scooters et des voitures. Les Italiens ne roulant pas tous dans des bons diesel propres Peugeot ou Wolkswagen qui emettent seulement de la vapeur de fleurs bio équitables, on prend une bonne bouffée de particules. Hop, déjà 50 km au compteur, on est rincé. Mais on vise Lavagna pour faire une journée de pause, alors on enchaine. Et là, on se bouffe 3 petits cols bien piquants. On arrive complètement mort au camping avec 1000 de D+ et 6h30 de pédalage au compteur.
Pfffuuuiii, grosse révélation pour nous : le vélo, c’est dur et ça fait mal aux cuisses !! Ca faisait 6 mois qu’on avait pas roulé et on a eu beau suivre les cours de « rigolade intense » de coach Farid (coucou au GASC de Chantilly !!), il n’y a que rouler sur un vélo de 40 kg qui prépare à rouler sur un vélo de 40 kg.
Pendant le trajet, j’arrêtais pas de confondre Lavagna avec Lasagna et ça m’a donné faim. Du coup, on s’est fait un resto. Trop crevés pour sortir le réchaud et manger parterre. Mais point de lasagne ici, c’est pizza pizza pizza. Alors va pour une pizza. Très bonne et moitié moins cher qu’en France. En revanche, leur tiramitsu n’arrive pas à la cheville de celui d’Ophélie.
Sinon, en vrac :
– Les Italiens sont beaucoup moins volubiles qu’on ne pensait : pas de klaxon, pas de « mama mia », pas du tout curieux de nos vélos. On passe inaperçu.
– Le traffic est intense, partout, tout le temps. Ils nous doublent de prêt mais on ne se sent pas en danger bizarrement. On sent qu’ils sont attentifs tout de même. Mais en fin d’étape, on a quand même envie de bruler 1 ou 2 bagnoles. Comme ça, pour se détendre.
– Les campings sont vraiment moches et chers (20€ en moyenne). Si Lidl se lançait dans le camping, ça ressemblerait à ça. Heureusement qu’on est en basse saison.
– La langue italienne est beaucoup trop proche de l’espagnol pour qu’on ne s’emmêle pas les pinceaux. Du coup on parle espagnol. Alors ils nous demandent si on est espagnol, on répond qu’on est français et puis on parle anglais. On fait quand même des efforts pour faire bonne figure.
– On n’aura jamais le temps de gouter toutes les bonnes choses de ce pays. C’est un peu comme la France, presque chaque ville est le nom d’une spécialité, d’un fromage, d’un vin ou d’une pizza.
La suite bientôt avec une courte traversée des Apennins, un séjour 4 étoiles à Modena et une ligne droite pour Venise. Désolé pour le retard, on se met dans le rythme pour l’instant.