Chaleur, giclette et cannes à sucre

J 302 à 314 / de Chiang Mai aux portes du Cambodge / Fin de la Thaïlande

  • du 31/01 au 12/02/2017
  • 13 jours dont 11 sur les vélos
  • 1040 km et 3850 m de D+

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On idéalise un peu le voyage à vélo dès qu’on passe du temps loin de ce dernier. On oublie les moments durs, et heureusement sinon Ophélie n’aurait jamais voulu refaire un long voyage !! Donc un grand merci à la mémoire sélective.

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Donc, après 1 mois de vacance ludico-lapino-resto, on a très hâte de reprendre notre parenthèse nomade. Cependant, on ne dort pas très bien avant le départ, comme si notre inconscient essayait de nous envoyer des messages du genre :

  • « Vos vélos sont méga lourds
  • il va faire méga chaud
  • vous n’avez plus rien dans les jambes bande de petites crottes
  • monter la tente, gonfler les matelas, cuisiner au réchaud, replier la tente… pffffff, vous kiffez vraiment ça ?
  • les routes vont être monotones, c’est trop nul »

On se lève quand même, effaçant ces sombres idées en retrouvant la routine et nos vélos. Le Responsable d’Expédition s’est transformé en usine à morve ambulante, ça fait très bizarre d’être enrhumé sous les cocotiers, un peu comme avoir la malaria au Groenland. Je me dis que ça va vite passer, que je vais vaincre ce rhume à coup de pédale, mais je sèmerais des petits bouts de moi pendant 9 jours.

Et c’est parti pour 1000 km pour atteindre le Cambodge. L’inconscient avait raison :

  • les vélos nous paraissent très lourds. Serait-ce dû aux 2 kg de pâté et rillettes en conserve, à la nouvelle tente accusant 1 kg de plus, aux 2 pots de confitures Bonne Maman, aux 1,5 kg de pomme de terre, aux gros flacons de gel douche et lait hydratant à la vanille de Bourbon offerts par Lapin 2 ?
  • Les jambes sont fébriles. Bon, à la base, on n’est déjà pas des cyclistes puissants mais là on est au niveau de Richard Virenque. Quand il avait 5 ans.

Bref, on n’a pas la giclette.

Rigolez pas, c’est vraiment un terme cycliste. Je l’ai lu une fois dans une revue, du genre où y’a que des vélos en plastique carbone qui font bobo aux fesses, où les gars portent des trucs moulants avec des noms de banque dessus et où ils font des grands comparatifs entre des tiges de selle profilées hors de prix. Du sérieux quoi, du vrai vélo. Le titre de l’article c’était  » Comment retrouver la giclette ? »


giclette \ féminin

  1. (Cyclisme) Avancée soudaine et rapide, action de prendre de l’avant
    • « Dis papa, c’est quoi une giclette ? – Tu vois, ce coureur. Eh bien, il a beau rouler vite dans le col de la Colombière, ses copains sont toujours dans sa roue. Alors que l’autre, avec son maillot jaune, en deux coups de pédale, il assomme tout le monde. C’est ça, une giclette. — (L’Express, 22 juillet 2009)

 

Faut imaginer les discussions entre les coursiers le dimanche matin. Ballade tranquille à 38 km/h de moyenne, nord de l’Oise, mi-janvier, -8°C, que du plaisir :

  • Salut Jack, ça roule ?
  • Salut Daniels, bof, j’suis mou en ce moment, j’ai pas la giclette. Et toi ?
  • Moi ? je giclette à mort !! J’appuie un peu et ça part d’un coup ! Par contre ma nouvelle selle titane/carbone me ruine les fesses, j’ai l’impression d’avoir le cul en choux-fleur. Faudrait peut-être que je remette l’ancienne mais elle fait 17 grammes de plus, une enclume !
  • Je te mettrais de la crème ce soir et tu m’expliqueras comment retrouver la giclette, d’accord ?
  • Ouais, génial ! Bon, j’te laisse ma couille, j’ai une montée de giclette là !
  • Vas-y, envoie la purée !

 

On sort de Chiang Mai par des petites routes mais devons ensuite prendre un plus gros axe. En début d’après-midi, le thermomètre dépasse les 30°C et on passe plus d’une 1h30 à grimper vent de face en compagnie de plein de camions. Un régal. La morve coule à flot, mes nouvelles chaussures de vélo me font un mal de chien, la reprise est rude.img_0172

Après la descente, on arrive finalement assez tôt chez Wichai, hôte warmshower contacté la veille. On est bien content d’être au frais et de pouvoir discuter avec lui en anglais, en buvant des litres d’eau.img_0177

Il n’a pas l’air d’avoir prévu de nous faire à manger mais c’est pas grave car on prend d’assaut sa cuisine pour lancer une opération patates, celles que j’ai trimballé toute la journée, avec la poêle toute neuve qu’on a acheté exprès pour ça. Fini la vaillante poêle inox de camping qu’on a cabossé si longtemps, on est passé au niveau au-dessus : 28 cm, bords hauts et revêtement anti-adhésif qui donne le cancer. La même que chez vous en fait, j’ai juste dû découper un bout du manche pour qu’elle rentre dans la sacoche. A nous les patates sautées, les crêpes et les œufs au plat qui n’accrochent pas !

On se fait un super repas français avec de la salade verte, du saucisson (merci Maman mais il commençait à avoir des champignons) et des yaourts trouvés à la superette d’à côté. Wichai apprécie, certainement plus le geste que les saveurs, très fades pour son palais Thaï.

Après une bonne nuit, on reprend les vélos pour une étape monstrueuse. Grimpettes, chaleur, rhume, la totale. Ophélie prend la tête dans les côtes, zéro giclette le Fred. Le soir, on tente timidement de camper dans un temple, mais c’est un site touristique payant et on se fait refouler pour la 1ere fois. Attention le Bouddhisme ! T’es la seule religion pour laquelle j’ai un semblant de respect, ne gâche pas tout ! Premier et dernier avertissement !img_0191

On continue un peu et nous écroulons dans un gouèstouze, tant mieux, pas la force de camper ce soir de toute façon. Il m’en reste juste un peu pour faire chauffer un super rosty tout prêt sur notre poêle 2.0 et étaler des rillettes de canard sur du pain de mie. Elles ont chauffé toute la journée dans les sacoches, faut avoir faim.

Le lendemain, on décide de ne rouler que le matin et posons les sacoches dans la grande ville suivante pour un après-midi de repos. Ophélie est contente, y’a des machines à laver juste à côté de l’hôtel. Fred est content, y’a la climatisation et un p’tit dej’ à volonté. J’aurais 3 fois de la volonté pour le délicieux porridge thaï (soupe de riz avec un peu de viande, des herbes, de l’ail séchée et de la sauce soja).img_0195

On enchaîne ensuite avec une longue étape ultra plate. Pas de difficulté hormis ce soleil de plomb et les 35°C à l’ombre. Ophélie fait une énorme crise d’urticaire aux cuisses qui nous oblige à faire une nouvelle nuit dans une guesthouse. Soirée bière – biafine, hydratation du corps, apaisement de la peau. Et vice-versa.

Ophélie – 3 février 2017 – 17h36 – sur facebook :  » Oh regarde, y’a un oiseau qui fait du snowboard sur un couvercle de margarine ! »

Début d’hypoglycémie suite à une étape caniculaire, je ne sanctionne pas. Mais j’aurais dû.

Le lendemain, on vise la prochaine grande ville à 130 km. Les paysages sont assez monotones depuis qu’on a quitté Chiang Mai, rizières, palmiers et cannes à sucre, donc on trace. Il n’y a rien d’autre à faire que de rouler, la chaleur n’invitant pas à prendre son temps et à flâner. Ça peut paraître sans intérêt mais on prend de plus en plus de plaisir à enchaîner ces étapes, on accepte l’ennui, on s’habitue à la chaleur, la route nous hypnotise, les bornes défilent, on pédale, on avance, on voyage. La giclette revient !

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Sur la route, on croise avec joie un camion vendant du jus de canne à sucre frais. A tomber par terre. Mieux qu’un coca, et moins cher. Nous sommes en pleine période de récolte, nous en croiserons beaucoup par la suite. Très bon pour la giclette.

Durant cette pause, Ophélie finit un vieux tube de crème solaire et entame celui que nous a laissé ma mère : une crème bio sans nano-particules et qui ne tue pas les petits poissons dans l’eau. Elle laisse sur la peau une belle couche blanche tirant sur le violet, magnifique, Ophélie ressemble à un vampire de Twilight.img_0203

Au bout de 135 km, nous sommes à Nakhon Sawan, il est assez tôt et on fait le tour des guesthouses. On compte y rester 2 nuits pour souffler, donc on fait les fines bouches. Mais la ville est moche, trop grande, les guesthouses n’ont pas de charme et sont chers. On passe devant une boîte de nuit au nom poétique : « Bitch ». Allé, zou, on se casse et poussons jusqu’au bled suivant. Paf, nouveau record pour ce voyage avec 147 km au compteur, un grand merci au vent dans le dos.

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Ophélie nous trouve un logement charmant dans une petite ville-rue comme on aime. Petit déj’ inclus, machine à laver juste à côté, marché de fruits et légumes le matin, au top.

On passe la journée au frais, loin de ce soleil brutal. On est en forme, on repart le lendemain. Sauf qu’au matin, Ophélie a mal à la gorges =====>>> ALERTE !! ALERTE !! Elle soupçonne un début de sinusite. Si c’est ça, elle risque d’être cloué au lit pendant 3 jours façon Exorciste, avec des mouchoirs partout autour d’elle et une tête de cadavre m’accusant de lui avoir refiler mon rhume, en pire. On décide donc de rester une nuit de plus et Ophélie tape dans la boîte de médicament pour enrayer tout ça rapidement. Et ça marche, ça va mieux le lendemain, on peut repartir. C’était sûrement la climatisation qui lui avait chatouiller les sinus. Les Thaï ont la bonne idée de bâtir des habitations aux toits de tôles surchauffés, avec des fenêtres ne s’ouvrant pas et sans même un ventilateur. Donc obligé de faire tourner la climatisation.

On enchaîne ensuite des étapes assez semblables : route, chaleur et cannes à sucre, toujours.

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On ne se moque pas du chapeau svp

On passe 2 nuits en tente dans des temples. Dans le 1er, les moines se montrent très curieux et nous posent plein de question avec leurs quelques mots d’anglais. On leur montre les cartes, le parcours, le réchaud… Et pendant toute la soirée, ils viendront nous apporter des trucs qu’on refusera en vain : pack d’eau, coca, lait de soja en poudre, nouilles chinoises, papier WC… On laissera tout avec un petit billet en repartant le matin (sauf le coca et le PQ, faut pas déconner).

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Dans le second, les moines sont distants et mornes. Il fait une chaleur à crever, on a eu du 37°C à l’ombre sur la route (sans ombre) et il fait toujours 33°C quand le soleil se couche, avec un vent brûlant. Même l’eau des sanitaires est chaude. Les toilettes de ce temples sont les plus glauques qu’on ait vu.

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Vous vous dites sûrement « bah non, ça va, c’est plutôt propre et y’a même un chien qui fait dodo ». Sauf que le chien est mort et je crois m’y connaitre assez en bête crevée pour dire que c’est super récent. Mort de chaud le clebs ! Pas étonnant ! Ça tapait tellement ce jour là qu’une rustine de la roue avant d’Ophélie s’est décollée ! Un drame (je parle de la rustine).

Ah, au fait, en parlant de chien. On a croisé le plus obéissant du monde, celui qui donne vraiment la papatte quand on lui demande. Entièrement.img_0182

J’ai la photo du reste du corps mais c’est vraiment hard. Je veux bien la mettre en ligne seulement si 10 followers différents me le demandent.

On ne dort pas bien avec cette chaleur  et stoppons le lendemain dans un motel dès 14h après 70 km, Ophélie est KO. Les Thaï sont toujours adorables sur la route, on nous offre des bouteilles d’eau fraîche, des biscuits et des bananes. La crème solaire d’Ophélie attire la pitié, c’est génial.

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Levé de soleil. Il fera 30°C dès 9h

Après une autre nuit en temple et une en guesthouse, voici déjà notre dernière étape en Thaïlande. Le pays nous retient, pas seulement à cause du vent de face qu’on se prend depuis 3 jours. On sait que ça sera moins confortable ensuite, car ce pays offre beaucoup de choses rendant le voyage à vélo facile :

  • des cafés partout. On avait pris l’habitude de s’arrêter vers 10-11h pour un café noir pour Ophélie et un café Fast & Furious pour moi, qu’on pourrait renommer café giclette du coup, la garantie d’une patate d’enfer pendant 20 à 30 km. La recette : 3 càc de Nescafé, du sirop de canne, du lait concentré sucré, un peu d’eau et plein de glaçons. Une fois avalé, faut vite se mettre à pédaler pour éviter la crise d’épilepsie.img_0224
  • des distributeurs d’eau filtrée partout permettant de faire le plein pour quelques centimes
  • des restaurants partout, ouverts du levé au coucher du soleil. Prix moyen : 2 à 3 € pour nous deux avec des boissons.
  • des gens gentils, souriants, serviables, honnêtes. Comme dans la grande majorité des pays finalement, mais en +++.
  • Et les temples évidemment. Très nombreux, accueillants, souvent très jolis, parfaits pour camper au calme après une bonne douche. On s’endort bien au son des prières bouddhistes. Un peu moins quand leurs sales clébards hurlent à la lune.
  • De nombreuses guesthouses, mais pas données tout de même (entre 7 et 14 € pour 2 sans petit dej généralement). Certains disent qu’il n’est pas nécessaire de trimballer une tente, des matelas et un réchaud en Asie du sud-est; nous ne sommes pas de cet avis.

Donc dernière étape, nous sommes très content d’avoir passé tant de temps dans ce beau pays, on ne pensait pas s’y plaire autant. C’était pas la grande aventure des « stan » mais c’était chouette. Le vent souffle très fort aujourd’hui et rend notre étape pénible, même si les paysages sont bien plus sympa qu’auparavant.

Le soir, on a à cœur de finir notre séjour dans ce pays comme il a commencé : dans un temple. Et on en trouve un magnifique avec une pelouse de rêve.

img_0261Les moines font leur prières, les chiens se taisent, on se fait une bonne omelette dans la poêle magique, la température chute à 15°C pendant la nuit et nous sommes réveillés en douceur par la cloche de 6h15.

Le Cambodge est à 20 km et on a une patate d’enfer qui nous fera avaler 143 km le lendemain. Giclette’s power !!!p1110745

A bientôt pour la suite.

Dernier petit point : le Marathon Plus, c’est de la daube. Celui d’Ophélie a lâché au bout de 11500 km à cause de la carcasse interne qui se détériorait et formait une hernie. Et le mien vient de lâcher également 1000 km plus tard à cause des flancs qui se déchiraient lentement. Dommage, les bandes de roulement étaient nickels et pouvaient tenir facilement 20 000 km.

D’expérience, les Marathon classiques durent plus longtemps et ne crèvent pas plus, tout en étant plus légers et beaucoup moins chers.

Voilà, tout le monde s’en fout mais ça me fait du bien de l’écrire.

PanarLapinade en Thaïlande

J 272 à J 300 / Vacances Thaï / pas de vélo

Pour commencer, un grand merci pour les nombreux commentaires et e-mails reçus suite à l’article précédent, ça te requinque un cyclo, encore mieux qu’un riz-poulet-coca. Ce qui ressort des ces gentils mots, corrigez-moi si je me trompe, c’est  » changez rien, continuez comme ça ! ».

D’accord

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2017, l’éclate totale, on va en prendre plein les yeux.

Les Lapins nous ont donc rejoint ici à Chiang Mai pour 4 semaines de vacances, vacances n’étant pas vraiment le bon terme lorsqu’il se réfère à deux démissionnaires en vadrouille, une demi-retraitée et une toute nouvelle retraitée. Ceux qui n’ont pas suivi la 1ere saison de ce blog et qui ne sont pas allés vomir après avoir vu la photo ci-dessus de Kiki VS Tuktuk se demandent que sont ces fameux Lapins ?

  • Lapin 1 = Maman de Fred, la demi-retraitée. Toujours au taquet, enthousiaste, gentille, résistante, rustique, aimante. Un peu un labrador. Le labrador de Mike Horn.
  • Lapin 2 = Marie-Andrée, la toute nouvelle retraitée, amie d’enfance de Lapin 1. Partante pour tout mais en moins casse-cou que Lapin 1. Souriante, facile à vivre, dynamique, accroc du shopping. La Christina Cordula de Clermont-Ferrand.

Je n’ai mis que des qualités, j’suis sympa. Je mets de côté leurs capacités linguistiques, leur naïveté désarmante et leur « j’en ai un peu marre du riz » au bout de 3 jours en Thaïlande et leur « faut absolument que j’trouve un p’tit souvenir à acheter pour l’amie du cousin de l’oncle de l’ancienne secrétaire du notaire de ma nièce ».

En 2013, elles nous avaient rejoint à Cuzco pour 2 semaines pendant lesquels elles avaient vu la mort en face sur un trek, été en manque de pain-fromage au bout d’une demi-journée et acheté 2 ou 3 souvenirs sur les marchés artisanaux. A peine de quoi remplir une valise.

Voilà le topo, place au récit. Je préviens, y’a pas de vélo et c’est super long. Mais c’est vachement mieux que Plus belle la vie.

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Lapin 2 (à droite, terrorisée) m’avait fait promettre de ne pas mettre cette photo. Oups.

L’invasion des Lapinos dans le monde tranquille des Panardos.

Tous les passagers ont débarqué, le hall des arrivées se vide et on est comme des cons avec la belle pancarte dessinée par Ophélie. On n’est pas trop inquiet pour les lapins mais on balise à mort pour les rillettes, les pâtés, les saucissons et le matos qu’elles nous amènent, pourvu qu’il ne leur soit rien arrivé. Au guichet de la compagnie, elles sont inconnues… bizarre… j’apprendrais plus tard qu’elles se sont fait enregistrer avec leurs noms de jeune fille, les malignes, elles voyagent en mode couguar.

On se retrouve obligé de contacter le QG (mon père, dans son lit, 4h du matin pour lui) pour débusquer les lapins. Fichtre, elles étaient tout simplement à 200m, en train de poireauter dans le hall des arrivées internationales. Comme elles faisaient escale à Bangkok, on pensait qu’elles arriveraient côté domestique. C’était bien la peine de faire 3 ans d’étude en transport-logistique, heureusement que c’était en alternance avec tennis-playstation sinon j’aurais l’impression d’avoir perdu mon temps.

Je salue brièvement ma génitrice et sa cop’s Marie-Andrée et prend le commandement des opérations pendant qu’Ophélie fait le debrief de 9 mois de voyage avec un tyran hyper bogosse. Non je plaisante, je fais le gentil avec ma maman car les rillettes sont dans sa valise. Et puis, quand on est en dehors du vélo-bivouac-réchaud-crevaison, je ne suis plus le chef de rien du tout et je me laisse guider comme un mouton vers l’abattoir. Oui, car la perspective de 4 semaines sans vélo est comme une petite mort pour moi. Ophélie le vit bien, la traîtresse. Elle est même contente !

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On se console comme on peut

Ah oui, on avait prévu de faire pédaler les lapins mais on a abandonné l’idée finalement, trop compliqué, trop dangereux, trop fatiguant, trop panardos. Je ne sais pas ce que veut dire « trop panardos » mais je trouve que ça sonne bien.


Extrait du journal de bord de Lapin 1 (alias Calamity Mum, alias Génitrice) :

«  Ô quelle aventure déjà ! A peine débarquées qu’on est paumé et à l’abandon ! On patiente en admirant le parking de l’aéroport et les nombreux véhicules allant et venant. Avec ma cop’s on n’a pas l’habitude de tout ça, on a grandi en Auvergne et on avait 15 ans la première fois qu’on a vu du béton. Et quel chambardement quand la 1ere voiture a traversé la Comté juste après mes 17 ans ! Les gens courraient et criaient de partout, croyant le jugement dernier arrivé ! Olala, on s’était vite réfugié dans notre hutte sur les Coteaux du Lointain et seul les sacrifices de 8 chouettes et 3 bergers allemands avait pu nous calmer ! Crévindieu, c’était l’bon vieux temps. Faut quand même se rappeler qu’en ce temps là, des enfants s’appelaient Jean-Jacques, Albert, Geneviève ou Georges. Quelques Pierrot également.

Mes enfants ne se rendent pas compte des différences qu’il y avait à notre époque et ils se moquent beaucoup de moi. Ils disent souvent que je commençais à peine à savoir me servir du magnétoscope quand le lecteur DVD a débarqué. Je reconnais que j’ai eu également beaucoup de mal au début avec le lecteur DVD, les cassettes étaient si difficiles à insérer dans cette petite fente ! J’étais si frustrée de ne plus pouvoir visionner mes films préférés, ceux avec Nicolas Cage.

Bref, cher journal, je m’égare en ressassant ce passé lointain. Place au présent !

Au bout d’une heure d’attente, une hôtesse de l’air canon et un agent de sécurité athlétique et bronzé viennent à notre rencontre. Je prend les devant, il est temps que mes cours d’anglais servent à quelque-chose. Louise-Mauricette recule, impressionnée :

  • « Ailo ! Plize, we have lost ! Do you are where is I am ? I cherche maille son ? He is a panardos with funny bicyclette ! Very strong ! Many dead animals !
  • C’est nous maman… »

A ce moment là, le temps s’est ralenti quand, dans un geste d’une parfaite synchronité… synchronocité…synchronomiase… oh flûte j’en oublie mon latin, bref en même temps, ils ôtent leurs lunettes de soleil, révélant pour l’un un regard aussi bleu que moqueur et pour l’autre le bronzage type raton-laveur. J’en tombe à genoux. »


Nous rejoignons la guesthouse et passons une semaine tranquille à Chiang Mai. Ma mère prononce « guestouze », c’est très marrant. Encore plus quand Renée-Claude l’a reprend en disant « gouèste-house ». Je leur dit qu’elle peuvent dire « maison d’hôte » à la place mais elles s’obstinent : «  Non ! on dit comme c’est qu’on veut et gouèstouze, ça fait plus jeune ! Bon, on va prendre un verre, c’est l’happy hour ! ». Prière de lire Api Ourre.img_9246

Les Lapins prennent leurs marques et s’acclimatent rapidement à la différence de température grâce aux 50 kg de robes d’été, pantalons légers et petits top qu’elles ont réussi à caser entre les pots de rillettes et les chambres à air. Ophélie joue les tours opérateur en organisant la suite du séjour : visite des temples, massages de la douleur, shopping, cours de cuisine Thaï. Excellent ce cours, le mec parlait comme l’asiatique dans Very Bad Trip.

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38.000 km de belles ballades sur les dos d’ânes et les nids-de-poules. Repose en paix mon pote

Moi, la priorité, c’est les vélos et je passe une journée complète à les remettre à neuf avec un coup de main du bouclard d’à côté pour changer mon moyeu et les cassettes. Quel bonheur de retrouver Compteurinou et un rétroviseur qui permet de voir derrière. Un rétroviseur instable permettant de voir par terre ou sa gueule en gros plan n’est pas très utile en fait. Hop, une nouvelle guidoline sur les poignées, un pneu avant neuf pour Ophélie et les tanks sont prêts à bouffer du kilomètre ! Alléluia ! Courage Fred, plus que 3 semaines et demi de vacances insupportables avec les Spice-Girl dans un pays de rêve où on mange pas trop mal ! Tu vas t’en sortir, tiens bon !


«  Cher journal, je sens mon fils fatigué depuis notre arrivée. Il ne l’avoue pas mais on voit bien à sa démarche de cowboy arthritique qu’une semaine de repos fera du bien à ses rotules enflammées. Mais il a vraiment un comportement étrange parfois. La nuit dernière, sortant me rouler un méga joint sous les étoiles, je l’ai trouvé nu, en position fœtal, dormant au pied de son vélo. Je suis restée à distance mais tout de même assez près pour voir qu’il s’était mis du cambouis sur le visage et qu’il tenait contre sa bouche, tel un doudou, son t-shirt fétiche, le bleu, celui qui garde cette odeur atroce même après une lessive.

Et je n’étais pas au bout de mes surprises car, juste à côté, il avait monté un espèce d’autel composé d’une bougie, d’une photo d’animal mort ( un cheval je crois mais c’était difficile à reconnaître car il manquait des morceaux) et d’une tresse de yak immonde, on aurait dit des poils pubiens. Brrrr, j’en tremble encore !

Je me suis approchée doucement, le tazer dans une main, un bâton dans l’autre. Toujours se méfier d’un chien aux abois. Mon Dieu, mais qu’est-ce qu’il tient dans sa main, tout contre lui ? Mais…mais…mais, on dirait un bol de flocon d’avoine ?? Et là, plus bas, qu’est-ce que… »

Je coupe l’extrait ici, le passage où elle aperçoit un bout de la pompe à vélo est vraiment trop affreux. Ça n’a pas sa place sur un blog classieux.

On reprend

«  Je le secoue doucement, du bout du bâton, il me fait très peur. Et là, d’un coup, il se lève et crie «  Debout Ophélie, départ dans 5 minutes ! Plie tes affaires pendant que j’fais chauffer l’eau, on fait une étape de warrior aujourd’hui et t’as intérêt à… ». J’ai dû tazer mon propre fils. Y’avait du porridge partout et je n’ai pas osé ramassé la pompe à vélo ».


On passe donc une semaine de vacance très sereine à Chiang Mai. On prend nos p’tites habitudes et avons notre table dans un resto loin du coin touristique => meilleur et pas cher, gros like des Panardos.

Ensuite, c’est mission Koh Lanta. Comptez pas sur moi pour faire des vannes rapport à l’émission. Avec Ophélie, on a eu regardé des programmes de neuneus, mais on a pas poussé jusque-là quand même, donc on ne connaît pas vraiment.

C’est souvent un truc qui ressortait quand, en 2013, on commençait à parler de notre futur voyage aux Amériques, à vélo, en autonomie, avec une tente, une casserole, du PQ, sans douche et tout et tout : «  Oh, vous faites Koh Lanta ! ». Quand on a dit qu’on partait vers la Chine : « Oh, vous faites Pékin Express ? C tro Bi1 lol ! ». C’est quand même triste que ces 2 émissions (de merde) représentent le summum de l’aventure, du voyage et de l’exotisme.

M’enfin, comme disait Patrick Le Lay en 2004 quand il était PDG de TF1 : « « Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective business, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c’est d’aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or, pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible. »

Koh Lanta est une île au sud de Bangkok, pour y aller, c’est soit 1h45 d’avion + 3h de bateau soit 13h de train de nuit + 4h d’un autre train + 1 heure de bus + 3h de bateau, le tout pour un prix équivalent. Pour les Panardos, l’avion c’est niet, alors les Lapinos, ils sont pas bien rassurés et on doit les convaincre que voyager plus lentement, sans lâcher 20 tonnes de CO2, sans compliquer un peu plus l’avenir des générations futurs, c’est vachement bien.

Alors on commence par le train.


«  Cher journal,

Ô quelle aventure ! On voyage en train avec le petit peuple, c’est formidable ! J’adore les prolos, ça sent pas si mauvais finalement. Il y a des petites couchettes avec des rideaux qu’on peut tirer pour s’isoler et faire les choses qu’une femme a à faire avant de se coucher : enlever son sonotone et ses bas anti-varice, changer le polydent et mettre son pyjama en pilou-pilou motif zèbre. A côté et en dessous de moi, il y a 3 autres couchettes occupées par des gens qui me font très peur : ils sont musulmans, portent des habits traditionnels, font leurs prières dans le couloir et portent des longues barbes. Ils ne fait donc aucun doute qu’ils sont des terroristes. Je le sais, je regarde BFM TV. Je demande donc à mon Fredounet de changer de place avec lui, il a passé du temps chez eux, il saura les convaincre de ne pas faire exploser le wagon. »


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Le train est génial, pittoresque, des repas copieux et pas beaucoup plus chers que dans la vraie vie nous sont servis et les couchettes sont rapidement dépliées par un agent. On passe une très bonne nuit dans nos petites cabanes et descendons presque à regret tôt le matin à Bangkok. Les Lapins sont enchantés, pari gagné.

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Là, on était censé enchaîner avec un autre train pour le sud mais la ligne est toujours fermée à cause d’importantes inondations. On déclenche le plan B.

  • Fred : « Ophélie, Plan B ! »
  • Ophélie : «  Quel plan B ? »
  • Bah l’autre !
  • Y’en a pas
  • Quoi ? On a rien prévu ?
  • Rien

Faut qu’on improvise, à la Snake Plissken

On demande à la nana du guichet : «  Bus for Koh Lanta ? », elle répond « no, I think no bus ». Oulala, le plan plage paradisiaque commence à sentir l’échec. On sent le regard des 2 Lapins sur notre dos, ce regard qui dit qu’on aurait mieux fait de prendre l’avion, qu’on serait déjà en maillot de bain et nianiania… cocktails… nianiania… on n’a plus 20 ans… nianiania… l’aéroport ne doit pas être loin… nianiania… je mangerais bien du St Nectaire…

On sort de là et cherchons une gare de bus aux alentours. Y’a rien à part des bus de ville, échec. Ok, on allume le smartphone pour nous sauver. Ophélie cherche pendant qu’on admire Bangkok, oh comme c’est beau tout ce béton et ce trafic routier ! C’est quoi qui flotte dans l’eau du canal ?

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Il faisait plus de 3m de long

Gare de bus repérée, à l’ouest de la ville. On prend un taxi, très bon marché à Bangkok, et fonçons nous renseigner aux agences de bus. Un charmant… heu… une charmante jeune femme à moustache (« pssstt, Maman, regarde, c’est ça un lady-boy ») nous rancarde : il y a bien des bus pour le sud du pays, la route a subi des inondations, 3 ou 4h de bouchons maximum, prochain départ à 19h.

img_9385On laisse nos sacs à la consigne et mettons à profit ce temps d’attente pour faire un tour en ville et dans ses canaux. Perso, à part les nombreux varans aperçus sur les berges et la tête de Paul-Mauricette devant une soupe d’intestins de porc, y’a pas grand-chose que j’ai apprécié. C’est une très grande ville avec beaucoup de circulation. Il faut probablement y passer plusieurs jours pour commencer à y trouver du charme. Ou alors aller directement dans le quartier des putes. Oui, ce blog est vulgaire.

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19h, nous sommes dans le bus VIP. De bons sièges bien larges et très inclinables, une climatisation efficace, des petites couvertures et des collations offertes. Pas de musique, pas de cassos, pas d’enfants chinois qui te fixent des yeux et te jettent des bouts de nourriture, pas de chinois tout court. Les Lapins se détendent, cette nuit dans un bus ne sera pas si terrible. Demain après-midi, on sera à Koh Lanta ! Nan, franchement, c’est vachement mieux que l’avion, merci les enfants, quelle aventure !

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Ô oui quelle aventure quand on apprend qu’un pont a été emporté par les eaux et que les «  3 ou 4 heures de bouchons maximum » sont largement dépassées puisqu’on reste bloqué pendant… 20 heures !! La tête des Lapins quand elles ont commencé à comprendre qu’on allait passer une 2eme nuit dans le bus, excellent ! Leurs rêves de shampoing s’envolaient. Une nuit, ok c’était sympa, mais 2… on n’est plus en mai 68, crotte !

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je vous rassure, les écrans LCD ne marchaient pas. C’était juste là pour gêner.

Mais ça se passe bien, le moral est bon, ça ne sent pas trop le poney et on rigole. On descend du bus pour aller acheter des brochettes de saucisse dans une gargote, puis au 7-Eleven du coin pour des yaourts et de l’eau, puis une autre gargote de bord de route pour du riz-poulet. Dans le bus, tout le monde est zen, les Thaï sont ultra-cools, personne ne râle, c’est la vie, c’est chouette, c’est mieux qu’un triste et aseptisé trajet en avion. Et même quand on réveille les lapins à 1h du mat’ pour débarquer dans un bled assez glauque, elles rigolent en traînant leurs valisettes.

On se trouve facilement une gouèstouze et piquons un roupillon, après un bon shampoing.

Oh bordel comme c’est dure de raconter autre chose que du voyage à vélo. Ophélie, prend le relais stp ! Moi j’en peux plus !

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Krabi, petit bled agréable

Le matin nous rejoignons le port de Krabi et 3 heures de bateau nous mènent sous le soleil de l’île de Koh Lanta. Elle est sympa cette île. Il n’y a pas trop de touristes, surtout lorsque l’on se dirige plus au sud, seulement quelque très discrètes « full moon party ». On se dégote une petite guesthouse bien sympatoche en négociant les prix avec petit déj compris. Trop bien !!!

Première baignade le jour de notre arrivée. Les lapinos sont contents et l’angoisse des transports s’est envolée.

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Sur Koh Lanta, on loue 2 scooters pour se déplacer. On y restera 6 jours en alternant ballade le matin, baignade l’après midi et cocktails le soir. Les deux pilotes sont moi et Fred. Oui, on n’a pas envie de mourir donc on préfère conduire ! On est surtout habitué à la conduite à gauche.img_9480

On a visité des grottes (2h à l’intérieur) avec des passages étroits et des échelles en bambou un peu raide. Notre Marie-Paule-Chantalia était à l’affût des araignées mais on en croisera qu’une seule à la sortie. On étaient tous sales et remplis de terre glaise en sortant en mode « combat de boue ».

Lapin 1, lors d’une sortie en kayak : « Regarde Marie-Andrée, on fait bander le singe ! Y’a encore de l’espoir, on n’est pas complètement foutu ! »

Sur l’île, il y a plein d’excursion possible à faire, mais on décidera de n’en faire qu’une seule : visite à la journée de l’île de Ko Rok avec plongée masque et tuba.

Jeanne-Simone restera avec moi sur la plage de Ko Rok pour se baigner et regarder les poissons sous l’eau . Et oui, après la phobie des araignées de Lapin 2, il y a la mienne : l’eau !!!! Quand on y pense, quelle idée stupide j’ai eu de venir sur une île moi qui ne sait pas bien nager et qui a peur de l’eau !

Pendant ce temps, Fred et sa génitrice iront avec le reste du groupe faire trempette dans 2 spots de plongée. On passera tous une super journée. Même le Responsable d’Expédition appréciera ces vacances à Koh Lanta et regrettera la mer une fois de retour à Chiang Mai (chut !! c’est un secret !)

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C’est vrai, j’ai adoré notre semaine à Koh Lanta, contre toute attente. C’est pas un coin pour les gros bourrins en quête d’alcool pas cher et de sexe tarifé. C’est très calme, les plages sont parfois désertes et la nature très bien préservée.

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Nous avons eu beaucoup de chance de passer entre les gouttes. Avant, c’était le déluge et ensuite la météo annonçait encore beaucoup de pluie. Bizarre, on est en saison sèche, la mousson se finit en octobre. Dérèglement climatique dû au réchauffement global ?

Ce qui nous amène à parler de l’avion, le plus gros émetteur de gaz à effet de serre. Ça faisait quelque-temps que je voulais aborder ça.

Attention, je vais être très chiant. RelouMan passe à l’action !


Voyager à vélo, c’est pas toujours écolo

Petit bilan carbone de notre voyage aux Amériques. Nous avons pris l’avion 3 fois mais, avec les escales, ça fait 7 vols. 7 décollages. 7 grosses giclées de kérosène.

  • Paris-Francfort = 0,21 T CO2
  • Francfort-Las Vegas = 2,03 T CO2
  • San Fransisco – Mexico city = 0,72 T CO2
  • Mexico – Lima = 1,22 T CO2
  • Lima – Cuzco = 0,26 CO2
  • Ushuaia – Buenos Aires = 1,1 T CO2
  • Buenos Aires – Madrid = 2,17 T CO2
  • TOTAL = 7,71 T CO2 par passager

Soit plus de 4 fois ce que la Terre peut supporter par personne par an pour stopper l’accroissement de l’effet de serre. Bon, j’ai utilisé le calculateur de l’ADEME, il est peut-être bien assez optimiste.

Donc, en gros, 16 T de CO2 émit par nos déplacements en avion lors de notre 1er voyage. C’est pas très parlant ce chiffre. Voyons donc ce que 16 T de CO2 représentent avec d’autres véhicules :

  • Environ 80 000 km au volant d’un bon vieux Doblo diesel
  • Environ 50 000 km au volant d’un gros 4×4
  • Environ 30 000 km aux guidon de 2 motos de belle cylindrée

Voilà, on peut bien se foutre de la tête des motards et des gros 4×4 qu’on croise sur notre route, ils polluent finalement beaucoup moins qu’un cyclo prenant l’avion.

On pouvait bien se foutre de la tête d’un Bush refusant de changer l’american way of life en ne signant pas un très timide accord de Kyoto, on ne vaut pas mieux.

C’est beau d’avoir des principes, manger bio et locale, se déplacer à vélo, consommer moins, isoler sa maison… C’est positif tout ça, c’est une belle démarche éco-citoyenne, c’est nécessaire, c’est évident, on se sent mieux dans sa tête et dans son corps. Mais quel sens ça a, où est la cohérence si derrière on prend l’avion pour ses petites ou grandes vacances ? C’est comme éteindre un feu puis en alimenter un autre, bien plus gros, à côté.img_9564

Dans ses prochaines rubriques, RelouMan aimerait parler des sujets suivants :

  • Thaïlande, le scandale. Encore moins de piétons qu’aux USA. Pas foutu de faire 3m sans un scooter
  • Macron, la blague. Des gens vont vraiment voter pour un banquier ?
  • Madoff, premier ministre de Macron. Pourquoi pas ? La réaction de Bernard Tapie
  • Le tatouage, symbole de la pensée unique ?

Pour rentrer de Koh Lanta, ça semble encore très compliqué. Les Lapins ont apprécié l’aller mais tout de même pas suffisamment pour remettre le couvert. Alors on leur prend des billets d’avion, BOOOUUUUHHHH !!! Krabi – Chiang Mai, direct, 1h45 de vol, une demi tonne de CO2 par passager, une balle dans la tête d’un ours blanc, un bout de glacier en moins dans les Alpes, un doigt d’honneur au futur de l’humanité.img_9738

Nous, on lâche rien, on veut faire ce voyage sans avion, on arrivera 2 jours plus tard. Par écologie, évidemment, mais aussi par cohérence avec notre mode de déplacement principal. Pour l’écologie, on en vient à penser que nous, le monde et ses dirigeants sommes bien trop cons et individualistes et continuerons à brûler tout le pétrole possible tant qu’il y en aura du pas trop cher. Et si c’est pas nous, ça sera les chinois, les indiens ou les brésiliens. La prise de conscience est trop lente, les lobbies bien trop puissants.img_9740

Mais c’est le bordel pour rentrer autrement, il y a encore cette histoire de pont provisoire qui créé un gros bouchon, risquant de nous faire rater un train dont les billets sont à retirer dans le centre de Bangkok, risquant d’arriver trop tard à Chiang Mai pour déposer une demande de visa avant que le consulat ne ferme quelques jours, risquant de gâcher les précieux jours de vacance restant avec les Lapinos. Plein de demi-raisons qui nous poussent à être faible et à prendre l’avion également. BOUUUUHHHH !!

Bon, c’est super rapide, on est à Chiang Mai en une demi-journée à peine. On s’est déplacé, on n’a pas voyagé. Mais on fera comme Yann Arthus-Bertrand, on compensera notre émission de carbone via un don pour se donner bonne conscience. 20 € la bonne conscience, ça va, c’est pas trop cher.

Si on devait compenser le 1er voyage, ça serait plus de 300 € !

De retour à Chiang Mai et après notre étape galère du dépôt de dossier pour le visa (oui, on sera obligé de refaire la photo de Fred ça n’allait pas selon leur standard) , on réfléchit à la suite du programme pour nos lapinos. On choisi d’aller à Pai et Mae Hong Son pour leur montrer les montagnes du Nord de la Thaïlande et finir par un trek de 2 jours pour rencontrer les éléphants.

Avec Fred, on commettra une erreur logistique de réserver un bus avec notre hôtel. Il mettra plus de temps pour aller à Pai que le bus classique qui ne met que 3h. On arrive de nuit et il y a beaucoup plus de monde que lorsque nous y étions en décembre dernier. On retourne à l’hôtel / bungalow / camping ou on a logé la première fois et arrivons à trouver un bungalow pour 4 . Beaucoup d’hôtels sont complets.

Nous restons à Pai le lendemain pour trouver deux scooters et visiter le marché de nuit. Les lapinos pratiqueront leur activité favorite : le shopping !

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On décolle le lendemain avec les deux scooters et prenons la route vers Mae Hong Son (à 100 km de Pai) que l’on fera en une seule étape. On y arrive crevé, on a tous mal aux dos, au cul et Christiane à le cou bloqué (en mode Robocop) depuis la plongée sous-marine de Ko Rok.

On fait le constat que le scooter, c’est pas pour nous. C’est horrible et très chiant. Je préfère dix fois plus le vélo même si c’est dur parfois. Il faudra que je me souvienne de cette phrase lorsque je me plaindrais la prochaine fois en vélo.

A Mae Hong Son, on trouve un hôtel sympa pour les lapinos. On y restera 2 jours pour prendre le temps de récupérer, aller au marché de nuit et accompagner nos auvergnates dans leur quête perpétuelle du shopping. On en profitera pour boire des cocktails, se baigner dans les sources d’eau chaudes et faire les meilleurs massages traditionnels de Thaïlande.

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On reprend ensuite la route direction Pai mais on coupe le trajet en deux étapes. Sur la route qui va à Soppong, on fera une pause pour voir le pont en bambou et on stoppe à la Jungle Guesthouse chez Da, qui nous reconnaît, 1 mois après notre premier passage. Une dame super gentille qui fait très bien la cuisine. Ses frites maisons sont presque du même niveau que celles de ma mère. Trop bon ! On prendra du curry rouge, un poulet aux cacahuètes et un apéro bière – chips autour d’un feu de camp. Les bungalows sont rudimentaires mais c’est calme et sympa. Notre Chantalia n’est pas trop rassurée côté araignée mais elle n’en trouvera pas. Pas contre, moi, j’ai du en tuer une énorme dans notre chambre !

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Le lendemain, on arrive en début d’après midi à Pai. On rend les scooters et prenons un bus qui mettra bien que 3h pour faire le trajet du retour. Elle est horrible cette route en mini-van, tu es à doigt de vomir si tu es au fond du van. Tu les sens bien les 1864 virages ! Surtout avec une touriste chinoise qui vomit dans un sac juste devant toi.

De retour à Chiang Mai, on retourne au consulat le 26/01 avant leur fermeture pour récupérer notre passeport et notre visa. On attend une heure et les récupérons enfin !!! Nous sommes trop contents.

On retrouve nos deux lapinos heureux avec des paquets sous les bras. Et oui, la fièvre acheteuse a encore frappé.

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Du vendredi 27/01 au samedi 28/01, on part tous les 4 en trek organisé pour faire différentes activités. Le 1re jour, on arrive à un camp d’éléphants. Ces derniers ont été récupérés auprès de paysans du coin ou de cirques. Les éléphants ont été beaucoup utilisé dans les forêts pour tracter des troncs d’arbres, travaillant péniblement plus de 10h par jour. Nous leur donnons à manger et les lavons dans la rivière. C’était vraiment sympa à faire. Ils sont très impressionnants.

Ensuite, on marche 3h sur des pentes très raides. On arrive dans un village ou on passera la nuit dans une sorte de cabane en bambou. Le trek est sympa et pour une fois, je suis en forme. Par contre, je le payerai au retour avec d’importantes courbatures.

Nos deux lapinos épatent tout le monde. Ils sont une pêche d’enfer même en côte. Ils mettront la pâté à une femme thaï de notre groupe qui finira la montée en moto taxi alors qu’elle n’a que 50 ans. Bravo los lapinos !!!

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Le 2ème jour, on marche deux heures pour se rendre à une cascade et on finit par une sorte de ballade en rivière sur un radeau en bambou. Puis, retour en fin d’après midi sur Chiang Mai.

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L’heure du départ a sonné pour nos petits Lapinos qui vont devoir retourner dans leur terriers en France. On profite de cette journée à Chiang Mai pour bourrer les valises, faire des massages thaï et prendre un dernier verre avant de les raccompagner à l’aéroport.img_0169

Merci à Lapin 1 alias Christiane et Lapin 2 alias Marie-Andrée de nous avoir supporté, d’être resté avec nous pendant ces 4 semaines. On s’est bien amusé et c’était super sympa ce mois de vacance.

Oui, je dois bien reconnaître que c’était chouette de retrouver nos petits lapins et de passer ce mois ensemble, même si la liberté et l’autonomie du vélo m’a beaucoup manqué au début et que j’ai eu du mal à me couler dans le bain du tourisme traditionnel. Et putain que ça fait mal au cul le scooter !

Mais Koh Lanta valait vraiment le détour, ainsi que – voix de fausset – passer du temps avec ma chère géni… heu maman. Maman, je ne t’en veux presque plus d’être né prématurément et d’avoir des tendons merdiques.

Voilà, on était censé repartir aujourd’hui, le 30 janvier. Mais depuis hier, j’ai la gorge en feu, le nez qui coule et une légère fièvre. Enfoirés de lapins ! Ils m’ont refilé la myxomatose !! Y’a eu trop de bisous à l’aéroport, j’aurais jamais dû me laisser faire !

On reste donc une journée de plus à Chiang Mai, ça laisse le temps de rédiger ce gros article et de préparer le parcours à venir. L’envie d’avancer n’a jamais été aussi forte.

A bientôt.

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