Les Pieds en France, des Pays-Bas à chez Béa via Ankara

Hé ouais les Loulous, nous voici en France, les beaux p’tits villages, les p’tites routes, les bars-tabac, les cheminées des centrales nucléaires, les boulangeries, les bagnoles omniprésentes, les clochers des églises, les pistes cyclables, les Terrailleurs, les chipolatas, les « bonjour », les marchés, tout ça tout ça. Ça fait du bien, c’est rassurant, c’est beau, c’est paisible, y’a des bouses de vache sur la route et des chômeurs qui grattent un Banco. On est dans les Ardennes, à Signy-l’Abbaye, ça ressemble à la France de Jean-Pierre Pernault. Y’a un truc dans l’air, c’est unique, c’est chez nous. Ça doit quand même voter FN à fond dans le coin, vaut mieux pas qu’on montre nos visas Iraniens.

Je suis assez content de cette petite introduction, aller, place au récit ! Avec les kilomètres, des photos des vélos, une bête crevée, des paysages, la route et des amis.

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  • 21/09/17  Assen – Kampen = 73 km
  • 22/09/17  Kampen – Amsterdam = 97 km
  • 23/09/17  Amsterdam = visite

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On repart d’Assen en forme après une journée et demi de repos. Enfin c’est ce qu’on croit au début puisqu’on se remet à se traîner comme des loques au bout de 30 km. Pour cette article, j’ai failli mettre comme titre « Les Pieds raplapla dans le plat pays », c’est dire. Le plat nous flingue les jambes, nous ne retrouverons la giclette que dans les premières côtes belges.

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des cèpes monstrueux aux pieds des chênes

Après une bien belle étape entre chênes et canaux, nous sommes accueillis chez Erwin et Carla, des warmshowers qui ne font pas de vélos mais aiment rencontrer des bogosses warriors de l’extrême voyageurs. Ils sont hyper sympas, on rigole bien (surtout après la bière et le Lambrusco) et ils ont une douche de malade, y’avait assez de place pour se laver avec les vélos, la tente et 3 poneys. Ophélie prépare un crumble, ça sent tellement bon que leur fille court chercher de la glace vanille pour aller avec. IMG_6556

Ce crumble, on peut le dire maintenant, est une réussite internationale, et je dirais même interplanétaire car même dans les Ardennes ils aiment ça. Je l’ai vu de mes propres yeux.

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Carla nous prépare un p’tit dej’ de champion, on se fait un « hug » à l’américaine et remontons sur les vélos, les jambes toujours récalcitrantes. Canaux, éoliennes, champs, belles pistes cyclables, vent de face, vaches, c’est un peu toujours pareil mais très agréables, à part le vent de face, mais c’est toujours mieux que la pluie. En route, on croise 3 vélomobiles et 2 vélos à mandalier. Tout le monde n’est pas geek du vélo alors j’explique :

  • Le vélomobile : non, ce n’est pas un vélo qui est mobile…enfin si, c’est bien un vélo et c’est mobile… tout les vélos sont mobiles, non ? Ah oui, en effet, les vélos d’appartement sont immobiles… j’en étais où moi ? Billy, j’en étais où ? Repose ce chaton et cette pelle stp ! Ah oui, le vélomobile… c’est tout simplement un cycle protégé par une carrosserie aérodynamique. Cette carrosserie, généralement rigide, est soit complète, soit ouverte dans la partie supérieure. Elle dispose souvent d’un trou dans la partie inférieure, au niveau des pieds. Merci wikipédia mais c’est pas très parlant. Disons simplement que c’est un suppositoire doté de 3 roues, généralement 1 à l’arrière et 2 à l’avant. Des prototypes avec 3 roues devant et aucune derrière ont été développés mais les essais n’étaient pas concluant, ça se traînait un peu, pire qu’un Nazca. Dans ce suppositoire pédale un cycliste, à peu près dans la même position que nous sur nos vélos. Ces engins coûtent un bras, voire même 2, mais ils remplacent souvent une voiture pour les trajets pendulaires et permettent de rouler vite, surtout avec des infrastructures adaptées et un profil plat comme ici.Vélomobile-01
  • Vélo à mandalier : non, ce n’est pas un vélo qui distribue des mandales, même si ça serait drôlement utile pour remettre l’automobiliste pressé, dangereux et agressif  (= automobiliste français de base) dans le droit chemin. Non, pour ça, le lance-roquette est bien plus « impactant ». Il est très difficile de filer des mandales sur un vélo à mandalier car les mains sont occupées à pédaler, pendant que les jambes sont…euh…bah…euh sanglées quelque-part car ce vélo s’adresse aux paraplégiques. On l’appelle communément handbike, ça évite les confusions.

On se pose au camping à 20 minutes en train d’Amsterdam, belle pelouse au calme, on est hors-saison désormais, les cassos venus chercher la vérité dans les herbes médicinales et l’Amour dans le quartier rouge sont rentrés jouer à FIFA chez eux, probablement en Golf Bon Jovi. Le lendemain, nous allons visiter la ville, à reculons. C’est pas notre truc les villes mais on fait un voyage à vélo, on aime le vélo et c’est LA ville du vélo, allons voir. On y va en train en revanche, car c’est aussi LA ville où on se fait chourer son vélo parait-il. Et on a bien fait car l’hyper-centre se parcourt bien mieux à patte qu’à biclou, y’a trop de monde, trop de pavés, trop de gens pressés, trop pas de place pour accrocher son vélo quelque-part, trop stressant.IMG_6595

Alors, oui, c’est très mignon Amsterdam, un vrai charme avec tout ces canaux, ces ponts, ces petites rues, ces petites boutiques et échoppes, ces gens à vélo, les coffee-shops, les fleurs au balcons… Y’a des nanas qui pédalent dignement en mini-jupe sans rien montrer de la salle de jeu, c’est prodigieux, sûrement un grand mystère de la physique. IMG_6606Mais ça nous soûle très rapidement, y’a un monde fou et la ville ne semble habitées que par des jeunes cadres dynamiques hipsters vegans bobos tatoués trendy vintage hyper-connectés, aucune mixité sociale. On a jamais vu autant de barbier, et je ne parle pas du barbier populaire comme en Turquie, je parle du barbier pour hipsters vegans bobos tatoués trendy vintage hyper-connectés. Je déteste.

On est aussi entré dans un magasin de vélo pour voir. Paire de mitaine en cuir = 150 €. Mouais, non, c’est pas si cher quand t’as un I-Phone 8 à 1200 € et que tu viens de te faire tailler la barbe pour 60 €.

Sinon, y’a plein de musée à visiter. Prix de l’entrée = 20 € par personne. Ça donne pas envie de se cultiver alors on a préféré investir dans une pizza puis retourner rapidement dans le monde réel (celui où on pédale et où on ne travaille jamais).

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  • 24/09/17  Amsterdam – sud de Utrecht = 54 km
  • 25/09/17  … – avant Turnhout (Belgique) = 104 km
  • 26/09/17  … – Schaerbeek (Bruxelles) = 87 km
  • 27 & 28   Chez Stéphane en mode Tuche

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Vachement plus sympa Utrecht, moins de canaux mais c’est une ville très aérée, très boisée et avec des vieux bâtiments magnifiques. C’est con, j’ai fait aucune photo à part celles des parkings à vélo.

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On se pose dans un camping nature, autorisées seulement aux tentes. Il y en a partout aux Pays-Bas et… en Auvergne ! C’était marrant de voir Brioude sur la carte. Il faut être membre d’un truc mais le gars est sympa et ne nous fait pas payer le supplément. Un p’tit feu, des lardons pour aller dans les pâtes et au dodo.IMG_6623

On profite des belles pistes cyclables, le temps est au beau fixe et les arbres commencent à se parer de leur robe automnale, tout en nous bombardant de glands. C’est vicieux un chêne. On arrive sur une ancienne ligne de chemin de fer, c’est tout droit dans la forêt et -hop- nous voilà en Belgique.

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Premier panorama belge, étonnant

On s’offre une Kriek au camping, demain nous entrons en francophonie ! Ça se fête !

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Pour arriver chez lui, Steph nous a tracé un superbe itinéraire. On continue sur l’ancienne ligne de chemin de fer puis sur des belles pistes cyclables à la mode néerlandaise. On voit des noms de ville intéressant sur les panneaux : Leffe, Hoegarden, Grimbergen.IMG_6646

C’est parfait jusqu’à Mechelen, à partir de là, ça parle français et l’automobile reprend ses droits : les pistes cyclables sont pourris/en travaux/sur le trottoir et faut redevenir vigilent. L’arrivée sur Bruxelles est violente, nous n’avons plus l’habitude de tout ce remue-ménage, ces magasins partout, cette circulation, cette publicité, ce monde, ce béton. En plus, on se tape les sorties d’écoles et les « wesh, trop chelou l’vélo ». Trop de stimuli, on fuit. On arrive enfin dans le quartier de Steph, nord de Bruxelles, surnommé « le petit Ankara » du fait d’une grande communauté Turque. On retrouve les kuaförs, les baklavas, les boulangeries, génial. Un peu oppressant mais génial.

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les très beaux immeubles de Schaerbeek

Steph est un follower et une connaissance de la communauté velo-couché de longue date, il nous accueille chaleureusement et ose nous demander si une carbonnade-frites nous ferait plaisir. On répond « oui-oui-oui ! » pendant qu’il nous tend une canette de Jupiler, fierté de la nation. On passe 2 jours chez lui à se reposer et mater des séries, on avait un gros besoin de sédentarité, à tel point que nous ne sommes même pas allés visiter la capitale. La flemme, et ce n’est qu’à 2h30 de Chantilly.

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On dirait San Francisco

On boit plein de bières et mangeons plein de frites, c’est important de s’immerger dans la culture d’un pays. Steph, comme la plupart des foyers belges, c’est pas une légende, à une friteuse. Elle s’appelle FriFri, c’est pas trognon ? Grace à elle, on a pu goûter les croquettes, des espèces de grandes pommes-noisettes cylindriques, je suis fan. Sinon, on s’est fait des salades de chicon, Ophélie a fait tourner la lessiveuse, on stockait les frites dans le surgélateur. Steph se faisait des tartines pour le midi, qu’il emballait dans un essuie-main, le torchon étant réservé pour laver le sol. Il nous a montré son kot à vélo où il entasse ses trikes et son brol , ils sont bien à l’abri quand il drache. J’adore ces petites différences de langage, on retrouve des mots communs avec euch’ picordie hein ! et la Normandie.

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Départ aux aurores avec Steph qui peine à cacher son ignoble vélo droit

  • 29/09/17  Bruxelles – Tihange (Huy) = 114 km / +890 m
  • 30/09/17  Chez Yves et Claudine
  • 01/09/17  Tihange – Givet (FRANCE !!!) = 82 km
  • 02/09/17  … – Signy L’Abbaye chez les Terrailleurs !!! = 77 km / +790m
  • 03 et 04  Repos, purée, saucisses, tartiflette, filet-mignon et blog
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BANZAIIII !!!!

La sortie de Bruxelles est affreuse, on n’est pas encore acclimaté aux villes et je dois bien reconnaître que je hais les voitures encore plus qu’avant.

IMG_6680 Il y a bien des pistes cyclables mais c’est Bagdad comparé à la Hollande. Mais Steph nous a encore concocté une belle trace et on se retrouve rapidement dans la campagne. IMG_6679Ça monte, ça descend, ça secoue sur les nombreuses portions en pavé mais les Panardos ont retrouvé la giclette. L’été indien est là, on pédale en t-shirt. Au bout de 50 km, on retrouve Yves et son fils Jérôme sur un RAVEL , Réseau Autonome des Voies Lentes, les pistes cyclables belges.

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Yves et Jérôme sont également 2 amis du vélo-couché que l’on croise plus ou moins régulièrement depuis 10 ans, lors des rassemblements. Jérôme, ou Jéjon, est un peu une légende dans le milieu, il a claqué le Paris-Brest-Paris (1200 km) en 52 heures, c’est le record sur un VC non caréné. Je l’ai déjà vu roulé en t-shirt en hiver et il parait même qu’il a tué un lion à coup de pédalier. Je crois même que c’est 2 lions et 8 hyènes.

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Je roule quelques kilomètres sur sa fusée tout en carbone mais je reprend vite mon enclume, c’est un coup à claquer 4000 balles dans un nouveau vélo, non non non. Il a fallu que je me répète plusieurs fois « tu n’aimes pas le carbone, tu n’aimes pas le carbone, tu n’aimes pas le carbone ».

On se fait un ride exceptionnel sur un ravel hyper facile, on papote gaiement et le soleil tape fort. Dans un virage, voyant qu’il peine à me suivre, Jéjon me fait une queue de poisson et je me rétame. Jérôme, tu sais, il suffisait de me demander de ralentir, ça arrive de ne pas avoir la giclette.IMG_6690

On arrive à Huy au bout de 105 km et j’ai la super-patate pour me faire le célèbre mur, connu des fans de cyclisme (c’est Steph qui nous en a parlé, on ne connaissait pas, on préfère Grey’s Anatomy). Le panneau au départ me surexcite et je décide de le faire avec les sacoches, sinon ça compte pas.IMG_6693

Pas si dur finalement, on a vu pire. Yves me récompense avec une pinte de Jupiler, et Ophélie a tout de même droit à une Kriek. Journée parfaite qui s’achève ensuite chez Yves avec Claudine, Jérôme et Élisabeth autour de plats de lasagnes (et quelques bières, tiens-donc).IMG_6697

On avait prévu de repartir dès le lendemain mais la pluie tombe et on reste tout naturellement avec nos amis. Yves nous fait découvrir les boulettes de Lièges et le joli centre-ville d’Huy. Après c’est apéro !

Le matin, le beau temps est de retour et Yves et Claudine nous donnent un petit pas de conduite le long de la Meuse, jusqu’à Andennes. Steph, Poupa, Claudine, Jéjon et Elizabteh, un grand merci pour ces bons moments !IMG_6703

Ouais, c’est chiant, je suis obligé de fayoter vu qu’ils lisent le blog. Nan mais sérieux, merci les amis.IMG_6706

A Andennes, Yves a eu le nez fin de faire demi-tour puisqu’on se tape alors un méchant vent de face pendant 50 km et on n’a plus de jambes une fois arrivé à Jambes. Hi hi hi, c’est trop drôle ce blog.

Pendant qu’Ophélie fait les courses, je papote avec 2 jeunes SDF (c’est le terme poli pour clodos). Ils sont complètement défoncés mais sympas et je laisse celui qu’est pas en chaise roulante monter sur mon vélo. Il adore, je lui raconte qu’on est allé au Japon et qu’on est revenu, il me dit  » truc de ouf, la Tunisie, l’Iran ! ». Je dessine un vélo sur le plâtre de son pote (26 ans, à la rue depuis 10 ans) et ils m’offrent une Jupiler, en insistant, il est à peine 11h30. J’ai le temps de la boire avant qu’Ophélie ne revienne et je checke vite-fait avec mes potes quand elle me fait les gros yeux.

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On se bouffe le vent de face jusqu’à Givet et son camping municipal, moins de 6 €. Ah oui, on vient d’entrer en France, y’avait aucun panneau.

IMG_6715Comment on se sent après 18 mois à l’étranger ? Hop hop hop, un peu de patience les amis, on vient de faire seulement 2 km, on verra ça demain. Pour l’instant on s’installe au camping, petite ville fantôme peuplée de caravane et de mobile-home. Oui, c’est assez moche.

Un groupe joue à la pétanque, oulalala dès que je les ai vus j’me suis dit que c’était du lourd et du très bon pour le blog. Déjà ils gueulent, ils savent pas parler, surtout la nana quand elle appelle un de ces gros chiens « Noémiiiiiiiiie !! ». Bordel, mais qui appelle son chien Noémie ? Elle, je pense qu’elle s’appelle Kimberley et que si elle avait des enfants (Dieu nous en protège), on aurait du Dylan et de la Kelly. Y’a 3 autres gars, assez bruyants aussi, mais presque des moines comparé à elle. Notre petite bande boit des Heinekens, ce qui est une insulte à la Belgique toute proche. Quand on propose une Heineken, une 1664 ou une 33 à un Belge, il répond « non merci, je veux une bière ». Ils écoutent de la musique grâce à une enceinte portable, c’est une calamité ce truc, l’ONU devrait intervenir, des gens souffrent dans le monde entier. Billy commence à aiguiser sa pelle sur du Louise Attack; quand Indochine a commencé, il a fait le tour des caravanes pour récupérer des bonbonnes de gaz et des boulons. Billy est très créatif. Heureusement qu’ils n’avaient pas du Maître Gims sinon y’aurait eu un grave « incident » nucléaire dans la région de Givet. Nous voilà de retour dans un monde plus latin, loin de la discrétion japonaise, scandinave ou hollandaise. Mes propos pourraient laisser croire que je méprise tout ça mais pas du tout, on change juste de culture, c’est comme ça. Mais cette Kimberley était vraiment un numéro.

Le soir, le réchaud pousse son dernier soupir et sa flamme s’éteint à jamais. Je le démonte et remonte 3 fois mais y’a rien à faire. Les bonnes pâtes, la sauce Pesto Ricotta et Noix, le parmesan et l’huile d’olive retournent dans la sacoche et on avale des tristes sandwichs. Bon, il a tenu jusqu’en France mais je pensais qu’il irait un peu plus loin que 2 km après la frontière, le salaud. Mais j’avais pris les devants et un tout nouveau modèle nous attend chez les Terrailleurs, gentiment offert par le fabricant Optimus. Ils n’étaient pas obligés mais ils ont aimé notre histoire, celles qu’on a fait vivre à notre réchaud et la photo sur le salar d’Uyuni a dû les faire craquer. Même Kimberley aurait été émouvu.

Uyuni

On passe une très bonne nuit, le vent a soufflé et on plie une tente sèche. Ophélie va demander de l’eau chaude à un vieux couple d’Hollandais. Commencer une journée sans café ? Ah ah ah ! Et pourquoi pas pédaler avec les pneus crevés ?IMG_6720

On longe la Meuse un moment encore, c’est splendide et sauvage comme on aime. On fait les courses à Fumay, au Carrefour Market. Y’a les journaux Fakir, Charlie Hebdo et Siné Mensuel. Tout n’est pas foutu ! A moins que ça soit les invendus.

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Blaireau, probablement percuté par un blaireau d’une autre espèce

Ensuite, ça grimpe un peu dans la forêt et on redescend sur une campagne pimpante : les crêtes préardennaises, dures pour les cuisses. On est super motivé, ça fait plus d’un an qu’on attend ce moment : on va chez les Terr’Ailleurs ! On va bouffer une tartiflette semi-divine !!IMG_6722

Les Terr’Ailleurs, c’est Pierrot et Béa, c’est presque des Panardos, c’est même eux qui ont inventé le mot « Panardos ». On voyageait en même temps aux Amériques, ça a créé un lien d’amitié virtuelle car on ne s’est jamais rencontré en route. Puis ils sont passés par Chantilly en été 2014 et on s’est vu dans le monde réel. Ça faisait bizarre, Béa est très grande en vrai et Pierrot a une grosse barbe, du coup on n’a pas fait de partouze. Depuis notre départ pour l’Asie, leurs commentaires « impliqués » dans le blog ont été d’un immense soutien et une grande source de motivation pour pondre des textes pas trop barbants. Ils nous ont envoyé beaucoup de giclette, des followers au top. Et mieux que ça, notre nouveau départ les a tellement excité qu’ils repartent eux aussi le 6 février pour une grande aventure aux USA, de Miami à San Diego et peut-être même un peu plus. Je vous conseille de vous inscrire à la newsletter, c’est du haut niveau de narration et ils sont bien barrés. Ne le montrez pas à des enfants en revanche, Pierrot adore mettre des photos de lui tout nu, il a un soucis. Hier il m’a emmené voir son vélo dans sa remise sombre, j’ai eu très peur.IMG_6733

Pierrot – 12:03 –  » Ça sent l’fond d’culotte !! »

Leur accueil a été terrible avec une immense pancarte accrochée à leur baraque, on était déjà connu dans tout le bled, en tout cas par ceux qui savent lire. Ça faisait très chaud au cœur de voir ça de loin. Vous noterez tout de même leur égo surdimensionné, c’est limite si « Panardos » n’était pas écrit sur un post-it.

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On ne prévoyait de ne rester que 2 nuits mais le courant passe trop bien et on mange léger : purée-saucisse, tartiflette, œufs à la savoyarde, filet-mignon au maroilles (une tuerie), mousse au chocolat et crumble, of course. Vive la France. Vive l’amitié Terraillo-Panardienne.IMG_6735

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Demain on repart en direction de Dieppe à travers les beaux p’tits villages, les p’tites routes, les bars-tabac, les cheminées des centrales nucléaires, les boulangeries, les bagnoles omniprésentes, les clochers des églises, les pistes cyclables, les chipolatas, les « bonjour », les marchés, tout ça tout ça.

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Les Pieds dans le plat, du Danemark aux Pays-Bas

 

J 517 à 534/ de Bergen (Norvège) à Assen (Pays-Bas) 

  • du 3 au 20 septembre 2017
  • 13 étapes
  • 990 km
  • Danemark – Allemagne – Pays-Bas
  • la pluie, ça mouille
  • le vent, c’est chiant
  • le saucisson, c’est bon
  • Billy est mon ami

 

Des draps épais de bonne qualité, ultra propres, un oreiller dense et moelleux, une lourde couette – une couette !! – et un matelas à l’avenant. Olalala comme on aurait aimé rester 24 heures de plus dans notre cabine grand confort !! On ne se souvient pas de la dernière fois qu’on a eu des conditions de dodo pareilles. Y’avait même une cabine douche/toilette rien que pour nous, avec des serviettes aussi blanches que douces. Vent de sud, mer calme, c’était parfait jusqu’à l’annonce de l’arrivée à 7h, grrrrrrrrrr !!!

Ophélie a réservé les places dans le ferry au dernier moment et a profité d’une réduction, la cabine (sans fenêtre, faut pas déconner) coûtait seulement 36 euros de plus que les fauteuils tout pourris dans lesquels on aurait passé une nuit tout aussi pourri.

 

  • 04/09/17 Bergen – Blokus (Danemark) = 80 km, je ne note plus le D+, trop plat
  • 05/09/17 … – Tynrop = 111 km
  • 06/09/17 … – EV12 = 73 km
  • 07/09/17 Repos sous surveillance
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un magnifique paillasson pour l’entrée de la tente

Alors qu’on avait quitté Bergen à travers des fjords sous le soleil, on débarque sous un vent violent et dans un paysage sordide, plat et gris. Non, nous ne sommes pas sur le plateau picard mais au Danemark. Première priorité, aller chier un coup faire les courses. Petite prospection : mouais, c’est un poil mieux qu’en Norvège, ça coûte un peu moins cher mais je crois qu’on ne touchera au bonheur que dans le premier LIDL allemand (oui, j’ai bien mis LIDL + allemand + bonheur dans la même phrase ). On se jette sur les dates limites à -50% et trouvons un brie à 1,20 euros et du Soignon à 2,50 €. Les pâtes de ce soir vont être transcendées !! Sur la route, on trouvera des kioskes en libre service, on adore : des légumes du jardin, souvent bio, sont mis à disposition et on met l’argent dans une petite boîte. IMG_6376Le truc totalement impensable en France où tout serait chouré en 15 minutes, le kioske tagué et le vendeur en procès pour non respect de la réglementation européenne écrite par Monsanto. On trouve une courgette bio qui s’accordera parfaitement avec le fromage de chèvre.IMG_6294

Après la Norvège, on s’attend à du «bof» côté paysage, tout au plus du «moyen». Je ne sais pas pourquoi, ça fait pas rêver quand on dit Danemark. Et en fait, on prend une claque dès les premiers coups de pédale sur la Véloroute de la mer du Nord, ou Eurovélo 12, la route côtière que nous avons choisi de suivre. Les forêts sont très belles, les bouleaux et les pins restent une constante depuis Vladivostok mais les petits chênes, les hêtres et les frênes deviennent omniprésents. C’est de la forêt à bivouac ou je ne m’y connais pas. Pour ça, les Danois mettent à disposition des installations incroyables (et gratuites) : les shelters (abris en anglais). Un ou des abris en rondin avec toit végétalisé, un coin pour faire le feu avec bûches et de quoi les fendre (haches ou fendeuses mécaniques), un robinet d’eau si on a de la chance, des toilettes, et même une roulotte pour notre premier soir.

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Encore un truc impensable en France, des gens viendraient débiter les cabanes taguées pour faire du bois de chauffage. Non, je plaisante, le projet ne verrait même pas le jour car il manquerait les rampes pour personnes à mobilité réduite, des extincteurs, un plan d’évacuation et un Mc Do à moins de 3 kilomètres. Et puis bon, ça servirait sûrement d’abris pour de dangereux réfugiés syriens, donc NON NON NON ! Et puis trop cher. N’oublions surtout pas que la France traverse toujours une grave crise économique. Donc c’est vraiment pas le moment de construire des cabanes pour des putains de randonneurs, pourquoi pas organiser des Jeux Olympiques !IMG_6303

Bref un bivouac au top qui vient clôturer une belle journée où compteurinou a franchi les 22 000 km le jour de nos 17 mois de voyage. Moi je voulais dormir dans l’abri en rondin mais Ophélie a insisté pour monter la tente à cause des moustiques. Y’en a presque pas mais je reconnais qu’il en suffit d’un pour te pourrir la nuit. IMG_6296Ces shelters, on sait dorénavant les trouver grâce à une famille Tchèque à vélo croisée en route et qui nous donna le nom de l’application pour Smartphone : «Shelter», fallait le trouver. Je les ais hélé en leur demandant «Are you really from Chile ?». Ils ont dû vraiment me prendre pour un con mais le drapeau Tchèque n’est pas hyper connu et ressemble énormément au drapeau chilien.

nan, j’vous jure, de loin on confond. Et puis j’avais faim à ce moment-là

Bref on papote et il s’avère rapidement qu’on a un pote en commun : Honza, le gars d’Azub qui nous dépanne de temps en temps. Une fois de plus, le monde est petit.

Après une nuit très calme et un p’tit dej’ avec pain grillé au feu de bois, on repart sur la piste, parfois très caillouteuse et peu roulante. Cette Eurovélo 12 emprunte peu de routes bitumées, c’est très jolie mais usant en fin d’étape. On passe même sur la plage pendant 5 km, génial (pour moi), une horreur (pour Ophélie).

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On alterne forêts et landes de bruyères en bord de plage, superbe. On est toujours en Scandinavie, s’il fallait nous le rappeler. Le relief est beaucoup plus plat, tout juste légèrement vallonné.IMG_6365

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le petit peuple de la forêt

On vise une shelter pour ce soir mais y’en a pas tout les 200m et on finit la journée sur les rotules avec un beau p’tit score au compteur. Juste le temps de déplier la tente et de manger avant que la pluie ne tombe.

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Notez que la hache est parfaitement assortie à mes sacoches

Le lendemain nous sommes claqués et subissons les pistes sur lesquels il faut relancer en permanence. J’évalue la proportion de piste à environ 80%, pour Ophélie, ça tourne aux alentours de 130%.IMG_6356 On roule toujours dans des landes de bruyères, les forêts ont disparus. La fin d’étape est infâme avec pluie, vent de face et des Panardos aux jambes très lourdes et mouillées (la flemme d’enfiler le pantalon de pluie).

Il nous faut une journée de repos, alors on va au camping. La nana à la réception est très antipathique alors je laisse Ophélie gérer le truc, je reste en retrait en essayant de contenir Billy qui meurt d’envie de lui claquer la gueule sur le guichet. Billy est mon ami imaginaire, un passager clandestin très taquin.

La nana nous détaille le prix :

  • 24 € pour l’emplacement
  • 50 centimes la minute sous la douche
  • 2 € pour le wifi
  • 1,30 € pour la recharge d’un appareil
  • Pas de frais pour les vélos qu’elle précise avec le sourire. Billy prépare sa valisette avec les couteaux, il a le sourire lui aussi.

J’ose pas lui demander combien coûte le supplément pour qu’elle soit pas désagréable avec 2 cyclos polis, trempés et harassés.

Puis elle nous liste tout plein de règles à respecter, elle a une petite fiche avec un paquet d’idéogrammes, elle en a l’air très fière, elle a dû passer des heures sur le net pour faire ça. Elle nous précise au moins 3 fois qu’on ne doit pas recharger des appareils dans les sanitaires ou la cuisine et c’est la première chose qu’elle vérifiera en venant nous voir le soir. Hop, coup d’œil furtif aux prises électriques. On pouvait faire tourner les 1000 watts du four à vide pendant des heures, pas de soucis. Mais HORS DE QUESTION de recharger un téléphone !!

Bon, dans sa liste, y’avait pas de dessin expliquant qu’il est interdit de s’asseoir tranquillement dans les toilettes pour handicapés pour recharger un netbook en mettant en ligne un nouvel article.

Il y a un vent de dingue la nuit et la tente est ballottée. On passe la journée suivante dans la cuisine, entre 2 poêlées de patates surgelées et 2 recharges clandestines dans les toilettes. La gérante passe nous voir et devient presque sympa en voyant qu’on est bien sage et qu’on n’a pas jeté de la sauce tomate partout sur les murs. Billy a très envie de lui mettre la tête dans le four, heureusement je le retiens.

  • 08/09/2017 … après Sondervig = 61 km
  • 09/09/2017 … – avant Esjberg = 80 km

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Pour démarrer, 2 heures sous la pluie avec vent de face. On quitte vite la piste collante pour la route peu passante. Conditions affreuses, on n’avance pas et l’eau rentre par le col des vestes. Mais on oublie vite tout ça dès que la pluie cesse et que tout sèche rapidement grâce à ce même vent.

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ici aussi on fait nos emplettes chez les discounters. Et on sait ce qui nous attend si on continue.

On arrive tôt à un nouvel abri au bord d’un lac, le soleil nous réchauffe, la pêche ne donne rien. Ophélie accepte de dormir dans une cabane et on passe une sale nuit à cause des moustiques.IMG_6397IMG_6406

Journée quasi complète sur de la piste le lendemain, on va bientôt être prêts pour le Roc d’Azur avec toutes ces relances assassines. On renommera l’épreuve le Rock d‘Azub bien évidemment.IMG_6414 Après quelques averses, on arrive morts de faim à une nouvelle aire de bivouac 2.0. Une grande famille replie ses affaires après une longue journée pique-nique et vient papoter avec nous. On devait un peu baver en parlant car ils ne tardent pas à nous donner plein de saucisses grillées, 2 canettes de bières et 4 parts de gâteau chocolat-cannelle. Au top ! Timing parfait ! On leur dit au revoir la bouche pleine et passons une soirée au calme avec nos amies les averses et mon grand ami le réchaud qui déconne de partout.IMG_6423 Je le connais par cœur ce réchaud, je suis comme un Marine américain avec son fusil, je peux le démonter et le remonter dans le noir avec des moufles et en écoutant du Rihanna. Mais là je sèche, il marche à sa guise, crache comme un chalumeau, s’étouffe en déposant de la suie sous la casserole puis redémarre assez fort pour faire de la soudure.

 

  • 10/09/2017 … avant Tonder = 79 km
  • 11/09/2017 … – Dagebull en Allemagne = 70 km
  • 12/09/2017 … – Husum = 51 km
  • 13 et 14  Husum = Tempête et pluie

Les paysages deviennent bien mornes et on se mange 80 km/h de vent de face avec pas mal d’averses orageuses. Quand on les voit arriver, on met la capuche, on ferme au maximum et on enfile nos moufles. Mais on se dit qu’il nous faudrait un sous-marin ou au moins des scaphandres avec les saucées qu’on se ramasse. Heureusement que ça ne dure pas longtemps. Entre les champs, on pousse sur les pédales en essayant de ne pas regarder le compteur affichant un petit 12 km/h… c’est dur.IMG_6449 Le soir, on suit le GPS pour une nouvelle shelter mais on se retrouve au bout d’un chemin au milieu d’un champ de gadoue. Il faut repartir, on est crevé, le vent ne nous lâche jamais et il se remet à pleuvoir. On se trouve un coin sympa en forêt, les arbres nous protègent des éléments, les feuilles mortes font un sol confortable et sec. On mange sous la tente et on s’offre une farandole de dessert : Bastognes, Petits Ecoliers et Digestives avoine-chocolat.IMG_6455

Et là, je voudrais dire un truc. Après un périple au long court, les voyageurs disent souvent que rien n’a changé, les amis sont toujours là, la société est identique, c’est toujours la même bouse à la télé… c’était notre cas après les Amériques. Mais cette fois, ça va être différent car il y a eu un changement majeur en ce bas monde pendant notre voyage et rien ne sera plus pareil. Lu fait désormais des Bastognes Duo !!! Révolutionnaire, au moins autant que les Danettes Chocolat-Dulche de Leche.

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40 km nous amènent ensuite en Allemagne, pas de frontière, pas de Wilkommen, rien. Même pas de Lidl, on est en pleine cambrousse et il nous faut faire quelques kilomètres pour trouver une supérette et nous faire plaisir. Notre quotidien alimentaire fait un bond énorme. On s’offre même un café en machine, truc de ouf.

Le reste de la journée est affreux avec un vent encore plus puissant et des averses dantesques. Les gouttes tombent tellement fort qu’on croirait de la grêle. Les paysages sont tristes, on se croirait dans un épisode de Derrick. On se réfugie dans un camping et sommes content de voir quelques cyclos. Cool, on n’est pas les seuls à profiter de ce bel été indien.

On va faire un tour dans la «ville», une station balnéaire en fin de saison en fait, assez triste aussi. Je porte mes sandales avec des chaussettes et les gens ne comprennent pas que je ne parle pas allemand couramment. On est tout foufous d’être à nouveau dans un pays «pas cher» et on va se taper une grande bière, une pizza et un tiramisu. Et le lendemain matin, on ne résiste pas au buffet petit déjeuné à volonté à 9 € de l’hôtel/camping où nous sommes. C’était la tempête toute la nuit, il nous fallait un remontant avant de repartir se faire secouer sur la route. P’tit dej rentabilisé rien qu’avec les cafés et cappuccinos.IMG_6467

Étape plus facile que prévue, le vent n’a pas dépassé les 50 km/h et les averses sont restées timides après la saucée de malade du 2eme kilomètre. On roule entre la mer et les moutons, c’est mignon mais on passe beaucoup de temps à ouvrir les barrières entre chaque enclos. On s’arrête en tout début d’après-midi dans un camping, il y a un avis de tempête pour le lendemain, tous aux abris !!!IMG_6474

On passe la première nuit sous la tente, c’est plutôt calme. Mais dans la journée, le vent se lève pour de bon et les rafales atteignent 115 km/h. La tente rue comme un cheval de rodéo, ou un Balkany au tribunal, mais tient bon… jusqu’à ce que les sardines soient arrachées, que le tapis de sol se fasse la malle et que tout soit retourné à l’intérieur. On plie tout en catastrophe et nous réfugions dans la salle télé pour les 2 nuits suivantes, comme nous l’avait proposé le gérant. Le canapé est top et les documentaires animaliers se laissent regarder, même en allemand. Les douches sont gratuites et on ne sera pas fusillé en utilisant les prises électriques.IMG_6471 Le vent est incroyable, des branches tombent, la mer monte et vient recouvrir la piste cyclable qu’on a emprunté la veille. Le 2eme jour, il baisse progressivement mais la pluie donne raison à notre choix de rester au chaud et de nous faire des crêpes après un aller-retour épique pour faire des courses à 3 km. En ville, environ la moitié des boutiques vendent des vêtements de pluie et on comprend pourquoi. L’autre moitié vend des saucisses, des gâteaux aux prunes, du bon pain de seigle, des crèmes dessert et des canettes de bière à 30 centimes. Quel beau pays, climat pourri, paysages tristes mais beau pays. Husum est une chouette petit ville et la pluie n’effraie pas les gens, ils déambulent en imper ou sous un parapluie sans broncher et même les vélos sont de sortie.

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la piste cyclabloubloublou

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ceci était un champs

On regarde les publicités à la TV, on peut en apprendre beaucoup sur un pays de cette façon. Alors en Allemagne, pour le Hans, la Gretta ou le Gunter de base, il semble très important de boire de la bière, d’acheter des grosses voitures neuves et de prendre un crédit auprès d’une banque souriante et généreuse pour payer ces voitures. On voit aussi Angela Merkel faire un discours pour l’ouverture du salon de l’auto de Frankfort. Attention, ils sont à fond dans les bagnoles les teutons, c’est ce qui fait tourner le pays «modèle» de l’Europe, mouarf.

5 700 000 metallosaures sont sortis des usines allemandes en 2015, ça fait peur. Mais bon, attention, les constructeurs œuvrent pour l’écologie en développant de plus en plus de modèles électriques avec du Blue-Tech, du Green-Power… ça fait propre le bleu ou le vert, comme pour le Canard-WC. C’est l’avenir la voiture électrique : personne ne voudra recycler les batteries, il faudrait construire des dizaines de nouvelles centrales électriques par pays, refaire tout le câblage du réseau mais c’est l’avenir. Youpi.

  • 15/09/17 Husum – pas loin de Meldorf = 73 km
  • 16/09/17 … – après Bremerhaven = 88 km
  • 17/09/17 … – Grossefehrn = 78 km
  • 18/09/17 … – Groningen (Pays-Bas) = 97 km
  • 19/09/17 … – Assen = 36 km, total kaputt !!
  • 20/09/17 Assen = repos et blog

Husum, ça faisait un peu turque mais Meldorf, Bremerhaven et Grossefehrn, ouais, là c’est sûr c’est Allemand.IMG_6490

On enchaîne 3 étapes dans une campagne plate et semée d’innombrables éoliennes. L’Allemagne a prévu de se débarrasser du nucléaire d’ici 2022, et du charbon ensuite, alors faut développer les énergies renouvelables en vitesse. Et si on parlait de décroissance sinon ? Ach, nein ! Das ist ein gros mot !!! Unmöglich !!

Pour faire rouler les voitures électriques, il faudra une éolienne par habitant je pense. Ça va être chaud patate pour les oiseaux migrateurs qu’on voit également en grand nombre. Les oies ont quitté le grand nord pour aller se mettre au chaud, on fait pareil. C’est un peu lent à vélo, la saison avance bien plus vite que nous, plus on descend vers le sud et plus il fait froid.

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On dort au camping, pas le courage de bivouaquer avec ce temps humide. Ils sont nombreux et pas chers dorénavant, souvent 12 € pour nous 2. La seconde nuit, après la sordide Bremerhaven et un bac pour franchir l’estuaire de la Wessel, on débarque sous une grosse pluie au camping. C’est la misère, il fait à peine 10°C, on attend que ça passe sous un bout de toit avant de monter la tente. La gérante prend pitié de nous et nous propose gracieusement un petit cabanon.IMG_6502 Top, elle nous sauve la journée. Les Allemands sont vraiment sympas, souvent chaleureux. Quand on s’arrête quelque-part pour manger ou faire sécher les affaires, il y en a souvent qui viennent nous parler.IMG_6501

A Grossefehrn, nous sommes acceuillis par Marion du réseau Warmshower et nous passons une super soirée avec en prime un bon repas végétarien : quinoa avec une sauce curry-coco-pois chiches, une tuerie. Nous n’avions pas mangé de quinoa depuis le Pérou ou la Bolivie, Ophélie ne pouvait plus y toucher après tout ces délicieux almuerzos andins. On ne sait pas quoi penser de la consommation de quinoa, certes c’est bon pour la santé mais le fait d’en consommer dans nos pays riches a fait augmenter son prix dans les pays producteurs d’Amérique du Sud et créé des cultures intensives pas très green, ça enrichit quelques producteurs mais prive le Bolivien ou le Péruvien d’une denrée autrefois peu onéreuse. Du coup ils bouffent du riz dégueu importé de Chine. La solution ? Acheter de la quinoa française, ça pousse aussi chez nous.

Marion nous dit que ses voisins prennent sa famille pour des fous quand ils accueillent des étrangers comme nous. En Allemagne aussi flotte un doux parfum de xénophobie.

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Tabea, une des filles de Marion

Sur les vélos dès 8h le lendemain, 9°C et brume. Mais ça se lève rapidement et nous pédalons dans un paysage un peu plus attrayant, les champs sont un peu moins grands et les chênes plus présents. Le vent est complètement tombé, ça roule tout seul, enfin ! On fait nos derniers 50 km en Allemagne et passons aux Pays-Bas. Juste un petit pont au-dessus d’une rivière, aucun panneau. Sûrement une volonté de l’Europe de paraître unifiée, d’être une nation. M’enfin, ils auraient pu laisser quelques barbelés et des miradors pour le folklore. Là c’est comme si on passait de l’Oise au Val-d’Oise. Quoique même là y’aurait un panneau «Bienvenue dans le Val-D’Oise, bonne chance».IMG_6517

On pensait rouler un peu plus en Allemagne mais le temps n’incitait pas du tout à longer la côte et nous avons coupé par les terres. C’est un pays génial à vélo, des pistes cyclables partout avec plein de petits panneaux de direction. Mais on se demande la raison de toute cette infrastructure, est-ce pour inciter les gens à se déplacer à vélo ou est-ce pour laisser le champs libre à la sacro-sainte bagnole ? Probablement les 2, avec un penchant pour la 2ème tout de même. Quoi qu’il en soit, on aimerait voir la même chose en France. Mr le président élu par les médias, Mr Macron, c’est pas un truc de fainéant le vélo, alors au boulot ! Si je peux me permettre un petit conseil : faire payer des impôts à vos potes de Total, Peugeot et BNP devrait largement suffire à couvrir le territoire de pistes cyclables. Bien à vous, bisous.

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Nous voilà donc aux Pays-Bas, pays du vélo. Les infrastructures cyclables sont encore plus impressionnantes et ça fait très plaisir de voir tant de gens à vélo. Et ça roule fort, c’est pas de la balade, ils vont au boulot, à l’école, faire les courses… de l’utilitaire ! Je ne sais pas comment ils font pour rouler si droit sur leurs grands et lourds vélo hollandais mais c’est tellement plat ici. Les plus grands cols sont les ponts au-dessus des autoroutes, au moins du 3% sur 50 mètres.IMG_6518

Les routes sont bordées de grands chênes séculaires, les pelouses des maisons sont bien tondues, tout est propret. Comme dirait un ami avec des chemises en serpillière : «on se croirait parfois dans le Truman Show, vive Mélenchon». Ouais, il finit souvent ses phrases comme ça, même quand ça n’a aucun rapport.

C’est extrêmement plat et sans vent mais on finit pourtant l’étape très fatigués. C’est bizarre, on n’avait moins de mal en Norvège. Peut-être un contre-coup, peut-être que nos jambes sentent l’écurie et ne veulent pas rentrer.IMG_6522

A ce propos, on nous demande souvent ces derniers jours «alors, comment ça se passe dans vos têtes cette fin de voyage». C’est gentil les amis, merci, mais j’ai envie de répondre «hé ho, c’est pas fini bordel !!».

Il reste un bon gros mois les amis, Amsterdam, Bruxelles, les Ardennes avec lardons et fromage, Euch’Nord, Camembert-Land… Imaginez qu’avant votre départ pour 3 semaines en vacances, Gégé, votre collègue super lourd qui pue de la gueule (on a tous un Gégé dans sa boîte, le nom change parfois mais le principe reste le même), bref imaginez que Gégé vienne vous voir après son café-clope (haleine corrosive) et vous sorte «Alors, pas trop triste ? Bientôt la reprise ! Vivement Noël dans 6 mois ah ah ah !». Là je parie que vous pensez très fort à lui agrafer la tronche. On a tous un Billy au fond de nous.

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Le lendemain, on est KO et on se traîne comme des limaces sur 36 malheureux kilomètres avant de se poser dans un chouette petit camping à côté de la ville d’Assen. Jour de repos, wifi, fauteuils, temps pas trop mal et vin blanc à la place du mojitos, c’est bon, le combo est réuni pour taper cet article.

«Alors, comment ça se passe dans vos têtes cette fin de voyage ?»

Pas trop mal, c’est progressif, le changement se fait en douceur au fur et à mesure qu’on pédale dans des pays ressemblant de plus en plus à la France. On a le temps de se faire à l’idée qu’on rentre, même si ce qu’on va faire ensuite reste un peu flou. Et puis la météo nous aide, on dirait que l’hiver débarque d’un coup et, forcément, ça donne des envies de salon, de cuisine, de douches chaudes, de machine à coudre et de tout les bons côtés de la sédentarité. On a hâte de revoir des amis et d’entendre parler français. Mais comme j’écrivais un peu plus haut, c’est pas encore fini !

Je crois qu’on va prendre plaisir à traverser ces Pays-Bas, c’est serein, c’est calme, c’est facile, les gens sont cools et le temps se fait plus sec désormais. Et vous verriez un peu les supermarchés !! Je confirme que c’est bien l’autre pays du fromage et j’ajouterais que c’est aussi l’autre pays du saucisson ! On essaye de le faire durer 2 jours mais c’est pas facile car entre 2 tranches de baguette et du beurre, c’est le sandwich dont je rêvais depuis longtemps. Et puis le rayon beurre de cacahuète est hallucinant, j’étais scotché hier, il fait 2m de large, ma sacoche bouffe va prendre cher. Pas grave, c’est tout plat.