J 517 à 534/ de Bergen (Norvège) à Assen (Pays-Bas)
- du 3 au 20 septembre 2017
- 13 étapes
- 990 km
- Danemark – Allemagne – Pays-Bas
- la pluie, ça mouille
- le vent, c’est chiant
- le saucisson, c’est bon
- Billy est mon ami
Des draps épais de bonne qualité, ultra propres, un oreiller dense et moelleux, une lourde couette – une couette !! – et un matelas à l’avenant. Olalala comme on aurait aimé rester 24 heures de plus dans notre cabine grand confort !! On ne se souvient pas de la dernière fois qu’on a eu des conditions de dodo pareilles. Y’avait même une cabine douche/toilette rien que pour nous, avec des serviettes aussi blanches que douces. Vent de sud, mer calme, c’était parfait jusqu’à l’annonce de l’arrivée à 7h, grrrrrrrrrr !!!
Ophélie a réservé les places dans le ferry au dernier moment et a profité d’une réduction, la cabine (sans fenêtre, faut pas déconner) coûtait seulement 36 euros de plus que les fauteuils tout pourris dans lesquels on aurait passé une nuit tout aussi pourri.
- 04/09/17 Bergen – Blokus (Danemark) = 80 km, je ne note plus le D+, trop plat
- 05/09/17 … – Tynrop = 111 km
- 06/09/17 … – EV12 = 73 km
- 07/09/17 Repos sous surveillance

un magnifique paillasson pour l’entrée de la tente
Alors qu’on avait quitté Bergen à travers des fjords sous le soleil, on débarque sous un vent violent et dans un paysage sordide, plat et gris. Non, nous ne sommes pas sur le plateau picard mais au Danemark. Première priorité, aller chier un coup faire les courses. Petite prospection : mouais, c’est un poil mieux qu’en Norvège, ça coûte un peu moins cher mais je crois qu’on ne touchera au bonheur que dans le premier LIDL allemand (oui, j’ai bien mis LIDL + allemand + bonheur dans la même phrase ). On se jette sur les dates limites à -50% et trouvons un brie à 1,20 euros et du Soignon à 2,50 €. Les pâtes de ce soir vont être transcendées !! Sur la route, on trouvera des kioskes en libre service, on adore : des légumes du jardin, souvent bio, sont mis à disposition et on met l’argent dans une petite boîte. Le truc totalement impensable en France où tout serait chouré en 15 minutes, le kioske tagué et le vendeur en procès pour non respect de la réglementation européenne écrite par Monsanto. On trouve une courgette bio qui s’accordera parfaitement avec le fromage de chèvre.
Après la Norvège, on s’attend à du «bof» côté paysage, tout au plus du «moyen». Je ne sais pas pourquoi, ça fait pas rêver quand on dit Danemark. Et en fait, on prend une claque dès les premiers coups de pédale sur la Véloroute de la mer du Nord, ou Eurovélo 12, la route côtière que nous avons choisi de suivre. Les forêts sont très belles, les bouleaux et les pins restent une constante depuis Vladivostok mais les petits chênes, les hêtres et les frênes deviennent omniprésents. C’est de la forêt à bivouac ou je ne m’y connais pas. Pour ça, les Danois mettent à disposition des installations incroyables (et gratuites) : les shelters (abris en anglais). Un ou des abris en rondin avec toit végétalisé, un coin pour faire le feu avec bûches et de quoi les fendre (haches ou fendeuses mécaniques), un robinet d’eau si on a de la chance, des toilettes, et même une roulotte pour notre premier soir.
Encore un truc impensable en France, des gens viendraient débiter les cabanes taguées pour faire du bois de chauffage. Non, je plaisante, le projet ne verrait même pas le jour car il manquerait les rampes pour personnes à mobilité réduite, des extincteurs, un plan d’évacuation et un Mc Do à moins de 3 kilomètres. Et puis bon, ça servirait sûrement d’abris pour de dangereux réfugiés syriens, donc NON NON NON ! Et puis trop cher. N’oublions surtout pas que la France traverse toujours une grave crise économique. Donc c’est vraiment pas le moment de construire des cabanes pour des putains de randonneurs, pourquoi pas organiser des Jeux Olympiques !
Bref un bivouac au top qui vient clôturer une belle journée où compteurinou a franchi les 22 000 km le jour de nos 17 mois de voyage. Moi je voulais dormir dans l’abri en rondin mais Ophélie a insisté pour monter la tente à cause des moustiques. Y’en a presque pas mais je reconnais qu’il en suffit d’un pour te pourrir la nuit. Ces shelters, on sait dorénavant les trouver grâce à une famille Tchèque à vélo croisée en route et qui nous donna le nom de l’application pour Smartphone : «Shelter», fallait le trouver. Je les ais hélé en leur demandant «Are you really from Chile ?». Ils ont dû vraiment me prendre pour un con mais le drapeau Tchèque n’est pas hyper connu et ressemble énormément au drapeau chilien.
nan, j’vous jure, de loin on confond. Et puis j’avais faim à ce moment-là
Bref on papote et il s’avère rapidement qu’on a un pote en commun : Honza, le gars d’Azub qui nous dépanne de temps en temps. Une fois de plus, le monde est petit.
Après une nuit très calme et un p’tit dej’ avec pain grillé au feu de bois, on repart sur la piste, parfois très caillouteuse et peu roulante. Cette Eurovélo 12 emprunte peu de routes bitumées, c’est très jolie mais usant en fin d’étape. On passe même sur la plage pendant 5 km, génial (pour moi), une horreur (pour Ophélie).
On alterne forêts et landes de bruyères en bord de plage, superbe. On est toujours en Scandinavie, s’il fallait nous le rappeler. Le relief est beaucoup plus plat, tout juste légèrement vallonné.

le petit peuple de la forêt
On vise une shelter pour ce soir mais y’en a pas tout les 200m et on finit la journée sur les rotules avec un beau p’tit score au compteur. Juste le temps de déplier la tente et de manger avant que la pluie ne tombe.

Notez que la hache est parfaitement assortie à mes sacoches
Le lendemain nous sommes claqués et subissons les pistes sur lesquels il faut relancer en permanence. J’évalue la proportion de piste à environ 80%, pour Ophélie, ça tourne aux alentours de 130%. On roule toujours dans des landes de bruyères, les forêts ont disparus. La fin d’étape est infâme avec pluie, vent de face et des Panardos aux jambes très lourdes et mouillées (la flemme d’enfiler le pantalon de pluie).
Il nous faut une journée de repos, alors on va au camping. La nana à la réception est très antipathique alors je laisse Ophélie gérer le truc, je reste en retrait en essayant de contenir Billy qui meurt d’envie de lui claquer la gueule sur le guichet. Billy est mon ami imaginaire, un passager clandestin très taquin.
La nana nous détaille le prix :
- 24 € pour l’emplacement
- 50 centimes la minute sous la douche
- 2 € pour le wifi
- 1,30 € pour la recharge d’un appareil
- Pas de frais pour les vélos qu’elle précise avec le sourire. Billy prépare sa valisette avec les couteaux, il a le sourire lui aussi.
J’ose pas lui demander combien coûte le supplément pour qu’elle soit pas désagréable avec 2 cyclos polis, trempés et harassés.
Puis elle nous liste tout plein de règles à respecter, elle a une petite fiche avec un paquet d’idéogrammes, elle en a l’air très fière, elle a dû passer des heures sur le net pour faire ça. Elle nous précise au moins 3 fois qu’on ne doit pas recharger des appareils dans les sanitaires ou la cuisine et c’est la première chose qu’elle vérifiera en venant nous voir le soir. Hop, coup d’œil furtif aux prises électriques. On pouvait faire tourner les 1000 watts du four à vide pendant des heures, pas de soucis. Mais HORS DE QUESTION de recharger un téléphone !!
Bon, dans sa liste, y’avait pas de dessin expliquant qu’il est interdit de s’asseoir tranquillement dans les toilettes pour handicapés pour recharger un netbook en mettant en ligne un nouvel article.
Il y a un vent de dingue la nuit et la tente est ballottée. On passe la journée suivante dans la cuisine, entre 2 poêlées de patates surgelées et 2 recharges clandestines dans les toilettes. La gérante passe nous voir et devient presque sympa en voyant qu’on est bien sage et qu’on n’a pas jeté de la sauce tomate partout sur les murs. Billy a très envie de lui mettre la tête dans le four, heureusement je le retiens.
- 08/09/2017 … après Sondervig = 61 km
- 09/09/2017 … – avant Esjberg = 80 km
Pour démarrer, 2 heures sous la pluie avec vent de face. On quitte vite la piste collante pour la route peu passante. Conditions affreuses, on n’avance pas et l’eau rentre par le col des vestes. Mais on oublie vite tout ça dès que la pluie cesse et que tout sèche rapidement grâce à ce même vent.

ici aussi on fait nos emplettes chez les discounters. Et on sait ce qui nous attend si on continue.
On arrive tôt à un nouvel abri au bord d’un lac, le soleil nous réchauffe, la pêche ne donne rien. Ophélie accepte de dormir dans une cabane et on passe une sale nuit à cause des moustiques.
Journée quasi complète sur de la piste le lendemain, on va bientôt être prêts pour le Roc d’Azur avec toutes ces relances assassines. On renommera l’épreuve le Rock d‘Azub bien évidemment. Après quelques averses, on arrive morts de faim à une nouvelle aire de bivouac 2.0. Une grande famille replie ses affaires après une longue journée pique-nique et vient papoter avec nous. On devait un peu baver en parlant car ils ne tardent pas à nous donner plein de saucisses grillées, 2 canettes de bières et 4 parts de gâteau chocolat-cannelle. Au top ! Timing parfait ! On leur dit au revoir la bouche pleine et passons une soirée au calme avec nos amies les averses et mon grand ami le réchaud qui déconne de partout.
Je le connais par cœur ce réchaud, je suis comme un Marine américain avec son fusil, je peux le démonter et le remonter dans le noir avec des moufles et en écoutant du Rihanna. Mais là je sèche, il marche à sa guise, crache comme un chalumeau, s’étouffe en déposant de la suie sous la casserole puis redémarre assez fort pour faire de la soudure.
- 10/09/2017 … avant Tonder = 79 km
- 11/09/2017 … – Dagebull en Allemagne = 70 km
- 12/09/2017 … – Husum = 51 km
- 13 et 14 Husum = Tempête et pluie
Les paysages deviennent bien mornes et on se mange 80 km/h de vent de face avec pas mal d’averses orageuses. Quand on les voit arriver, on met la capuche, on ferme au maximum et on enfile nos moufles. Mais on se dit qu’il nous faudrait un sous-marin ou au moins des scaphandres avec les saucées qu’on se ramasse. Heureusement que ça ne dure pas longtemps. Entre les champs, on pousse sur les pédales en essayant de ne pas regarder le compteur affichant un petit 12 km/h… c’est dur. Le soir, on suit le GPS pour une nouvelle shelter mais on se retrouve au bout d’un chemin au milieu d’un champ de gadoue. Il faut repartir, on est crevé, le vent ne nous lâche jamais et il se remet à pleuvoir. On se trouve un coin sympa en forêt, les arbres nous protègent des éléments, les feuilles mortes font un sol confortable et sec. On mange sous la tente et on s’offre une farandole de dessert : Bastognes, Petits Ecoliers et Digestives avoine-chocolat.
Et là, je voudrais dire un truc. Après un périple au long court, les voyageurs disent souvent que rien n’a changé, les amis sont toujours là, la société est identique, c’est toujours la même bouse à la télé… c’était notre cas après les Amériques. Mais cette fois, ça va être différent car il y a eu un changement majeur en ce bas monde pendant notre voyage et rien ne sera plus pareil. Lu fait désormais des Bastognes Duo !!! Révolutionnaire, au moins autant que les Danettes Chocolat-Dulche de Leche.
40 km nous amènent ensuite en Allemagne, pas de frontière, pas de Wilkommen, rien. Même pas de Lidl, on est en pleine cambrousse et il nous faut faire quelques kilomètres pour trouver une supérette et nous faire plaisir. Notre quotidien alimentaire fait un bond énorme. On s’offre même un café en machine, truc de ouf.
Le reste de la journée est affreux avec un vent encore plus puissant et des averses dantesques. Les gouttes tombent tellement fort qu’on croirait de la grêle. Les paysages sont tristes, on se croirait dans un épisode de Derrick. On se réfugie dans un camping et sommes content de voir quelques cyclos. Cool, on n’est pas les seuls à profiter de ce bel été indien.
On va faire un tour dans la «ville», une station balnéaire en fin de saison en fait, assez triste aussi. Je porte mes sandales avec des chaussettes et les gens ne comprennent pas que je ne parle pas allemand couramment. On est tout foufous d’être à nouveau dans un pays «pas cher» et on va se taper une grande bière, une pizza et un tiramisu. Et le lendemain matin, on ne résiste pas au buffet petit déjeuné à volonté à 9 € de l’hôtel/camping où nous sommes. C’était la tempête toute la nuit, il nous fallait un remontant avant de repartir se faire secouer sur la route. P’tit dej rentabilisé rien qu’avec les cafés et cappuccinos.
Étape plus facile que prévue, le vent n’a pas dépassé les 50 km/h et les averses sont restées timides après la saucée de malade du 2eme kilomètre. On roule entre la mer et les moutons, c’est mignon mais on passe beaucoup de temps à ouvrir les barrières entre chaque enclos. On s’arrête en tout début d’après-midi dans un camping, il y a un avis de tempête pour le lendemain, tous aux abris !!!
On passe la première nuit sous la tente, c’est plutôt calme. Mais dans la journée, le vent se lève pour de bon et les rafales atteignent 115 km/h. La tente rue comme un cheval de rodéo, ou un Balkany au tribunal, mais tient bon… jusqu’à ce que les sardines soient arrachées, que le tapis de sol se fasse la malle et que tout soit retourné à l’intérieur. On plie tout en catastrophe et nous réfugions dans la salle télé pour les 2 nuits suivantes, comme nous l’avait proposé le gérant. Le canapé est top et les documentaires animaliers se laissent regarder, même en allemand. Les douches sont gratuites et on ne sera pas fusillé en utilisant les prises électriques. Le vent est incroyable, des branches tombent, la mer monte et vient recouvrir la piste cyclable qu’on a emprunté la veille. Le 2eme jour, il baisse progressivement mais la pluie donne raison à notre choix de rester au chaud et de nous faire des crêpes après un aller-retour épique pour faire des courses à 3 km. En ville, environ la moitié des boutiques vendent des vêtements de pluie et on comprend pourquoi. L’autre moitié vend des saucisses, des gâteaux aux prunes, du bon pain de seigle, des crèmes dessert et des canettes de bière à 30 centimes. Quel beau pays, climat pourri, paysages tristes mais beau pays. Husum est une chouette petit ville et la pluie n’effraie pas les gens, ils déambulent en imper ou sous un parapluie sans broncher et même les vélos sont de sortie.

la piste cyclabloubloublou

ceci était un champs
On regarde les publicités à la TV, on peut en apprendre beaucoup sur un pays de cette façon. Alors en Allemagne, pour le Hans, la Gretta ou le Gunter de base, il semble très important de boire de la bière, d’acheter des grosses voitures neuves et de prendre un crédit auprès d’une banque souriante et généreuse pour payer ces voitures. On voit aussi Angela Merkel faire un discours pour l’ouverture du salon de l’auto de Frankfort. Attention, ils sont à fond dans les bagnoles les teutons, c’est ce qui fait tourner le pays «modèle» de l’Europe, mouarf.
5 700 000 metallosaures sont sortis des usines allemandes en 2015, ça fait peur. Mais bon, attention, les constructeurs œuvrent pour l’écologie en développant de plus en plus de modèles électriques avec du Blue-Tech, du Green-Power… ça fait propre le bleu ou le vert, comme pour le Canard-WC. C’est l’avenir la voiture électrique : personne ne voudra recycler les batteries, il faudrait construire des dizaines de nouvelles centrales électriques par pays, refaire tout le câblage du réseau mais c’est l’avenir. Youpi.
- 15/09/17 Husum – pas loin de Meldorf = 73 km
- 16/09/17 … – après Bremerhaven = 88 km
- 17/09/17 … – Grossefehrn = 78 km
- 18/09/17 … – Groningen (Pays-Bas) = 97 km
- 19/09/17 … – Assen = 36 km, total kaputt !!
- 20/09/17 Assen = repos et blog
Husum, ça faisait un peu turque mais Meldorf, Bremerhaven et Grossefehrn, ouais, là c’est sûr c’est Allemand.
On enchaîne 3 étapes dans une campagne plate et semée d’innombrables éoliennes. L’Allemagne a prévu de se débarrasser du nucléaire d’ici 2022, et du charbon ensuite, alors faut développer les énergies renouvelables en vitesse. Et si on parlait de décroissance sinon ? Ach, nein ! Das ist ein gros mot !!! Unmöglich !!
Pour faire rouler les voitures électriques, il faudra une éolienne par habitant je pense. Ça va être chaud patate pour les oiseaux migrateurs qu’on voit également en grand nombre. Les oies ont quitté le grand nord pour aller se mettre au chaud, on fait pareil. C’est un peu lent à vélo, la saison avance bien plus vite que nous, plus on descend vers le sud et plus il fait froid.
On dort au camping, pas le courage de bivouaquer avec ce temps humide. Ils sont nombreux et pas chers dorénavant, souvent 12 € pour nous 2. La seconde nuit, après la sordide Bremerhaven et un bac pour franchir l’estuaire de la Wessel, on débarque sous une grosse pluie au camping. C’est la misère, il fait à peine 10°C, on attend que ça passe sous un bout de toit avant de monter la tente. La gérante prend pitié de nous et nous propose gracieusement un petit cabanon. Top, elle nous sauve la journée. Les Allemands sont vraiment sympas, souvent chaleureux. Quand on s’arrête quelque-part pour manger ou faire sécher les affaires, il y en a souvent qui viennent nous parler.
A Grossefehrn, nous sommes acceuillis par Marion du réseau Warmshower et nous passons une super soirée avec en prime un bon repas végétarien : quinoa avec une sauce curry-coco-pois chiches, une tuerie. Nous n’avions pas mangé de quinoa depuis le Pérou ou la Bolivie, Ophélie ne pouvait plus y toucher après tout ces délicieux almuerzos andins. On ne sait pas quoi penser de la consommation de quinoa, certes c’est bon pour la santé mais le fait d’en consommer dans nos pays riches a fait augmenter son prix dans les pays producteurs d’Amérique du Sud et créé des cultures intensives pas très green, ça enrichit quelques producteurs mais prive le Bolivien ou le Péruvien d’une denrée autrefois peu onéreuse. Du coup ils bouffent du riz dégueu importé de Chine. La solution ? Acheter de la quinoa française, ça pousse aussi chez nous.
Marion nous dit que ses voisins prennent sa famille pour des fous quand ils accueillent des étrangers comme nous. En Allemagne aussi flotte un doux parfum de xénophobie.

Tabea, une des filles de Marion
Sur les vélos dès 8h le lendemain, 9°C et brume. Mais ça se lève rapidement et nous pédalons dans un paysage un peu plus attrayant, les champs sont un peu moins grands et les chênes plus présents. Le vent est complètement tombé, ça roule tout seul, enfin ! On fait nos derniers 50 km en Allemagne et passons aux Pays-Bas. Juste un petit pont au-dessus d’une rivière, aucun panneau. Sûrement une volonté de l’Europe de paraître unifiée, d’être une nation. M’enfin, ils auraient pu laisser quelques barbelés et des miradors pour le folklore. Là c’est comme si on passait de l’Oise au Val-d’Oise. Quoique même là y’aurait un panneau «Bienvenue dans le Val-D’Oise, bonne chance».
On pensait rouler un peu plus en Allemagne mais le temps n’incitait pas du tout à longer la côte et nous avons coupé par les terres. C’est un pays génial à vélo, des pistes cyclables partout avec plein de petits panneaux de direction. Mais on se demande la raison de toute cette infrastructure, est-ce pour inciter les gens à se déplacer à vélo ou est-ce pour laisser le champs libre à la sacro-sainte bagnole ? Probablement les 2, avec un penchant pour la 2ème tout de même. Quoi qu’il en soit, on aimerait voir la même chose en France. Mr le président élu par les médias, Mr Macron, c’est pas un truc de fainéant le vélo, alors au boulot ! Si je peux me permettre un petit conseil : faire payer des impôts à vos potes de Total, Peugeot et BNP devrait largement suffire à couvrir le territoire de pistes cyclables. Bien à vous, bisous.
Nous voilà donc aux Pays-Bas, pays du vélo. Les infrastructures cyclables sont encore plus impressionnantes et ça fait très plaisir de voir tant de gens à vélo. Et ça roule fort, c’est pas de la balade, ils vont au boulot, à l’école, faire les courses… de l’utilitaire ! Je ne sais pas comment ils font pour rouler si droit sur leurs grands et lourds vélo hollandais mais c’est tellement plat ici. Les plus grands cols sont les ponts au-dessus des autoroutes, au moins du 3% sur 50 mètres.
Les routes sont bordées de grands chênes séculaires, les pelouses des maisons sont bien tondues, tout est propret. Comme dirait un ami avec des chemises en serpillière : «on se croirait parfois dans le Truman Show, vive Mélenchon». Ouais, il finit souvent ses phrases comme ça, même quand ça n’a aucun rapport.
C’est extrêmement plat et sans vent mais on finit pourtant l’étape très fatigués. C’est bizarre, on n’avait moins de mal en Norvège. Peut-être un contre-coup, peut-être que nos jambes sentent l’écurie et ne veulent pas rentrer.
A ce propos, on nous demande souvent ces derniers jours «alors, comment ça se passe dans vos têtes cette fin de voyage». C’est gentil les amis, merci, mais j’ai envie de répondre «hé ho, c’est pas fini bordel !!».
Il reste un bon gros mois les amis, Amsterdam, Bruxelles, les Ardennes avec lardons et fromage, Euch’Nord, Camembert-Land… Imaginez qu’avant votre départ pour 3 semaines en vacances, Gégé, votre collègue super lourd qui pue de la gueule (on a tous un Gégé dans sa boîte, le nom change parfois mais le principe reste le même), bref imaginez que Gégé vienne vous voir après son café-clope (haleine corrosive) et vous sorte «Alors, pas trop triste ? Bientôt la reprise ! Vivement Noël dans 6 mois ah ah ah !». Là je parie que vous pensez très fort à lui agrafer la tronche. On a tous un Billy au fond de nous.
Le lendemain, on est KO et on se traîne comme des limaces sur 36 malheureux kilomètres avant de se poser dans un chouette petit camping à côté de la ville d’Assen. Jour de repos, wifi, fauteuils, temps pas trop mal et vin blanc à la place du mojitos, c’est bon, le combo est réuni pour taper cet article.
«Alors, comment ça se passe dans vos têtes cette fin de voyage ?»
Pas trop mal, c’est progressif, le changement se fait en douceur au fur et à mesure qu’on pédale dans des pays ressemblant de plus en plus à la France. On a le temps de se faire à l’idée qu’on rentre, même si ce qu’on va faire ensuite reste un peu flou. Et puis la météo nous aide, on dirait que l’hiver débarque d’un coup et, forcément, ça donne des envies de salon, de cuisine, de douches chaudes, de machine à coudre et de tout les bons côtés de la sédentarité. On a hâte de revoir des amis et d’entendre parler français. Mais comme j’écrivais un peu plus haut, c’est pas encore fini !
Je crois qu’on va prendre plaisir à traverser ces Pays-Bas, c’est serein, c’est calme, c’est facile, les gens sont cools et le temps se fait plus sec désormais. Et vous verriez un peu les supermarchés !! Je confirme que c’est bien l’autre pays du fromage et j’ajouterais que c’est aussi l’autre pays du saucisson ! On essaye de le faire durer 2 jours mais c’est pas facile car entre 2 tranches de baguette et du beurre, c’est le sandwich dont je rêvais depuis longtemps. Et puis le rayon beurre de cacahuète est hallucinant, j’étais scotché hier, il fait 2m de large, ma sacoche bouffe va prendre cher. Pas grave, c’est tout plat.
Well done les Panardos !!!!
22 000 bornes… C’est beau ça ! C’est plus que la moitié d’un tour du monde… C’est la distance entre la France métropolitaine et Wallis & Futuna (j’y demanderai ma mut’, un jour…) C’est plus que ce que ma caisse + celle de Béa parcourent en un an, bien qu’on habite en hyper ruralité… C’est à peu près la longueur du « Grand Sentier » canadien qui sillonne tout le territoire… Ouais… 22 000 km, ça parle…
Sinon, il faudra absolument m’expliquer comment tu fais pour… retenir ?… calmer ?… museler ? Billy. J’ai, moi aussi, un ami imaginaire un peu « soupe au lait », mais je me laisse déborder, c’est souvent lui qui a le dernier mot…
Au secours…
Si j’enlève sa camisole à Billy, je risque la taule et le « c’est pas moi, c’est Billy » ne tiendra jamais devant un juge. Surtout pour enlèvement, torture, acte de barbarie, séquestration et tabassage à la pompe à vélo sur gérante de camping. Non, ça ne tiendra pas.
Ah les amis on pensait bien à vous avec ce temps pourri, mais aujourd’hui ça s’arrange et on pense bien à vous encore. Alors on va enfourcher les biclous pour aller chez Lidle. Bonne bouffe et machine à coudre, on est en plein dedans et vous verrez qu’on en a vite assez. Les campings allemands sont bien sympas avec vous, plus qu’ils ne l’ont été avec nous. C’est peut-être une question de région et de saison. Quant au Billy de chacun, en France, il s’énerve souventi. C’est dommage, il est pourtant beau notre pays, mais quel bordel.
On est triste que vous rentriez dans un mois, on n’aura plus notre feuilleton. Plus Belle la Vie au moins ça dure, mais on est moins accros.
Bises à tous les deux
Oh oui, je suis sûr que vous avez une belle paire de Billy tout les 2, je dirais surtout pour toi Frédérique !
Nous sommes entré hier dans la francophonie, adieu les pistes cyclables et les automobilistes cools. Les fauves sont lâchés, Billy va avoir du boulot sur la route.
Le retour , c’est pour mieux repartir , donc pas de problème, merci encore pour les SUPER récits.
Bises ;
J-B er Catherine
Vu
Toujours aussi prenant ton récit de vos aventures, sans parler des photos, et dire que cela va bientôt s’arrêter. C’est certainement aussi difficile à encaisser pour vous que pour nous.
Ton film est effectivement une sacrée réussite. Nous sommes passé de l’émerveillement, au rire, aux larmes… c’est con à dire mais c’est comme ça.
Courage pour la suite, l’été indien n’est pas qu’une légende.
Bonne route (chemin) à tous les deux
Merci les amis. On est content de voir que la Turquie vous a plu et on espère que vous ne déchanterait pas trop en Grèce.
On espère vous revoir.
Pingback: Vendredi – cyclotourisme – Becancaneries
Ouf ! Je viens de vous rattraper, juste à temps; début juillet, j’avais presque un an de retard mais depuis lors, j’ai lu le plus chouette des récits d’aventures, ça s’appelle je ne sais plus comment « Les pieds devant » ou « Les Panardos en folie » et c’est sur le web, plein de photos fabuleuses de pays qu’on a envie d’aller visiter – ou pas, des récits picaresques comme l’ours japonais ou la collection de cadavres d’animaux (là, je ferme les yeux), un humour ravageur, enfin, tout quoi !
Un bémol tout de même, ça a été parfois vraiment dur de vous traquer sur maps, ca m’a pris un temps fou !
Et dire que cette histoire va se terminer et que ses auteurs vont même passer à côté de chez moi ! (entre Bruxelles et Ardennes).
Si vous le sentez, vous pourrez même avoir le gîte et le couvert, n’ayez pas peur, mais c’est tout près d’une centrale nucléaire, je sais que c’est dur à envisager mais c’est pour vous préparer, vous en croiserez d’autres.
Profitez bien de vos pistes cyclables hollandaises, dès que les indigènes parlent français, vous quittez le monde bike friendly !
Ah Poupa, tu ne viens pas souvent sur le blog mais tes commentaires sont mémorables !
Tu as 1000 fois raison pour le Bike Friendly. Ça s’est arrêté dès qu’on a entendu parler français, à 20 km au nord de Bruxelles. Vivement que les Hollandais envahissent l’Europe (et qu’on soit capturé par des hordes sauvages de Hollandaises en mini-jupe)
Sympa et accueillant ce Danemark ! Incroyable l’idée des kiosques légumes. Merci pour cette découverte.
Mon coup de coeur ? Les 2 « impensable » et surtout l’argumentaire du deuxième avec les jo et l’acces handicapé.
FRED, faut que tu penses à faire de la BD, on a connu des moins bons qui ont fait fortune…
Et l’idée de s’installer confortablement sur un chiotte pour rédiger le blog, c’est un truc que tu as découvert en Turquie dans leurs dos à dos ?
Au final (ou presque car c’est vrai il reste quelques grosses journées de pédalage…), je regrette pas mes 72 heures passées sur ce long blog. ça a envoyé du lourd avec une régularité de pro!
Like jv
Ah ben comme ça vous avez un ami qui porte des chemises en serpillière ? Faudra penser à me le présenter, je suis sûr qu’on va s’entendre. Sinon, à un moment de pluie, il peut être plus efficace de nager que pédaler (je dis ça, c’est pour vous aider). Pour le vent, il suffit de mettre un paravent (il en vende des pas chère), c’est assez efficace sur la plage alors vu que c’est grosso modo le même genre de déplacement d’air, on peut penser que ça marche aussi bien sur une piste cyclable ! Vive Mélenchon.
Vu
Je viens de lire le dernier épisode. Je vous « suis » depuis notre rencontre au Laos (groupe de 4 qui venait d’apercevoir les dauphins d’eau douce). Chapeau bas! Merci pour tous ces beaux moments de partage, votre humour, votre vision de notre monde. Je serais ravie de vous recevoir pour une raclette ou fondue dignes de ce nom puisque je suis une « dame de Haute-Savoie ». Vous allez me manquer. Je n’attends qu’une chose : que vous repartiez pour de nouveaux horizons.
Marie