- 26/01/14 Coyhaque – 10 km après Vista Hermosa = 64 km (D+ = 1400m !!)
- 27/01/14 … – 13 km après Villa Cerro Castillo = 51 km (D+ = 670 m)
- 28/01/14 … – le long du Rio Murta = 57 km (D+ = 670m)
- 29/01/14 … – Puerto Rio Tranquillo = 56 km (D+ = 760m)
- 30/01/14 … – bord du lac = 37 km (D+ = 614 m)
- 31/01/14 … – 11 km après Puerto Bertrand = 44 km (D+ = 800m)
- 01/02/14 … – Cochrane = 41 km (D+ = 790m)
Ouais, « la plus belle route du monde », carrément. J’exagère un peu car il fallait bien un titre accrocheur et « Britney Spear nue » ou « Shumacher se réveille enfin et reconnaît le meurtre du petit Gregory » n’aurait pas eu de sens.
Mais, pour moi, c’est bien la plus belle route de ce voyage. La plus dure également, et c’est bien l’avis de la plupart des cyclos du coin, même de James et Maggy qui approchent les 2 ans de voyage.
J’y connais rien en psychologie mais je pense que le gars qui a dessiné la carretera a beaucoup manqué d’affection quand il était petit. Et ses parents devaient souvent l’abandonner pour aller faire du vélo, ces cons. Du coup, il s’est vengé comme il a pu et c’est comme ça qu’on se retrouve à grimper du 9 à 17 %, sur de la piste en tôle ondulée histoire de bien faire les choses. Nous reviendrons prochainement sur ce dernier point, sous la forme d’une biographie passionnante.
Donc c’est parfois très physique, l’effort est intense sur des vélos chargés et les muscles étouffent.
Mais ça en vaut sacrément la peine, les paysages sont surréalistes. Parfois, sur un même plan, on peut admirer une rivière bleu turquoise, des sommets enneigés, un glacier et un arc-en-ciel. C’est Disneyland, il manque juste quelques nains et des fées débiles.
On passe au récit des étapes ?
Nous quittons Coyhaique avec Tom et Flo mais nous séparons au bout de 30 km. La jante de Tom se fissure, elle est foutue. Ils retournent en stop dans la ville, on les retrouvera plus loin.
On continue et ça grimpe bien. Après un col à plus de 1000 m et un sympathique vent de face, on atterrit dans un superbe camping d’état, primitif : pas d’électricité et chauffe-eau au bois, on adore.
Et quelle surprise de voir débarquer James & Maggy le soir 19h30 ! On n’est pas resté seul très longtemps.
Le matin, il fait 8°C, on sent le froid qui descend des petits glaciers au-dessus. On passe un bébé col à 1100 m et on descend vers Villa Cerro Castillo, magnifique.
Là, on s’arrête dans un spot qu’on nous avait chaudement recommandé : le Bus Burger ! C’était vraiment bon et on était bien lesté après l’assiette de frite. Au dessert, on a vécu un drame.
Avec Maggy, on avait repéré des Magnum au Dulce de Leche dans un congélo. On s’y dirige en se frottant les mains, bave au lèvre et, là, la nana nous déclare, comme ça, de but en blanc, sans prendre de gant : « on a perdu la clé du congélo ». Sans le soutien de James et Ophélie, nous serions tombés immédiatement en dépression, allongés en position fœtal sur le lino graisseux du bus.
Bye bye le bitume, c’est parti pour environ 500 bornes de piste. Et ça commence très fort avec une pente à plus de 10 %, caillouteuse et un vent de fou. On a connu des vents plus forts en Argentine mais celui-ci est brutal, irrégulier et tournant. Plus que des rafales ou des bourrasques, il nous envoie vraiment des grosses claquasses dans la gueule, soulevant du petit gravier au passage. Même à pied, ça déséquilibre. Sur ce passage de quelques kilomètres, ce n’est plus de la cyclo-rando ni du VTT mais carrément du trial, voir même du funambulisme, en pleine tempête.
On se trouve un camping à la ferme en fin d’après-midi. James sort par magie des canettes de bière de son sweat et on passe une bonne soirée à l’abri du vent.
Au matin, le vent s’est calmé et il ne nous gênera plus trop, même si on le gardera de face pendant 2 jours. On passe une journée incroyable et j’ai pas assez de vocabulaire pour décrire les paysages. Les photos ne suffisent pas à montrer la puissance du décor, le surréalisme des couleurs et la majesté écrasante des montagnes. La vache, j’ai tout donné là.
Au bout de 50 km, on est cuit et on se trouve un bon spot au bord du Rio Murta, sans savoir que Tom et Flo poseront leur tente à 200m de nous, en amont.
On se fait une soirée bushcraft avec feu de camp et atelier aiguisage de couteau. On est comme des gosses avec James, on parle réchaud, couteau et vélo, poil au dos.
Aiguiser un couteau au coin d’un feu avec une chemise à carreau, c’est vraiment un truc de mec. Moi, j’aime bien le faire en fixant Ophélie de biais avec un méchant rictus. J’ai rien trouvé de mieux pour la faire obéir, à part kidnapper son pot de Nutella. Une fois la lame bien affûtée, elle sait qui c’est l’pâtron.
James plante son couteau de Rambo dans un arbre, genre Crocodile Dundee. Il y restera le lendemain, ça fera un heureux.
Il pleut toute la nuit, on déjeune sous la tente et on la plie trempée, elle pèse un âne mort. James et Maggy flemmardent, on part sans eux.
C’est parti pour 5 heures sous l’eau. On repère des traces de vélo sur la piste et, au bout de 2 heures, on rattrape 2 malheureux avec les pieds emballés dans des sacs plastiques. Bingo, c’est Tom et Flo !
La pluie ne cesse jamais et on arrive complètement mouillé à Puerto Rio Tranquillo, au bord du plus grand lac Chilien, qui est en fait à cheval entre le Chili et l’Argentine. A cause de la pluie, on a roulé non stop sans presque rien manger, à part des côtes terribles, dont une à 17 % avec de la tôle ondulée comme des marches d’escalier.
Comme on est 4, on se prend une cabanas, c’est un petit chalet tout équipé avec poêle à bois. Ça coûte un bras mais faut faire sécher les affaires pour repartir dès demain. On profite de la cuisine pour se faire une pleine marmite de patates sautées avec carottes et oignons, terrible. On fait bouillir 4 grosses saucisses : 2 pour le dîner et 2 pour la route le lendemain. On mange les 4 illico.
Super journée, beau contraste.
Au matin, grand soleil et vent dans le dos. On ne part qu’à 11h après avoir nettoyé les vélos et graissé les chaînes. On s’astique un peu la chape également (Jésus Marie Joseph ! Je deviens comme ces monstres !). Je change mes patins de frein arrière (achetés en Bolivie) alors qu’ils n’ont que 5 ou 600 km. Ceux à l’avant (de France) ont plus de 6000 km et sont toujours bons.
Nos gaines et câbles (encore d’origine pour les freins, 5 ans et plus de 20000 km) sont complètement morts et faut de la poigne pour passer les vitesses. Faudra attendre pour changer tout ça, y’a rien avant longtemps.
On part sans Tom & Flo, occupés à s’arracher les cheveux sur un réglage de frein sur une roue voilée. ‘vont finir chauve sur ce coup là les pauvres. On ne les reverra plus, ils ont dû changer de plan au dernier moment, qui sait ?
L’échauffement est brutal avec une longue côte entre 9 et 11 %. Étape très difficile, la tôle ondulée nous rend dingue parfois, ça nous bouffe trop d’énergie et ça donne mal à la tête.
Fred, 13h40 : « Oh ! Regardes, un condor ! »
Ophélie : « Pfff, c’est un dindon ! Ah ah ah, j’vais bien me foutre de ta gueule dans le blog ! »
C’est pas la 1ere fois que je confonds un dindon avec un truc plus classe. Vous vous souvenez sûrement de l’histoire de La Plume. A ma décharge, tu vires les bajoues, tu rajoutes une collerettes de plumettes blanche et tu fais du dindon un condor. Un peu comme une Fuego rouge tunée, ça finit presque par ressembler à une Ferrarri, non ?
On croise un petit camping à la ferme. A la base, on s’y arrête car la nana vend des cerises à tomber par terre et puis finalement on pose la tente car le coin est sympa et on peut papoter avec un couple de cyclo allemands (65 et 69 ans, respect). Cerise sur le gâteau, James et Maggy se pointent 2 heures plus tard et on se fait une soirée façon vieux trappeurs canadiens. On pue le feux de bois et le mouton crevé.
Lesté d’un kilo de cerise, on repart ensemble le matin sur une piste toujours aussi cassante. J’en ai marre au bout de 20 km, les cuisses HS, pleines d’acide lactique. Pareil pour James, on n’avait pas eu mal aux jambes comme ça depuis très longtemps. Les filles continuent de pédaler comme Robocop. Ça s’inversera le lendemain. On avance cahin-caha, toujours dans un décor surprenant. On avait pris soin de ne pas regarder de blogs, de guides ou d’émissions TV et on est souvent surpris par tout ces lacs, ces glaciers et ces sommets.
A Puerto Bertrand, on achète tout ce qu’on peut dans la misérable épicerie et on accomplit l’exploit de transporter 8 œufs pendant 11 km de piste très cahoteuse. Bilan : 0 cassé alors qu’ils étaient tous dans le même sac.
On se trouve un p’tit camping sympa, rien que pour nous, comme souvent. Cette année, à cause d’un été inhabituellement frisquet , il y a très peu de touriste. Tant mieux pour nous.
Au matin, on repart sous la pluie mais elle s’arrête aussitôt, dévoilant le soleil et un bel arc-en-ciel au dessus du Rio Baker au débit impressionnant. La piste est meilleure et le 10 % n’est plus qu’une formalité en l’absence de tôle ondulée.
On frôle la vitesse moyenne de 12 km/h, j’suis comme un dingue et j’enchaîne les raidards pendant qu’Ophélie tire la langue. Chacun son tour, je la fais tenir avec un carré de chocolat en haut de chaque côtes. Le temps se gâte mais on arrive à Cochrane avant que ça tombe pour de bon. On s’en tire super bien côté météo.
James, 12h39 : « Holly shit ! This is fucking steep !! »
Un resto et on file au camping. Il est naze et on est entassé. On a toujours un sentiment bizarre après quelques jours passé dans la nature, on a du mal à être entouré de gens et on trouve la ville étouffante. Pourtant, Cochrane, c’est pas la mégalopole, 2000 habitants à tout casser. On est des indiens dans la ville, des Mimicikus. Bon, je dois bien reconnaître qu’on kiffe à mort le petit supermarché. Surtout qu’on doit se ravitailler pour 4 jours.
On serait bien repartis dès le lendemain mais nos cuisses ont vraiment besoin de repos après ces 10 étapes d’affilées, surtout avant d’enchaîner les 4 ou 5 derniers jours sur cette fabuleuse carretera australe.
Donc voilà, il est 11h du mat’ en ce Dimanche 2 février et je viens de finir cet article et le précédent pendant qu’Ophélie s’occupe du linge, le coup de l’aiguisage a super bien marché.
A dans quelques jours pour la suite, le wifi ne court pas les rues ici.
Oh quel bonheur cet article Je vais l’imprimer et l’adresser à tonton Gérard qui n’est pas encore geek Gros bisous et rdv dans un peu plus d’ 1 mois
Envoyé de mon iPhone
tout nos articles cartonnent, tu devrais tous les imprimer et les faire relier. Et tu pourras appeler ça : « Mike Horn est une fiotte à coté des Pieds devant »
Pas mal encore une fois. Finalement plus on en chie, plus on apprécie et c’est là que le parcours reste mémorable. Finalement vous auriez dû traverser le Sud Lipez. 😉
Je ne sais pas si c’est la fatigue mais l’on peut voir qu’Ophélie tient tête aux voitures (rouges). Elle à raison de ne pas se laisser prendre la piste par un machin qui pollue. Non mais…
Question temps finalement, vous nous ferez pas pleurer avec vos pipais de moineaux qui vous arrosent de temps en temps. En France vous ratez l meilleurs. Beaucoup commencent à revendre leur vélo pour investir dans un pédalo (sans voile car le vent est suffisamment fort pour pousser des tankers sur les rochers)…
Bonne route
Chapeau bas , bravo, y’a pas de doute les photos que vous nous envoyez sont superbes mais on imagine bien quelles sont le pâle (pardon) reflet de ce que vous prenez dans les mirettes !!!
J’adore miss Ophélie et ses dauphines, une couleur rouge dans ce décor de cowboys , ou était le tube de rouge à lèvres ????
Bon il était temps d’envoyer des nouvelles on commençait à se demander si quelque animal n’avait pas trouvé vos cuisses de gringos appétissantes , nous sommes rassurés, on attend la suite avec toute notre impatience …bisoux xxx de notre chère Bretagne noyée sous les eaux
En effet, la réalité dépasse de loin les photos, c’est vraiment impressionnant.
A bientot pour des nouvelles, vous verrez que les Azub ne sont pas indestructibles…
La vache, suspense de malade !!!
Waouuuu c’est quoi cette histoire d’indestructibles??? Moi qui était près à prénommer mon vélo « Bob »… Mékeskya? kecepastil?
Sois patient, ça vient
C’est vraiment beau, cette partie du monde. Ca me rappelle pas mal chez nous, mais c’est tout de meme différent. Superbes lacs a l’eau turquoise ! Et vous me donnez faim a parler bouffe ! Tiens, je vais aller manger un Magnum au Dulce de Leche (cruelle que je suis). Bon courage pour le reste de la tole ondulée, la souffrance en vaut la peine, apparemment !
Merci Aude. Alors, c’est comment de manger un Magnum quand il fait -10°C dehors et que t’as pas vu le soleil depuis 10 jours ? Hien ?
Cruel que je suis 😉
Un de vos plus beau article avec celui de votre Paris Dakar . ( tient , tu pourrai lancer un vote avec les 249 autres followers… )
Fred , tu va bientôt pouvoir tailler ta barbe a la James , ca devrai le faire !
Un problème avec les vélos ? J’espère pas trop grave , on est prêt a vous envoyer toutes les pièces qu’il faut pour que vous puissiez continuer ( je t’envoi même un velo si tu veux) trop dur le suspens !
Toi, tu kiffes quand on en chie un peu !
Ok, envois moi un métacarbone stp
Salut les quatre pieds devant…… c’est bon, j’ai regonflé les pneus du Koga et je part vous rejoindre pour les 1000 dernières bornes. Maintenant que vous commencez a ralentir la cadence, je vais pouvoir pédaler à votre rythme !!!!
En effet Mike Horn peut s’accrocher et en plus votre blog est plus plaisant à suivre et à lire quant a vos photos c’est sans comparaison……
Yes, on freine un peu. On a fait que du 26 km/h sur la dernière étape, des larves j’te jure. J’ai parlé avec un gars en Koga 28 pouces hier. Il m’a demandé si ça passera sur la carretera. J’lui ai dit : « bonne chance »
Tout simplement superbes vos photos, et très beaux récits. On ne s’en lasse pas! il est vrai que parfois même si les photos sont très belles, elles ne reflètent pas la beauté que l’on a devant les yeux. Nous revenons de 15 jours à l’île Maurice, c’était superbe. Profitez bien, car le retour n’est pas facile au bout de 15 jours, alors je n’imagine pas au bout d’un an. Amicalement.
Salut les enfants ! Eh Fred, pourrais-tu avoir l’amabilité de me passer le sel s’il te plaît ? Pouvez-vous écrire en très gros caractère sur la route le mot «umbrella» pour prouvez que vous ne faites pas un montage avec deux trois carte-postale ? Parce que là je trouve l’endroit tellement sympa que ça en devient suspect ! Sinon, Bonne balade et à bientôt !
Quoi ? quel est donc cette faiblesse sur les Azub ? Ne me laisser pas partir dans l’inconnu ! allez Fred ! fait quelque chose ! Plé-aze !
T’embêtes pas pour la faiblesse. Toi tu pars avec un rohloff, une suspension à air et des freins à disque. Amène un vélo de rechange
viiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite, on veut lire la suite et plus particulièrement l’arrivée sur le lago El Desierto !!!!
Pfff, ces 6 p’tits km ? Tu vas être déçu, on a adoré !