Les Pieds en Terre de Feu – 1ere partie

  • 04/03/14 Punta Arenas – quelque-part au bord de la Baie Inutile = 72 km
  • 05/03/14 … – 15 km avant Cameron = 75 km
  • 06/03/14 … – 10 km avant Pampa Guanaco = 91 km

Là où, même dos au vent, tu te pisses dessus.

Miss Terre de Feu 2014. Ou Mister de Feu

Miss Terre de Feu 2014.
Ou Mister de Feu

*** Z’êtes prêts chers followers ? Prêts pour la dernière fournée de vos Pieds Devant en Amérique ? Prêt à lire notre dernier bout d’aventure aussi beau que sauvage ? Prêt à découvrir la Terre de Feu à travers nos yeux déjà tristes à l’idée d’être arrivés ?

Je vais essayer de ne pas être mélancolique, larmoyant et chiant ; pour ça, y’a déjà les ¾ des prix littéraires français. C’est parti ***

2h30 de traversée

2h30 de traversée

On part aux aurores histoire de ne pas louper le bateau. Nous longeons le détroit de Magellan sur une piste cyclable. Et ouais, une piste cyclable ! En Amérique du sud ! Fallait la trouver celle-là !

C’est superbe, on se dirige vers des terre légendaires et on va se faire notre Odyssée de l’Endurance à nous. Haut les cœurs.

On embarque sur le bateau en compagnie de 2 argentins. L’un d’eux roule sur un Koga Randonneur. T’as vu Papa ? Il aura fallu qu’on se coltine 13000 bornes pour en voir un comme le tien ! Pour la petite histoire, ce vélo appartenait à un cyclo français qui, après être arrivé à Ushuaïa, en avait tellement marre qu’il a tout revendu.

Pendant la traversée, on voit des dauphins et Flo apercevra une baleine. Ouais, Flo, c’était la seule motivée pour rester dehors pendant 3 plombes. Moi, vu que j’avais pas mon fusil à baleine, j’suis resté au chaud et j’ai maté un super film anglais : About Time. J’vous le recommande.

Porvenir, Chili

Porvenir, Chili

On débarque, roulons quelques kils jusqu’à Porvenir et mangeons. Bah oui, c’est souvent ça le voyage à vélo. Au bout de 10 mois, vous avez dû comprendre qu’on fait presque que pédaler et manger. Ça y est, on est en Terre de Feu. Bye bye le bitume, c’est parti pour 4 jours de piste. Attention, de la piste de compet’ , bien roulante et avec très très peu de caillasse et de tôle ondulée.

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Il fait beau et, après une grimpette, la Baie Inutile apparaît. Nous la longerons entièrement sur 2 jours, moitié vent dans le dos, moité vent dans la tronche, grandiose. Son nom vient de Magellan, qui, cherchant une foutue sortie pour son futur détroit, arriva dans ce cul de sac. Vu qu’il avait bien galéré pour rien, il avait dit :

« Matelots, point d’issue en cet endroit, car c’est une baie. Nous l’appellerons donc la putain de baie qui sert à rien. Hissez la grand voile, on se casse de ce trou. Et choppez-moi un manchot, j’ai faim. »

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du 11%

du 11%

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Comme il allait finir dans pas mal de livre d’histoire-géo, c’est devenue sobrement baie Inutile. Dommage.

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On se fait un bivouac sympa, à côté d’un abris. Et heureusement car ça souffle pas mal. La tente est bien secouée pendant la nuit, difficile de bien dormir.

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dessin réalisé dans la cahute

dessin réalisé dans la cahute

Le lendemain, on roule jusqu’au bout de la baie, vent dans le dos, trop bon. Bout de la baie = tournant = gros vent dans la gueule.

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On pédale jusqu’à une estancia ou nous demandons de l’eau et un abris pour se faire à manger. Le gars, malgré sa tête de pervers, est sympa et nous conduit à une sorte de cuisine. Avec Tom, on a senti le filon mais les filles ont refusé qu’on les loue 1 heure ou 2 contre un cordero. Elles pensent vraiment qu’à leurs gueules celles-là. On bouffe des pauvres nouilles chinoises du coup.

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un beau lapin (déguisé en renard, mais on me la fait pas à moi)

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j'adore ce cliché

j’adore ce cliché

On repart ensuite vers un parc à manchot. L’entrée n’est pas donnée mais on ne regrette pas. Nous avons pu approcher de très près ces manchots royaux.

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Manchot ? Pingouin ? Y’a une différence ? Yes, on a regardé sur wikipédia. C’est pas la même espèce et pour faire simple :

  • pingouin = hémisphère nord + ça vole
  • manchot = hémisphère sud + ça ne vole pas + ça nage super bien + mais tout le monde appelle ça pingouin

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On passe un super moment. Ces animaux ont l’air vraiment stupides et ils le sont sûrement vu qu’ils passent la plupart du temps sur terre alors qu’ils sont taillés comme des torpilles sous-marine. La colonie que nous observons est là en permanence, comptant 100 à 200 individus, vivant du poisson abondant de la baie. Ils sont vraiment beaux, colorés, vivant en couple et marchant comme des écoliers en file indienne. Ce sont les plus gros manchots après les manchots empereurs. Ces derniers, grâce à une belle couche de graisse vivent plus au sud, là ou ça caille sévère.

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Le guide nous fait confiance en nous laissant approcher les bestiaux. En revanche, il garde bien à l’œil les chiliens qui, par le passé, ont tué quelques manchots en les prenant dans leurs bras, pour la photo.

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Le vent est un peu tombé et nous remontons sur les vélo pour une fin d’étape magnifique.

Flo : « Bordel, elle pète sa mère c’te route. Aller, feu patate ! »

Et c’est bien vrai. Au terme de 4 jours sur cette piste, nous nous dirons que ça égale presque la carretera australe.

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La barre était haute mais c’est tellement sauvage par ici. Presque aucune habitation, pas de téléphone, pas d’électricité, pas de cyclistes, presque pas de voiture. Juste nous, les sempiternelles clôtures, le vent et les guanacos.

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On se trouve une cuvette à peu près abritée et plantons les tentes. La nuit, ce coquin de vent tournera et malmènera les tentes pendant des heures. Tom se réveillera tout ronchon et ça ne s’arrangera pas puisqu’au matin, nous roulerons 2 heures/15 km avec un bon gros vent de face bien glaciale. On se croirait sur un télésiège tellement ça frite les joues.

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A midi, ça souffle très fort et nous devons escalader une clôture pour nous mettre à l’abri derrière un bosquet, sur un beau tapis d’herbe moucheté de crottes de mouton. Ça caille tellement qu’on se fait une soupe (lentille-lard, excellente)

En repartant, un gros camping-car de warrior s’arrête, le gars descend et nous propose de la truite ! Excellent, pile quand on commençait à se dire qu’on était juste côté bouffe. Et vous savez à quel point on peut flipper là-dessus. Trop sympa, il nous les assaisonne, les emballe dans de l’alu et nous fais le plein d’eau. Le gars est photographe pour le National Geographic et voyage ici après avoir fait un reportage sur San Pedro de Atacama.

Si Azub faisait un camping-car, ça ressemblerait à ça

Si Azub faisait un camping-car, ça ressemblerait à ça

On repart et là, c’est la folie. La route tourne et on se prend du 90 km/h dans le dos, bien dans l’axe. On a jamais vécu un truc pareil, les km défilent et on tape parfois du 35 km/h sur le plat, sans pédaler, sur de la piste.

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Du grésil se met à tomber, on s’en fout, on fonce. On a trop envie de pisser, on s’en fout, on fonce. Enfin jusqu’au point où la vessie risque d’exploser. Et là, ça mérite que je m’humilie.

Voilà, quand le vent souffle à mort, faut pas pisser complètement dos au vent. Il faut mettre un angle d’environ 20°. Dos au vent, ça créé un effet venturi et des turbulences terribles, l’urine se vaporise en fines gouttelettes et fait méchamment demi-tour vers la source : ton pantalon si t’as de la chance, la veste si tu te prends la rafale fatale, la gueule si t’es un nain. Dans mon cas, le futal a bien morflé et ça m’a fait mal au cœur en pensant que j’allais devoir le porter comme ça jusqu’à Ushuaïa. Pour la veste, pas grave, elle est déjà jaune et presque imperméable.

Oui, nos standards d’hygiène ont beaucoup baissé en 10 mois. Déjà qu’ils étaient pas très haut au départ…

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On continue et traversons des paysages faisant penser à la savane africaine. Au fond : la cordillère de Darwin, derrière : le cap Horn.

Au bout de 91 km, je repère un spot de bivouac de fou. D’habitude, j’aime bien qu’on pousse un peu plus histoire d’arrondir à 100 km mais, là, y’a les arbres qui coupent le vent, le bon petit tapis d’herbe et du bois sec à gogo pour se faire un bon feu et faire cuire notre truite.

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On passe une bonne soirée, près des flammes pendant que la T°C chute. Il fera 2°C sous la tente quand on se couche et moins de 0°C le lendemain au réveil.

Suite au prochain épisode, ça faisait un article trop long. On prend soin de notre lectorat.

De Puerto Natales à Punta Arenas, fin du Chili

  • 28/02/14 Puerto Natales – Morro Chico = 113 km
  • 01/03/14 Morro Chico – Punta Arenas = 152 km
  • 02/03/14 Punta Arenas = manger – dormir
  • 03/03/14 Punta Arenas = manger et visite hilarante d’un cimetière

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Nous quittons Puerto Natales, toujours en compagnie de nos amis Lyonnais Tom & Flo. On a vraiment bien aimé cette ville. Elle est touristique mais la pression est bien moins forte qu’à El Calafate ou El Chalten, elle reste authentique. Et on y mange trop bien !!

les vélos étaient sous bonne garde. Sous ses airs de nounours, c'était un vrai... bah nounours en fait

les vélos étaient sous bonne garde. Sous ses airs de nounours, c’était un vrai… bah nounours en fait

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Définitivement, nous aurons préféré le Chili (et les chiliens) au sud de l’Argentine (et aux argentins). Vous avez vu, je commence déjà à dresser un bilan… le bout du bout arrive… pffff, fait chier.

Puerto Natales

Puerto Natales

Bon, on a la grosse patate après 2 jours de repos et on roule comme des balles, aidés parfois par le vent. Nous roulons en pleine pampa, d’estancia en estancia, de nandous en guanacos.

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Estancia

Estancia

Une estancia est un ranch, au milieu de nulle part, avec des milliers de moutons.

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On adore cette étape, la pampa c’est sympa et le goudron, c’est trop bon. La vache, j’tiens un tube là, non ?

En fin d’après-midi, on fait le plein d’eau chez des carabineros et on demande si on peut camper en face. Ils sont OK alors qu’il y a un camping à 1 km. Un bivouac comme je les adore, en bord de rivière, avec un abri pour manger et personne autour. Juste nous, nos vélos, la pampa, le vent, la tente, le réchaud qui ronronne et nos t-shirt qui puent : la belle vie.

cette photo prouve encore que les mecs sont des gosses

cette photo prouve encore que les mecs sont des gosses

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Au matin, on se lève tranquillement mais un peu anxieux : on va bouffer du vent à 75 km/h. Au final, ça se passe bien. On roule bien penché quand il est de côté et à fond les trop rares fois ou il est dans le dos. Nos VC sont vraiment stables par grand vent, bien plus que les VD.

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les fameux Gauchos

les fameux Gauchos

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Ça souffle vraiment fort et on vise les abris-bus pour s’arrêter. Les vélos ne tiennent plus sur les béquilles et c’est vraiment un gros challenge de pisser proprement. Par respect pour Flo, je ne décrirai pas la façon dont elle a arrosé les sacoches de son mec.

Nandou

Nandou

Moutons

Moutons

Nous n’avions pas prévu de claquer 150 bornes mais on avait la pêche et on arrive vers 19h30 à Punta Arenas, après seulement 7h30 de pédalage.

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C’était beaucoup moins dur que 40 km sur certaines parties de la Carretera Australe. On se pose dans un hôtel et on file se taper un bon gros hamburger. C’était vraiment 2 étapes au top.

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On reste 2 jours en ville, en attendant le bateau qui nous amènera, tenez-vous bien, en TERRE DE FEU ! Ça claque comme nom hein ? Tout ça à cause des péquenots de l’époque qui faisaient des feux de camp partout car ils avaient la bonne idée de vivre à poil et sans toit. Des vrais warriors ceux-là. J’en reparlerai plus tard, c’est intéressant comme histoire.

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On se ballade un peu dans Punta Arenas et notamment dans son beau cimetière. Y’en a qui se sont fait des tombeaux au moins aussi gros que leur ego, c’est jolie et le jardinier fait du beau boulot.

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Avec Ophélie, on se remet enfin de notre rhume tandis que Flo s’étouffe dans sa morve toute fraîche. Les 2 soirs, on se fait des repas monstrueux à base de patates sautées-bacon-fromage, ratatouille et crêpes au sucre.

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La ratatouille était bonne mais on l’a fait surtout pour avoir bonne conscience (5 fruits et légumes par mois, c’est bien toujours ça??) mais c’est les patates qu’on a défoncé comme des gorets. Quand aux crêpes, préparées avec patience (et un peu de farine) par Ophélie, leur compte est réglée en quelques secondes.On se prépare pour la suite et on blinde les sacoches de nourriture.

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Vous allez voir, la suite et fin de notre road-trip américain a été surprenante et très sauvage. Ça valait vraiment le coup de pousser jusqu’à Ushuaïa. Oui, car, à la base, on y allait que pour la photo à côté du panneau.

Chupe de mariscos au resto la Luna - Punta Arenas. Avec une bière au gout d'aventurier

Chupe de mariscos au resto la Luna – Punta Arenas. Avec une bière au gout d’aventurier

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Un Koga !!!

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Phire, j’suis sur qu’il te fait baver celui-là !

Le distributeur Legrand le plus australe du monde

Le distributeur Legrand le plus australe du monde