Nouveau départ – les Pieds au camping

Salut les followers !

Je voulais faire paraître cet article hier, un 4 avril, pile 2 ans après notre départ vers l’Asie, et pile 1 an après notre embarquement dans le ferry pour le Japon. Mais il n’était qu’à moitié écrit et y’avait plein de fautes. Voilà, il est prêt, il reste des fautes, on est le 5 avril (bonne fête Irène) et il est grand temps de vous parler de la chose la plus importante au monde : nous.

« Nouveau départ ??? Que…quoi… ?? Ces p’tits bâtards repartent déjà ? » vont s’écrier certains. Non non non, pas encore, je vous rassure, les vélos prennent toujours la poussière et ne devraient pas sortir avant les beaux jours. Et ça sera sans les sacoches, juste pour la balade et se demander comment on a fait pour rouler sur des enclumes pareilles. Nos enclumes chéris d’amour. Papa vous aime, ne vous inquiétez pas. Papa nettoiera vos chaînes et vous sortira de la cave.

On se baladera en Normandie, dans le Cotentin, tout près des plages du débarquement. C’est joli ce coin là, c’est très vert, des grands arbres ceinturent les champs, on entend des mouettes, c’est champêtre, bucolique, c’est Jean-Pierre Pernaud, on sent la mer, en un mot : c’est kikinou.

On ira d’un village à un autre, se repérant grâce aux clochers des églises. Pour rentrer chez nous, ça sera facile, c’est le clocher sur lequel pendouille un parachutiste américain .

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Et puis notre maison sera commode à trouver car elle est à 300m et y’a écrit CAMPING en gros sur le toit.

Je clarifie : on a racheté le camping de Sainte-Mère-Eglise !!! Bon y’a pas encore nos trognes sur le site internet mais je mettrais à jour bientôt. Et non, il ne s’appelera pas le camping des Panardos car on garde le nom de la commune, le Maire refusant de renommer cette dernière PanarTown. Dommage.

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C’est depuis le début qu’on visait un camping, le mot début faisant référence à très très longtemps, avant même l’existence des Panardos, soit avant le blog, en 2012. Oui, il y a eu une vie avant la bible ce blog, c’est dur à croire. On savait déjà qu’on aurait du mal à retourner dans la matrice après notre année sympathique aux Amériques. On avait un choix à faire à ce moment là.


Avril 2014, de retour d’Ushuaïa

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Non mais il est trop mortel ce blog, y’a Morpheus en guest-star !

  • Morpheus (M) : Bonjour les Panardos, je suis…
  • Fred (F) : Morpheus, oh putain ! J’suis l’élu, j’en étais sûr ! J’ai vu défiler les codes une fois sur le Minitel !
  • M : merci de ne pas m’interrom…
  • Ophélie (O) : C’est qui lui ?
  • F : Le gars dans Matrix !! Laurence Fishburne !
  • O : « Laurence », hihihi, c’est un prénom de fille ! T’as vu sa tête ? ça lui va pas du tout
  • F : non mais c’est son nom d’acteur, dans Matrix c’est Morpheus, il a trop la classe
  • O : j’aime pas Matrix, j’préfère Love Actually. Ou Dirty Dancing.
  • F : Rhaaaaaa, on parle de Matrice là ! Un monde manipulé, l’illusion du bonheur, tout ça tout ça
  • O : C’est pas romantique, je préfère quand y’a des bisous
  • M : heu, je peux conti…
  • F : Morpheus, truc de ouf !
  • O : il est moins beau que Hugh Grant
  • M : Je… ?!
  • F : MOR-PHE-US, j’y crois pas !
  • O : elles tiennent comment ses lunettes ? Y’a pas de branches…
  • M : VOS GUEULES BORDEL !!!
  • F : ok, vas-y man, on écoute
  • O : moi j’m’en fous, j’vais lancer une lessive, salut Mordicus.
  • M : c’est Morpheus…
  • O : c’est ce que j’ai dit

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  • Morpheus : Reprenons… N’as-tu jamais fait ces voyages Frédo, qui sont plus vrais que la réalité ? Si tu étais incapable de sortir d’un de ces voyages, comment ferais-tu la différence entre le monde du voyage et le monde réel ?
  • Fred : Trop facile, en voyage, j’ai toujours un peu de cambouis sur les doigts
  • M : Je suppose que pour l’instant tu te sens un peu comme Alice, tombée dans le terrier du lapin blanc.
  • F : On pourrait dire ça. C’était vraiment trop classe la careterra australe, fait chier de retourner au taf…
  • M : Je le lis dans ton regard. Tu as le regard d’un homme prêt à croire tout ce qu’il voit, parce qu’il s’attend à s’éveiller à tout moment… Et paradoxalement ce n’est pas tout à fait faux. Crois-tu en la destinée Frédo ?
  • F : Heu, pardon, mais si c’est pour rejoindre les Témoins de Jehova, ça ne m’interesse pas
  • M (soupirant et se massant les tempes): Crois-tu en la destinée ?
  • F : Non
  • M : Et pourquoi ?
  • F : Parce que je n’aime pas l’idée de ne pas être aux commandes de ma vie.

 

*** Silence ***

 

  • F : c’est moi qui vient de dire ça ?
  • M: Bien sûr ! Et je suis fait pour te comprendre… Je vais te dire pourquoi tu es là. Tu es là parce que tu as un savoir. Un savoir que tu ne t’expliques pas mais qui t’habite. Un savoir que tu as ressenti toute ta vie. Tu sais que le monde ne tourne pas rond sans comprendre pourquoi mais tu le sais. Comme un implant dans ton esprit. De quoi te rendre malade. C’est ce sentiment qui t’a amené jusqu’à moi. Sais-tu exactement de quoi je parle?
  • F : Schyzophrénie paranoïaque ?
  • M : … heu, non, pas vraim…
  • F : Syndrome d’alcoolisation fœtale ? Nan parce que je sais que ma mère a eu le levé de coude facile pendant sa grossesse
  • M : je suis fatigué…
  • F : à moins que ça soit la pécole, ça expliquerait tout
  • M : la pécole ? Qu’est-ce donc ? Est-ce là la clef pour nous délivrer ? Ais-je donc bien en face de moi l’Elu, celui qui nous sauvera ?
  • F (mort de rire) : la pécole, c’est la peau du cul qui s’décolle !! J’t’ai eu !

 

*** grand silence ***

 

  • F : pardon…
  • M (se relevant après un micro-coma) : reprenons, sais-tu exactement de quoi je parle?
  • F : de la frustration au travail ?
  • M : exact, est-ce que tu veux également savoir ce qu’elle est ?
  • F : Oui, même si j’ai pratiqué quelques temps
  • M : la frustration au travail est universelle, elle est omniprésente. Elle est avec nous ici, en ce moment même. Tu la vois chaque fois que tu regardes par la fenêtre de ton bureau ou lorsque tu allumes ton PC. Tu ressens sa présence quand tu pars au chagrin, quand tu reviens de congès, ou quand tu vas te coucher le dimanche soir. Elle est le Monde qu’on superpose à ton regard pour t’empêcher de voir la vérité.
  • F: Quelle vérité ?
  • Morpheus: Le fait que tu es une feignasse Frédo. Comme tous les autres, tu es né démotivé. Le monde du travail comme le dessinent les puissants est une prison où il n’y a ni espoir ni saveur ni odeur, ni assez de RTT. Une prison pour ton esprit. C’est la Macrice.
  • F :  truc de ouf, la Macrice… Les 4 premières lettres désignent donc…
  • M : oui, son créateur. Et son plus grand défenseur
  • F : j’savais que c’était un robot !

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  • Morpheus : Choisis la pilule rouge et l’histoire s’arrêtes là, tu te réveilles dans ton lit, tu retournes bosser dans un burlingue, derrière un écran d’ordinateur, pour un taf qui t’excites autant qu’un poulpe mort.
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Bon ok, je dois reconnaître que ça m’excite un petit peu en fait.

  • M : Pilule bleue, tu te sorts le doigts et tu trouves une solution pour un taf plus épanouissant et peut-être moins chronophage.

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  • Ophélie (revenant de sa lessive, rayonnante, accomplie) : Ah, je suis contente, tout est propre ! Faudra vraiment jeter ton t-shirt bleu à la poubelle ! Et j’sais pas ce que t’as fait avec tes boxers mais y’avait des sacrés… oh des bonbons, j’peux en avoir ?
  • F : Tuttuttuttutt, du calme jeune aveuglée, ce sont les pilules du destin pour s’extraire de la Macrice qui nous enferme dans un…
  • O : La rouge est à la fraise ? J’peux la prendre ?
  • F : Hé ho, tu m’écoutes ? J’suis l’Elu j’te signale !
  • O : c’est des pilules magiques ?
  • F : heu… oui, en quelque-sorte
  • O : elles peuvent faire apparaître des licornes ?
  • F : sors de mon dialogue stp.

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  • F : rhaaaaaa ! Trop dur ! Déjà que j’ai du mal à choisir à la pizzeria !
  • M : « la pizzeria » ? Mais bordel, c’est quoi le rapport ? Je te parle de ton avenir là !
  • F : ça se voit que tu connais pas Côté Sud toi. Bon, ok, laisse-moi le temps de la reflexion
  • M : bien, ce n’est pas une décision facile à prendre, je reviendrais plus ta…
  • F : non non c’est bon, j’ai choisi
  • M : ??!!
  • F : Pilule rouge stp
  • M : Que… ? T’es con ou quoi ? Why ?
  • F : faut qu’on reparte vite à vélo mec, c’est trop important. Alors on va gentiment retourner bosser dans la Macrice, mettre des sous de côté et pour la pilue bleue, on verra plus tard
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oui je sais, je lui ressemble, c’est bon, lâchez-moi


On voulait repartir à vélo, il le fallait, donc c’était plus pratique de retourner dans nos jobs plutôt que de se lancer dans un truc nouveau. J’ai eu un peu de mal à l’avaler mais c’était mon choix et puis grâce à des supers collègues, un fauteuil massant, une cantine 3 étoiles et des horaires cool, c’était pas si terrible, faut pas déconner, et on a fait 2 ans d’entre-voyage plutôt sympa, et j’irais même jusqu’à dire sympatoche, voire sympatochasse.


Octobre 2017 : Opération pilule bleue

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Et là, en rentrant de ce voyage France-Japon-France, on s’est mis à fond sur la pilule bleue et on l’a trouvé rapidement, à notre grande surprise. Dès mi-décembre, c’était réglé.

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Sainte-Mère-Eglise, première commune de France libérée le 6 juin 1944,  à 1h30 du Mont St Michel, à 30 minutes à vélo des plages du débarquement (20 minutes en Azub), juste à côté de l’Eurovélo 4, sur le GR 223, à 3h de Paris en voiture, encore moins par le train.

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Ophélie n’est pas trop dépaysée et moi ça me plaît bien ce coin de France, c’est campagne mais pas trop. On a un beau petit camping 2 étoiles, tout simple, le genre où on se serait bien arrêté en vacance cyclo-camping, en centre-ville avec plein de place et de l’herbe bien tendre pour nos amis les campeurs en tente et nos tous nouveaux amis les camping-caristes (40% du chiffre d’affaire). Y’a 9 mobile-homes aussi pour ceux qui voudront nous aider à rembourser notre crédit plus rapidement.

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2 chambres et 2 salles de bain dans celui-ci. Le camping à la dure.

Oui, car la banque est également devenu notre nouvelle amie avec un prêt dont le montant nous permettrait de voyager à vélo une vingtaine d’année. Ca fait peur, première fois qu’on achète un truc plus cher que nos Azub !

Voilà pour la petite histoire, il me semblait important de partager le cheminement de ce qui a amené les Panardos à devenir une SARL. Véridique, on a choisi ça comme nom. C’est jouissif d’entendre la comptable, la banquière ou le notaire dire « Les Panardos ».  On aura même une carte bancaire et un chéquier « Les Panardos », c’est pas la classe ? Vivement qu’on fasse faire des goodies (stylos, brosses à dents, décapsuleurs, stérilets, tresses de yak, hâches, écorches-chatons, lances-poussins et autres jouets pour enfants).

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Le camping a ouvert le 29 mars, ferme théoriquement fin octobre (sauf craquage des nouveaux gérants => fin septembre) et y’a vraiment plein de choses à faire et à voir autour, à commencer par le musée Airborne à 300m du camping et les impressionnantes célébrations du 6 juin. On vous en dira plus dans un prochain article pour vendre notre came et vous faire découvrir le camping et la région. Vous apprendrez, comme moi, qu’on peut passer des supers vacances dans le Cotentin, même sans être fan de la chose militaire. Et d’ici là, j’aurais peut-être à nouveau un appareil photo et pourrais vous mettre autre-chose que des clichés choppés sur le net.

 

En attendant, je peux déjà vous parler de notre tout nouveau métier atypique. Travailler en couple n’est pas chose aisée à ce qu’on dit alors on se répartira les tâches. J’ai proposé à Ophélie de m’occuper du planning, elle a accepté. Le coup du siècle ! elle n’a rien vu venir !

Voici d’abord celui d’Ophélie. En jaune, les obligations professionnelles. En vert, les moments de détente.

Planning O

Cliquez pour agrandir

 

Et le mien. J’adore le vert, c’est ma couleur préférée.

Planning F

Tous les matins, pendant 6 ou 7 mois sans week-end, ni RTT, ni CP, ni jours fériés, Ophélie va donc officiellement devenir une Dame Pipi, elle sera dans ses sanitaires avec son tablier et ses crocs blanches.

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J’ai proposé Mademoiselle Caca mais elle accroche pas.

Oui, parce que faut pas croire, ça a l’air sympa gérant de camping mais on passe pas mal de temps à nettoyer des chiottes. Et des fois ça bombarde sévère.

chiottes

Quant à moi, ça sera pantalon beige, chemisette bleue et casquette rouge. Vous voyez le tableau ?

Forrest Gump (1994)

Avec Forrest, on ne partagera plus seulement les même initiales. Entre autres.

Pour de vrai, on se partagera équitablement les tâches de merde, sauf la comptabilité, Ophélie adooooore et moi ça me donne de l’eczema. Pour les toilettes, j’ai personnellement découvert un monde. J’avais jamais fait avant. Comme beaucoup de mec, je croyais qu’un petit lutin venait la nuit pour nettoyer les toilettes et la salle de bain. En fait non, c’était Ophélie, et puis avant mon père ou ma mère, dingue !

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Un monde peuplé d’éponges, de chiffons, de serpillières, de vinaigre blanc, de gants Mappa et de bicarbonate de soude. Un monde dans lequel des gens militent pour que les hommes pissent assis, chient bien droit et utilisent la… heu…le… heu… le bidule par-terre. Renseignement pris auprès d’Ophélie, il s’agirait de la « balayette à chiotte ».

Bon, je vous ai assez fait rêver comme ça, le mieux sera quand même de venir nous voir, on vous attend.

A tantôt.

Les Panardos

www.camping-sainte-mere.fr

 

Golden Week sur Kyushu

J 390 à 399 / de Seiyo (Shikoku) à Oosaki (Kyushu) / 383 km

  • Une traversée en ferry
  • 8 petites étapes
  • des plages
  • des très belles rencontres
  • 29/04/17  Seiyo – ferry – après Usuki = 34 km / +190m

On a super bien dormi après le feu d’artifice, toutes les voitures sont parties rapidement de NOTRE coin de bivouac. On se lève tôt, redescendons vers la côte et arrivons largement à temps pour embarquer dans le 1er ferry pour Kyushu, la grande île du sud.IMG_2802

Cette fois encore, le personnel est aux petits soins pour nos monstres avec petites cales individuelles et sangles soigneusement positionnées.IMG_2804

A bord, glandouille confortable sur la moquette, le trajet dure à peine 3 heuresIMG_2805

A destination, on fait le plein de bouffe et longeons la côte jusqu’à la 1ere plage pour se baigner et bivouaquer. IMG_2807

Il y a des bungalows avec de la pelouse devant et des toilettes publiques, le tout sous les palmiers et vue sur la plage, au top. On demande à des locataires si on peut planter la tente et ils finissent par nous inviter à dormir à l’étage, à prendre une douche chaude et à partager un BBQ. On est comme des rois, ils nous mettent 2 chaises à disposition (celles avec porte-gobelet), nous offrent des bières, du saké et un gars part même en voiture acheter 2 bouteilles de vin rouge, la réputation des français est solide. On dit que c’est trop, qu’il ne faut pas mais ils sont adorables, ils insistent et disent qu’ils aiment ça aussi. On sifflera les 2 bouteilles à 3 seulement.P1120202

Pendant ce temps, un gars démarre le BBQ au chalumeau et on ne tarde pas à avoir un bol dans lequel on trempe la viande grillée dans une délicieuse sauce inconnue des Panardos. On passe une super soirée, un des gars nous pose plein de questions par le truchement de son smartphone. Ils sont en week-end pour fêter le début de la Golden Week, une semaine ou quelques japonais sont en vacances, pas tous, loin de là. Ils bossent tous dans une petite boîte de transport routier, ils n’arrêtent pas de se charrier, comme en France.

Une bande de motard vient se garer près de la plage, je vais voir, on parle un peu et ça finit en grosse séance photos délires. J’ai dû prendre la pose sur 7 motos. Veuillez excuser la piètre qualité des clichés, les photographes avaient le mal de mer.P1120215

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Tout le monde est KO à 22h, on se dit à demain 5h pour le levé de soleil. Ophélie dit juste à demain, elle ne précise pas l’heure.

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5h, personne à part des pêcheurs au loin et Bibi tout seul avec son appareil photo made in Japan. Pas grave, c’est joli et j’attends tranquillement le soleilIMG_2837

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On prend un p’tit dej’ argentin avec le boss de la boîte et ses enfants : viande grillée, quelques poivrons pour la déco et du riz pour bien caler. On partage avec eux notre trésor : du beurre de cacahuète Skippy, version crunshy, le caviar du cyclo, le Fred’s fuel. Tout le monde aime. Les gouts des japonais sont très proches des nôtres, on ne tombe plus sur des trucs bizarres comme en Chine ou en Asie du Sud-est, genre hyper pimenté ou genre sucré quand tu t’attends à du salé.

On leur dit au revoir chaleureusement. Contrairement à ce qu’on pensait, les japonais ne sont pas distants du tout et très faciles à aborder. On salue en s’inclinant et on sert les mains, c’est plus amicale. Et comme s’ils n’avaient pas été assez sympa, ils nous donnent un sac avec des pommes, du poisson en boîte et de la sauce curry. Quelle 1ere journée à Kyushu.

  • 30/04/17 … – après Saiki = 45 km / +253m

On n’a pas de grandes ambitions kilométriques après la soirée de la veille et le réveil aux aurores pour les braves. Alors on vise un camping à une quarantaine de bornes, route exceptionnelle encore. La mer, la montagne, des petits ports de pêche, des gens qui nous sourient et nous disent « gambaté ».P1120216

Le camping est en haut de la montagne, loin de la plage 200m de dénivelé en 2 km, non merci. Surtout qu’il a l’air bien cher, ça se voit rien qu’au panneau. Alors on suit mon plan, à savoir bivouac (=gratuit) au bord de la plage. On trouve tout de suite notre bonheur avec coin à l’ombre, tables, douches de plage et toilettes, ce pays est un paradis du cyclocamping. On y passe toute l’après-midi entre baignade, lessive et réparation d’une crevaison très très lente.

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  • 01/05/17 … – Nabeoka = 59 km / +710m

Que dire ? C’est beau. On fait la pause pique-nique dans un parc où l’on aurait pu camper sans problème. Des jeunes mariés viennent faire une séance photo : 2 photographes, 1 maquilleuse et une coiffeuse, gros budget.

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Mais nous sommes accueillis par une couchsurfeuse ce soir, on a rdv à 16h. On a le temps, on flâne, on roule doucement et on arrive à 16h01 devant chez elle. Tout de suite on sent qu’on va bien s’entendre, Rika est easy-going, funny , full of humour, very friendly, talkative, interesting et prof d’anglais. Self-made woman, elle a principalement appris cette langue en regardant la série TV Friends. Super, je savais pas qu’on pouvait apprendre des trucs comme ça. Du coup j’suis content car je sais maintenant que je peux :

  • m’échapper de n’importe où (Prison Break)
  • massacrer du zombie (The Walking Dead)
  • intuber 10 personnes en 45 secondes (Urgences)
  • jouer de la batterie comme un dieu (Hélène et les garçons)
  • fabriquer du crystal meth dans un camping-car (Breaking Bad)
  • avoir une morale et un high-kick irréprochables (Walker Texas Ranger)
  • mater des culs à la jumelle (Alerte à Malibu)
  • diriger une mafia locale (Peaky Blinders)
  • souder un cadre de vélo avec mon réchaud et des piquets de tente (MacGyver)
  • transformer mon Doblo en char d’assaut (L’Agence tout risque)
  • aller à l’église, aimer mon prochain et me droguer en cachette (7 à la maison)

On prend une douche, attendons son compagnon Koji (déjà le 3eme Koji chez qui on dort !) et allons au resto, pour notre plus grand bonheur. IMG_2900Rika connaît un peu les cyclos et dans ce resto tout l’accompagnement est à volonté : riz, salade de choux et soupe au miso. On se régale, le porc est croustillant et fondant. Le prix ? A peine 9 € par tête. Les restos sont globalement bien moins chers qu’en France. Dans les sushis-bar, on peut se péter le bide pour moins de 10 €, hors boisson, sauf le thé, inclus et à volonté via un petit robinet sur la table.

On va ensuite à son cours d’anglais et y participons en tant que guest stars, la classe. A cause de la Golden Week, il n’y a qu’une douzaine d’élèves au lieu des 23 habituels, tous des adultes. On fait un dessin au tableau et expliquons notre voyage, ils se montrent très curieux et enthousiastes. Ensuite on s’assoit et suivons le cours, thème du jour : le cinéma (niveau fin de collège je dirais). Je me retrouve à discuter avec une nana, elle me dit que son film préféré est Reine des Neiges. Je lui dit non, c’est pas possible mais elle confirme.

On change de place et je me retrouve avec Hidé, un retraité dynamique. Ses films préférés : Top Gun et Inspecteur Harry, y’a du mieux. Top Gun, quand même… je me pose des questions sur le bonhomme du coup mais je n’ose pas lui demander si sa scène préférée est celle où les mecs jouent au volleyball torses nus, avec gros ralentis sur les smashs. Après ça nous gave et on parle un peu de nous, je lui demande son âge, il me répond « devine ! ». Le piège, les jap’ font toujours beaucoup plus jeunes, alors je réponds 65 ans. Loupé, il a 62 ans et semble un peu vexé. Il me demande le mien, « try to guess ! » que j’lui dit. 39 ans. Que… quoi… comment.. ?! Enfoiré ! J’en ai que 35 ! C’est mes poils blancs dans la barbe qui a dû le tromper, ou bien ma maturité évidente.IMG_2906

Le cours se termine, Rika met vraiment une super ambiance, tout le monde se marre. On sert les mains et l’un des élèves nous offre un porte-clef en forme de tong. Rika éclate de rire, ça vient de Guam, une île du pacifique appartenant aux USA, rien à voir avec le Japon. Mais le gars nous dit que ça nous portera bonheur, c’est émouvant tant de gentillesse.

On rentre chez Rika, buvons une bière avec Koji et installons les futons dans le salon.IMG_2909

Des chats se bagarrant dans la rue nous empêchent de bien dormir. Je suis pas contre le principe de chats qui s’entretuent, mais qu’ils fassent ça ailleurs, sur une route par exemple, ou en silence.

Pour remercier Rika, on prépare des pancakes le matin, avec le fameux Skippy à tartiner dessus, généreusement. Il est temps de repartir, à contrecœur, mais on décide de se revoir le lendemain pour une autre pancake party en mode camping cette fois.

  • 02/05/17  … – Hyuga = 43 km / +310m

 

On roule jusqu’à Umagase, une petit cap au sud de Nabeoka, idéal pour la pause du midi. On a encore un peu ressenti le vin rouge dans le raidillon à 15%.

On rejoint ensuite un camping charmant, la météo annonce de la pluie pour le lendemain et on a grand besoin d’une journée sans vélo. On ne fait pas de grosses étapes mais les up & down nous flinguent vite le cuissot.

  • 03/05/17  Hyuga = resto et calligraphie

Comme prévu, Rika et Koji nous rejoignent pour le p’tit dej’ à côté de la tente. Les pancakes sont mieux réussi que la veille, on vit une grande histoire d’amour mon réchaud et moi. Et quand on se fait un plan à 3 avec la poêle, c’est hyper excitant.

Nos amis décident ensuite de nous emmener faire un tour en Pryus. Où ? Aucune idée, on verra en route. Rika repère un panneau indiquant une manifestation dans un temple. Koji se gare, en marche arrière comme la plupart des japonais, ça doit être pour s’enfuir rapidement en cas de tremblement de terre ou de tsunami.f Dans le temple, il y a des ateliers créatifs et on est tout de suite invité à dessiner un camélia en mode traditionnel avec un gros pinceau et de l’encre de Chine. On a un prof chacun, c’est super. Les gens sont ravis de voir 2 gaijins et quand Rika raconte qu’on est venus à vélo, ils font des « waouhh » japonais. C’est très différent du waouh qu’on connait, ça ressemble plus à un « Hmmmm » qui monte légèrement dans les aigus. Y’a même un gars qui nous filme et prend des photos, super ambiance. On se souviendra toujours de ce moment donc je dis Camélia forever !

On s’installe à un atelier calligraphie et on se demande comment ils font pour retenir l’alphabet et encore plus pour écrire rapidement.

Un moine nous offre un sorte de porte-clef en bois pour nous porter chance mais on ne voit pas bien comment on pourrait être plus en veine que maintenant.

On va ensuite dans un des resto préférés de Rika et Koji, spécialité nouilles. Je prend comme Koji (menu morfale), pendant qu’Ophélie prend comme Rika (nouille et tempura de légume). On se régale.

Nos amis nous redéposent au camping et avant de se dire au revoir, Koji se ramasse avec le vélo d’Ophélie et Rika nous offre des petits koinobori à mettre sur nos vélos, c’est des fanions en forme de carpe qu’on voit partout en ce moment. Ça symbolise la fête des enfants, le 5 mai.

Pourquoi une carpe ?

les Japonais la considèrent comme le poisson le plus vif, le plus énergique et si plein de vigueur qu’il peut se frayer un chemin jusqu’à contre-courant des ruisseaux ou des des cascades”. Ce symbolisme de force et de persévérance de la carpe prendrait sa source dans un ancienne légende chinoise selon laquelle de tous les poissons du Fleuve Jaune remontant le fleuve, seules les carpes ont réussi à passer la cascade du Dragon, s’envolant alors vers le ciel en se transformant en dragons.

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Parfait pour le voyage à vélo, merci les amis !

Le lendemain, on apparaitra dans la gazette locale :a

Bon, j’ai pas trop le temps de tout vous traduire mais il est question de beau-gosses, de Mont St-Michel, de grand honneur et du plus beau camélia jamais dessiné.

  • 04/05/17  … – Takanabe = 32 km / +230m

Il a plu pratiquement toute l’après-midi de la veille et ça menace pas mal le matin. Il se remet à tomber des gouttes en plein petit déjeuner, le pire moment, quand tout est en bordel par terre et qu’on fait saucette sur les œufs au plat. L’ondée passée, le ciel devient plus clair et on décide de plier et de repartir. Nous sommes désormais des carpes vaillantes et vigoureuses qui vont se frayer un chemin à travers la flotte pour s’envoler vers le ciel, rien ne nous arrêtera !! Yahhhhhh !

Mais on la joue carpette au bout de 30 km et 3 averses et plantons la tente sous le crachin dans un camping gratuit en bord de mer, le moral dans les nageoires. On papote avec un surfeur-campeur, ancien coiffeur-styliste à Tokyo qui, suite aux gros tremblement de terre de Kobe et au tsunami de Fukushima, s’est dit que « flûte, la vie est trop courte pour passer son temps à bosser comme une brute, profitons un peu ». Une exception au Japon le gars, où faire carrière reste une priorité pour une grande majorité et où les vacances sont difficiles à prendre pour les autres. Koji n’a pas pu en prendre ces 10 dernières années. IMG_2942

  • 05/05/17  … – après Miyazaki = 63 km / +200m

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Temps couvert encore mais le plafond est plus haut alors on repart à peu près confiant et on frétille à nouveau quand le soleil apparait en fin de matinée, carpe diem ! Mon vélo se transforme en séchoir ambulant.

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Pause pique-nique en bord de plage avec petite baignade pour se mettre en appétit. IMG_2953Je fais joujou dans les vagues au milieu des nombreux surfeurs. Ce sport de glisse connait un succès fou ici, le pays s’y prête idéalement et les pratiquants ont tous les âges. C’est beau à voir, ils n’en font pas pour se la raconter, juste pour la beauté du sport.IMG_2952

On continue à longer la côte, les palmiers se font de plus en plus présents et on surprend parfois des singes au détour d’un virage.

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En fin d’après-midi, le temps se gâte à nouveau mais on a la chance de tomber sur un petit camping installé dans une ancienne école. La tente est montée avant la bruine et on mange sous un toit pendant la pluie. Ophélie ouvre un paquet de cacahuète et on se dit que ça irait bien avec une petite bière. 5 minutes plus tard, un campeur se pointe et nous offre une grande canette bien fraîche.

Serions-nous dans un endroit magique où il suffit de penser très fort à quelque-chose pour que ça se produise ? On a pensé très fort à des cheeseburgers mais on dû se contenter des nouilles et du tofu.

  • 06/05/17  … – après Kushima = 78 km / +750m

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Beau temps, belle route déserte, montées, descentes, pique-nique en bord de plage.

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On mange nos sandwichs face à la petite île de Kojima, 3,5 km de circonférence. Elle est connue dans le monde des primatologues car une communauté de singe y vit et leur comportement y est étudié depuis très longtemps. C’est ici qu’à pu être vérifié des comportements d’imitation quand les chercheurs ont observé une femelle laver des patates douces dans l’eau de mer et être ensuite copiée par ses congénères. Comme chez les humains, les singes apprennent par imitation.

Alors pourquoi Ophélie ne sait toujours pas réparer une crevaison ? Elle m’a vu le faire des dizaines de fois ! Et pourquoi je ne sais toujours pas laver correctement des vêtements ? Mystère.

Bivouac en bord de mer, loin de tout (mais juste à côté d’un super parc avec toilettes et herbe rase qu’on croisera le lendemain en repartant). Alors qu’on se fait la gueule pour une sombre histoire de poche à eau (il suffit de pas grand-chose parfois après 5 ou 6 heures de vélo) une dame pique-niquant non loin avec son mari vient nous offrir une bière et des pâtisseries japonaises qu’on adore (pâte de riz gluant fourré avec une purée de haricots sucré). Y’a un peu d’Iran dans ce pays en ce moment, on a des cadeaux tous les jours.IMG_3002

  • 07/05/17  … – Oosaki = 29 km

Courte étape, on en a plein les jambes, il faut qu’on fasse un vrai break. Les derniers jours de repos ont été imposé par la pluie et quand il pleut, on ne se repose pas, on déprime comme des loques en soupirant. Cette fois, on tombe sur un camping de rêve : dans une pinède, avec tables (disposant de prises électriques !!), plage à 3 minutes à pied et wifi gratuit !! Enfin !

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Le camping est désert et Hiro, le tenancier anglophone, nous chouchoute en nous offrant un vrai café, un emplacement de choix et une nuit offerte sur les 3 que nous y passerons. Quand on voudra le payer pour la 3eme nuit, il dira « non, le ciel est couvert aujourd’hui, c’est gratuit pour vous ! Un p’tit café ? ».

  • 08 & 09/05/17  Oosaki = repos dans la pinède

Enfin une journée de repos avec le soleil ! Les criquets se réveillent et des espèces de sandflies viennent nous enquiquiner, on dirait qu’elles veulent pondre leurs œufs dans nos yeux.

Des cyclos sont arrivés hier soir très tard et on fait connaissance le matin.IMG_3009

Le mec a 71 ans et sa femme 67 ! Et ils dorment à la dure dans une toute petite tente pendant leur périple de 10 jours au sud de l’île. On leur offre des petits pamplemousses et ils nous donnent du chocolat. J’essaye son vélo, une plume de 10 ou 11 kg, ça fait envie ces p’tits gravelbikes.

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Le lendemain, c’est pluie à nouveau pendant une bonne partie de la journée. Alors c’est blog à fond avec 3 articles mis en ligne pour Bibi et tricotage de bonnet pour Baba, au chaud dans le bar du camping. Il sera peut-être fini dans 8 ans ce bonnet.

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Demain le giclomètre sera remonté à son plus haut niveau et les carpettes pourront s’envoler vers d’autres plages, un château, des montagnes et un volcan.

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