J 549 à 553 / de Signy l’Abbaye à …
- du 05 au 10 octobre
- 3 étapes
- 280 km
- un changement de dernière minute

Les Terr’Ailleurs ont eu la chance d’admirer 2 Panardos en mode repos : la femelle plutôt dynamique s’affairant aux fourneaux et le mâle, pitoyable, vautré dans le canapé et répétant en boucle « faut que j’mette à jour ce putain de blog, ça me saoule ! ». Pierrot a tout de même réussi à nous arracher de sa belle maison pour faire une balade à pied sur les crêtes. L’idée de départ était de faire un tour en vélo et on a été trop soulagé quand il a finalement opté pour la voiture + le chien. On ne voulait surtout pas lui montrer qu’on n’est pas les bêtes de course légendaires décrites dans ce blog frauduleux. Il se fait guide touristique : « là c’est la Grande Forêt et là c’est la Petite Forêt ». Ils s’embêtent pas trop pour les noms dans les Ardennes. C’était sympa cette balade, du coup j’ai laissé gagné Pierrot au billard et aux fléchettes, il n’a rien vu et il était si heureux, ma BA de la journée. Béa, elle, était au taf, on ne l’a pas nargué le matin, on voyait bien à sa tête qu’on risquait un coup de boule, voire même une balayette-projection.
On les quitte à regret, mais faut bien continuer et ça devenait chaud patate pour nos artères la cuisine « solide et gourmande » de Pierrot. Ce mec, c’est pire que Maïté. Quand il fait des bananes flambées, y’a pas beaucoup de banane et ça brûle pendant un p’tit quart d’heure.
05/10/2017 Signy l’Abbaye – Montrehain = 103 km / +910m
Comme toujours après avoir larvé récupéré, les jambes sont lourdes mais ça disparaît au bout de quelques kilomètres et on retrouve un semblant de giclounette. La forêt est belle, ça sent si bon les feuilles mortes qu’on en boufferait. On finit pas sortir des crêtes ardennaises et retrouver des paysages picards. Le vent se lève et nous cingle un sympathique crachin dans la face. Malgré un gros manque de motivation, les corps passent en pédalage automatique et ça roule tout seul. Les routes sont calmes, très peu de circulation mais les infrastructures cyclistes sont inexistantes. On se fait la réflexion que les cyclistes hollandais sont protégés alors qu’en France, on dit aux cyclos de se protéger : porter un casque, mettre un gilet ridicule, rouler sur le trottoir, porter une médaille de St Christophe et serrer les fesses très fort. La route, c’est pour les bagnoles !
Les choses changent doucement mais vivement que le litre d’essence passe à 2 €.

On passe par Marly-Gaumont, tout petit bourg rendu célèbre par Kamini.
Dédicace à tous ceux qui viennent des p’tits patelins,
Ces p’tits patelins paumés pour qui personne n’a jamais rappé,
Même pas un flow,
Ces p’tits patelins paumés que même la France elle sait pas qu’ils sont là chez elle,
Les p’tits patelins paumés que personne ne connaît, même pas Jean-Pierre Pernault
On s’installe dans un magnifique abris-bus pour manger du vieux pain avec un reste de fromage, la boulangerie était fermée. Y’a des zizis dessinés sur les parois et des gens qui « nike la police » et qui fument du « chit ».

On ne croise pas beaucoup de commerce sur ces petites routes de l’Aisne, faut vraiment avoir du bol pour tomber sur un truc ouvert quand y’a faim. Le pire a été quand un boucher-charcutier, le seul croisé dans la journée, baissait son rideau à notre passage à 12h50 -au lieu de 13h !!- alors qu’on avait un franc besoin de rillettes.

On tombe ensuite par hasard sur l’Eurovélo 3, belle piste cyclable sous les chênes bombardeurs de gland, ancienne voie de chemin de fer, donc bien plate. Elle nous mène à Guise (prononcé Gouize, un peu comme dans guouèstouze) où nous retrouvons notre ami Arnaud et son vélomobile. Le mec est hyper calé dans plein de domaine, et particulièrement en électricité. Son engin dispose d’une assistance de 3000 watts, c’est l’équivalent de 3 micro-ondes à fond. Ouais, c’est pas très parlant un micro-onde, alors disons que c’est 15 fois plus puissant qu’un Panardos en forme. Arnaud a plein de projet comme ça, le prochain, c’est adapter un moteur de sous-marin nucléaire sur un solex. Ça va dépoter.

Arnaud voulait absolument qu’on passe par Guise pour voir le Familistère de Godin. Notre première réaction a été « pfff, il fait chier, on a 100 bornes à faire, on n’a pas le temps de faire un détour, surtout pour un machin culturel ». En fait, c’était pas un détour et c’était une chouette découverte que cette utopie réalisée de Godin. Comme quoi les grands patrons ne sont pas tous des crapules. Enfin avant en tout cas.
On file ensuite dans la campagne picarde, le ciel se dégage et ça devient carrément beau. Oui oui oui, c’est beau la Picardie, surtout là ou y’a pas les grands champs stériles glyphosatés et retournés sur 40 cm de profondeur.C’est tendu pour les taupes dans le coin.


Arnaud nous guide jusque chez nos hôtes warmshowers : Catherine et François, des gens formidables. Et je dis pas ça parce qu’ils risquent de lire cet article, vraiment formidables. Catherine fait pousser plein de légumes dans son potager et nous en régale le soir, Ophélie a mangé de la soupe et a trouvé ça bon, un miracle !
François, lui, prépare 80 kg de pain au levain chaque jour, dans sa cour. Son four est transportable et il va souvent faire saliver les gens sur des festivals. Hyper-actif le mec. Il récupère également tous les vélos qui lui passent sous le nez, je suis comme un fou en voyant ces tas de ferrailles partout, y’a plusieurs centaines de vieux biclous, de quoi faire des beaux bricolages et se la péter vintage-écolo-bobo-chemise-à-carreaux dans les quartiers chauds de Chantilly. On repassera les voir, c’est sûr.

On passe une super soirée et on se rend compte une nouvelle fois que le monde est petit : en gribouillant dans leur livre d’or, on retrouve les Karoutchos, un couple à vélo rencontré au Tadjikistan, et également un couple de ricains qu’on avait accueilli chez nous en 2014, 2 jours avant qu’ils ne viennent chez Catherine et François. On se couche tard, même pas le temps de feuilleter les Carnets d’Aventures.
06/10/2017 Montrehain – Soissons = 84 km / +700m
Arnaud a dormi sur place et on repart ensemble le lendemain après un long au revoir à nos hôtes.

Mon vélo d’abord, le reste au second plan. Toujours.
La veille, en discutant, on s’est rendu compte qu’on était juste à côté de Chantilly. Ouais, on navigue au GPS en ce moment et le gros inconvénient de ce truc est qu’on n’a pas une vue globale. Du coup, on n’a pas vu qu’on était à moins de 200 bornes de la ville princière, capitale mondiale du Cheval. Alors changement de plan, on va dormir chez Arnaud près de Soissons et on fera la surprise à mes parents le lendemain. Tant pis pour Dieppe, tant pis pour la côte et tant pis pour le port du Havre. Heu non, pas tant pis pour le port du Havre, on l’a déjà fait et c’est horrible.

L’étape est superbe, il fait beau et on assiste à la récolte de l’or picard : eu’ch bettrôves ô suc’.
Arnaud est parti devant avec sa torpille et on le retrouve à 16h30 comme prévu. On est devenu trop balèze pour prévoir l’heure d’arrivée. Un p’tit goûter et je file avec lui pour essayer son fatbike, on peut rouler dans les champs, c’est sympa. Ça parait tellement léger comparé à nos Azub… mais qu’est-ce qui ne parait pas léger comparé à nos Azub à part ceux d’Alice et Benoît ? On range le vélo et je répète dans ma tête « Je n’aime pas le fatbike, je n’aime pas le fatbike, je n’aime pas le fatbike ». Voila, 1000 boules d’économisé.
Arnaud et Sandrine nous accueillent comme des rois et on élit le matelas de ce soir « meilleur matelas du voyage ». On aurait dit un truc de la NASA avec mémoire de forme. Ils avaient aussi un canapé si moelleux qu’on a regardé M6 déco, il aurait été massant on aurait pu enchaîner avec Plus belle la vie sans problème. Valérie Damidot a toujours un soucis avec le violet, les miroirs et les bougies. On est vraiment bien reçu par nos followers, y’a pas à dire, ce blog nous fait vraiment passer pour des gens sympas. Merci encore les amis.

Azub en force !
07/10/2017 Soissons – Chantilly = 93km / +700m
Le lendemain, Arnaud nous donne un petit pas de conduite pour nous mettre sur la route de Pierrefonds. C’était pas exactement sur notre chemin mais le château, la boulangerie et la charcuterie valent carrément le détour.

Croissants aux amandes croustillant miam miam miam, une bombe calorique qui nous fera pédaler les 55 km suivant, belle prouesse.

Vive la France
A partir de là, on connaît la route par cœur : Morienval, Béthisy-St-Pierre, Néry, Raray, Ognon, Chamant, Senlis, Avilly… et Chantilly ! C’est trop le bordel pour prendre la photo à côté du panneau de la ville alors on se contente de la bicoque médiévale derrière.

Matez un peu cette écharpe de maire qu’on a trouvé en France juste après la frontière belge, la classe FN.

On passe devant l’hippodrome pour le départ de la 4eme course, dépassons la pizzeria Napoli, tournons à gauche pour rejoindre le Bois-St-Denis et remontons le long de la forêt pour une arrivée furtive, autant que 2 gros vélos et 2 cyclistes en veste fluo peuvent le permettre. Billy avait pensé à plein de plans sympas pour surprendre mes parents mais ils impliquaient trop souvent un pied de biche, des cagoules, une fenêtre à changer, des tigre-bison 4, un méga-phone et 2 arrêts cardiaques en pleine nuit. Alors on l’a fait simplement et c’était mignon. Gentil garçon 1 – Billy 0.
Mes parents sont contents, mais pas au point de ne pas aller à l’apéritif dînatoire chez des voisins et on se retrouve seuls comme 2 glands dans la maison. Z’ont de la chance qu’une lessivee tournait déjà avec tous nos vêtements de vélo sinon on fuguait. Alors on prend le téléphone, on appelle 75% de nos amis (4 personnes) et allons massacrer une pizza trop petite à 13 € (au Napoli si vous avez bien suivi). On était comme des dingues de remettre des habits normaux, du genre où y’a pas marqué Quechua, du genre sans merino ni polyester ni odeurs tenaces.
- Ophélie – 19h24 : « regarde ! Je rentre dans ce pantalon !
- Ouais c’est un peu serré quand même
- connard
- J’suis bogosse avec ce jean ?
- y’a un trou sous les couilles
Ça fait du bien de revoir les copains, ils ont bien suivi le blog et on n’a pas besoin de faire un résumé d’une histoire qui n’est même pas encore fini.
On reste ensuite 2 jours, mes parents nous ont fait l’honneur de rester avec nous pendant quelques minutes, j’ai pris des branlées à Fifa, on s’est fait une toile (Le sens de la fête, excellent) et on a mangé des fjords de Danone, enfin des fjords qu’on peut enchaîner sans pleurer ses cuisses ! Ah ah ah, humour norvégien. On reste « focused », le voyage n’est pas fini, faut pas se laisser engluer dans un confort oisif qui nous conduirait direct à la dépression, les sacoches restent prêtes au départ direction le Mont St Michel !!!
La suite au prochain épisode avec les dernières étapes, les derniers bivouacs, l’été indien et le célèbre Frisounette en guest star.
Il essaye de cacher ses cheveux avec sa main. Impossible. On dirait Carlos Valderrama en brun.

25°C à 10h, vive le réchauffement global !







Mais ça nous soûle très rapidement, y’a un monde fou et la ville ne semble habitées que par des jeunes cadres dynamiques hipsters vegans bobos tatoués trendy vintage hyper-connectés, aucune mixité sociale. On a jamais vu autant de barbier, et je ne parle pas du barbier populaire comme en Turquie, je parle du barbier pour hipsters vegans bobos tatoués trendy vintage hyper-connectés. Je déteste.









Il y a bien des pistes cyclables mais c’est Bagdad comparé à la Hollande. Mais Steph nous a encore concocté une belle trace et on se retrouve rapidement dans la campagne.
Ça monte, ça descend, ça secoue sur les nombreuses portions en pavé mais les Panardos ont retrouvé la giclette. L’été indien est là, on pédale en t-shirt. Au bout de 50 km, on retrouve Yves et son fils Jérôme sur un RAVEL , Réseau Autonome des Voies Lentes, les pistes cyclables belges.






Comment on se sent après 18 mois à l’étranger ? Hop hop hop, un peu de patience les amis, on vient de faire seulement 2 km, on verra ça demain. Pour l’instant on s’installe au camping, petite ville fantôme peuplée de caravane et de mobile-home. Oui, c’est assez moche.







