Retour sur la 40

  • 03/12/13 San Rafael – El Nihuil = 94 km (D+ = 1150m)
  • 04/12/13 El Nihuil = RTT, faut bien les poser de temps en temps
  • 05/12/13 El Nihuil – El Sosneado = 113 km
  • 06/12/13 El Sosneado – Malargue = 56 km
  • 07/12/13 Malargue – Bardas Blancas = 70 km (D+ =720m)
Ofelia à la mode Argentine

Ofelia à la mode Argentine

Ambiance Walking Dead à San Rafael

Ambiance Walking Dead à San Rafael

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l'Hotel Hypolito sur l'avenue du même nom.

l’Hotel Hypolito sur l’avenue du même nom.

C’est bon, on a bien récupéré les vélos, non sans avoir mis un peu la pression à l’agence. Ils n’ont pas été tendre, surtout avec le mien : sonnette tordu, attache du rétro cassé, bords du siège abîmé et quelques rayures. Rien de grave, ne dit-on pas solide comme un vélo tchèque ?

On se lève tôt, on a prévu de faire 30km. Oui, on est un peu tordus des fois… pourquoi se lever tôt si on ne fait que 30 km ?? Sûrement un sale tour de notre inconscient.

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Avant 10h, on les a déjà fait. Nous sommes dans le rafraîchissant canyon d’Atuel. Très belle route au bord d’une eau bleue-grise mais dans notre grand classement des canyons, c’est loin de la 1ere place. On devient des gros cons blasés, je sais.

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« Regarde un peu cette fourmilière, ma mère se serait sûrement assise là » – Fred, en référence à un incident assez drôle au pied du Macchu Picchu.

Là, on a le choix entre le camping municipal gratos mais sans eau ou le camping à 135 pesos la nuit, plus cher que l’hôtel. Donc autant continuer pour faire un petit camping sauvage un peu plus loin, seuls en bord de rivière (sous-entendu : sans les bas-du-front venant se soûler avec la musique à fond dans la caisse). Seulement «un peu plus loin », c’est déjà la fin de la belle rivière, marquée par un monumentale barrage. Ça casse un peu l’image du beau petit canyon naturel mais le lac ainsi créé donne un beau panorama, en plus de l’électricité.

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Alors on continue, on se posera plus loin.

« Aujourd’hui, on fait 30 bornes et on se trouve un camping » – Fred, 8h04

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La piste commence mais elle est bien roulante. On passe de barrage en barrage et on se fait une pause au bord d’un des rares tronçons de rivière. Superbe endroit ou je serais bien resté bivouaquer. Mais la marâtre Ophélie argue qu’on n’a pas d’eau et qu’elle ne veut pas boire celle de la rivière, même purifiée avec les pastilles. Mouais, j’en connais une qui veut sa douche.

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Donc on repart et au bout de 2 km, je me rends compte que j’ai oublié LE torchon. On ne devrait jamais s’attacher aux choses, surtout pas à un torchon, mais celui-ci est spécial, c’est pas « un » torchon, c’est « LE » torchon. Trouvé au nord de Las Vegas au tout début de notre voyage, c’est un trésor qui essuie notre vaisselle et fait reluire notre casserole depuis 7 mois. Et puis il est vert, c’est ma couleur préférée. Alors va pour 4 km pendant que d’autres se reposent à l’ombre. Je suis cool, je donne pas de nom.

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On continue notre chemin dans ce canyon. C’est sauvage, beau, coloré, désert et survolé par des piafs du genre charognards ou rapaces. T’as pas intérêt à t’endormir, sous peine de te réveiller avec un œil en moins.

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Au bord d’une retenue d’eau, au km 85, je propose à Ophélie de bivouaquer. L’endroit est paradisiaque et on pourra se baigner. Mais elle veut continuer et c’est vrai qu’on est plus qu’à une dizaine de km du prochain bled. Ok

Le truc, c’est qu’il faut sortir du canyon et ça grimpe bien. C’est court mais les 2 passages à 10 % picotent bien les cuisses. Moi, je monte sans soucis mais Ophélie est KO et fini en poussant, à 2 doigts des larmes. Mais elle les ravalera, c’est une warrior. La journée a été longue, ça fait plus de 7h qu’on pédale au soleil.

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Une petite descente et nous voilà à El Nihuil, village construit au bord d’un barrage et d’un lac gigantesque. On se trouve un camping bien sympa et désert, à part le couple de cycliste argentino-canadien-baba-cool.

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« C’est bien les vacances. C’est mieux quand ça dure 1 an. » – Fred

Comme on a fait 2 étapes en une et qu’Ophélie nous a fait une magnifique crise d’urticaire, on décide d’y rester le lendemain. De l’ombre, un lac, un barbecue… vous devinez le programme. On adore ce genre de petite ville paisible, on a le sentiment d’être vraiment au cœur de l’Argentine.

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coupant les piquets Hilleberg. J'aurais du prendre la photo avant de refermer la plaie, c'était plus sympa

coupant les piquets Hilleberg. J’aurais du prendre la photo avant de refermer la plaie, c’était plus sympa

Tiens, au passage, on vient de lire le livre le plus nul du moment : Cinq jours de Douglas Kennedy . Comment a t’il pu écrire une daube pareille ? C’est un roman à l’eau de rose, complètement niais et déprimant. Même les scripts de Plus belle la vie aurait eu honte de pondre un truc pareil. A côté de ça, la biographie de Loana – Miettes – mérite le prix Pulitzer.

Le lendemain, on repart pour une grosse étape. Pas grand-chose à raconter : c’est plat, tout droit, on a le vent dans le dos une bonne partie et tout ce qu’il y a à voir, c’est les Andes enneigées en face. On ne fait qu’une mini-pause au bout de 75 km, juste le temps d’avaler nos tartines jambon-fromage-sable en bord de route, en plein vent et plein soleil, comme on aime.

Un peu barbant ce parcours mais c’est l’occasion de voir plein de nouveaux animaux comme des lions de mer, des lapins borgnes albinos, des élans et des poneys shetlands. Mais c’était peut-être que ces habituels buissons après tout.

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Les 20 derniers km en faux-plat montant sont interminables mais on arrive à El Sosneado vers 15h30. Une glace, 2 glaces et on pose la tente derrière l’épicerie, seul commerce de cette ville au 19 maisons, qui a pour seule gloire d’être au km 3000 de la route 40 et d’avoir quelques gisements de pétrole. Attention, les ricains vont pas tarder à venir y faire la guerre !

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On passe une bonne nuit car il fait bien frais, 8°C au réveil, on respire !

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Il n’y a que 55 km pour atteindre Malargue et son camping municipal. C’est plat et nous les bouclons en moins de 3h malgré le vent de face. Que c’est bon de poser la tente à 11h, faudrait qu’on se fasse des étapes courtes plus souvent, quand on a le choix…

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On décide d’aller se taper une bonne parilla au resto. C’est un plat avec de la viande et de la viande en accompagnement. Malheureusement, ils ne la servent que le soir et on aura la flemme d’y retourner. A 20h, nous, on est cuit. Alors on se rabat sur des fajitas made in notre réchaud pour le midi et des bonnes saucisses grillées au BBQ pour le soir.

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Entre les 2, nous allons nous culturer un peu à l’observatoire Pierre Auger. C’est intéressant et y’a la clim. On apprend plein de choses sur, accrochez-vous, les « rayons cosmiques ». En permanence, des particules en provenance de notre galaxie ou d’ailleurs viennent percuter l’atmosphère de la terre, provoquant des gerbes atmosphériques. Il s’agit de protons, d’électrons, de nucléons, de neutrinos et de quelques rayons gamma, chers à Hulk. Rien de méchant, même si ça traverse nos corps en permanence.

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Avant de toucher l’atmosphère, les rayons cosmiques ont une énergie considérable : 1020 eV. Cette mesure ne parle probablement à personne. Disons que même le plus gros accélérateur de particule au monde n’arrive pas à la cheville de ça. Mais il n’est pas certain que les rayons cosmiques aient des chevilles, ni même des pieds.

Récepteur de surface

Récepteur de surface

On apprend également la fonction de ces espèces de petites stations météo qu’on voyait de la route depuis El Nuhuil: ce sont des récepteurs de surface, capables d’enregistrer le passage des particules grâce à une simple cuve d’eau et des capteurs de lumière hyper sensibles. Il y en a 1600, répartis tous les 1,5 km sur une surface de 3000 km2, tous reliés entre eux par GPS. Impressionnant. Ce projet d’envergure réunis 18 pays, dont la France. Cocorico, cet observatoire porte le nom du français à l’origine de la découverte de la provenance de ces particules, dans les années 30. Bon, à l’époque, il savait juste que ça venait de l’espace. Aujourd’hui, le but du centre est de déterminer l’origine exacte des particules. Certaines viennent d’autres galaxie, ou même de trous noir. Aucune ne viendrait de l’Etoile Noire de Dark Vador.

Ces particules tombent partout sur terre mais ils ont choisis le site de Malargue pour plusieurs raisons :

  • l’air est pure et limpide
  • c’est très plat
  • le prix au m2 est plus abordable qu’en Floride
  • et il y a du bon vin autour comme dit en plaisantant le seul scientifique français de la vidéo. Excellent, il perd pas le nord celui-là.

Le lendemain, après une nuit bien trop musicale à notre goût, on repart into the wild. Ça monte tranquillement puis plus franchement à la fin, sur une piste nous amenant à 2000m.

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On profite de la descente sur seulement 10 petits kilomètre, la suite étant totalement pourri par un violent vent de face. On pédale en descente, à 10km/h parfois ! Arrrghh, y’a pas de justice !

Il manque le C. Y'avait bien des cobras à 100m

Il manque le C. Y’avait bien des cobras à 100m

L’arrivée sur Bardas Blancas nous achève avec une piste de gros cailloux et un vent toujours aussi intraitable. Je me vautre dans une ornière pleine de sable, un régal. Mais le Rio Grande est là pour nous accueillir et ça fait plaisir de voir des arbres.

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On poireaute 2 heures à l’ombre, en attendant que le tôlier de l’hôtel/camping se pointe.

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A 17h30, toujours personne alors on monte la tente en espérant que personne ne viendra et qu’on pioncera gratos. A 18h, évidemment, le gars arrive. Il demande bien trop pour son camping pourri alors on décide de replier la tente et de prendre une chambre qui nous revient seulement 2 fois plus cher après une bonne négociation (120 au lieu de 160 pesos).

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On se fait une plâtrée de pâte monumentale et on file se coucher. Faut qu’on soit en forme demain, on se lève tôt et ça risque d’être coton.

Chewbacca et Princesse Leia

On a dormi dans une poubelle

26/11/13 Cafayate – Amaicha Del Valle = 68 km

27/11/13 Amaicha – Tucuman = 163 km, RECORD !!

28/11/13 Tucuman – Mendoza = bus de nuit

29/11/12 Mendoza – San Rafael = en bus

30/11 au 02/12 San Rafael = farniente, on n’a plus de vélo de toute façon

*** le titre nous fait trop marrer, vous allez comprendre***

avec nos amis d'un jour autour d'un asado

avec nos amis d’un jour autour d’un asado

Notre séjour à Cafayate s’est terminé sur un asado monstrueux : saucisses, bœuf, cabris et boudins. C’était hyper sympa mais entre le vin et les 35°C, j’étais dans les vapes jusqu’à 18h et on a failli rater Questions pour un champion.

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Le lendemain, nous sommes tout de même bien content de partir car on a mal dormi pendant ces 3 nuits :

  • de la musique jusqu’à 4h du matin la 1ere nuit, venant de l’autre côté de la rue. La majorité des sud-américains doivent être sourds, ils mettent à fond tout le temps
  • des perruches le 2eme matin. C’est beau une perruche mais quand t’en as une vingtaine juste au dessus de la tente, tu regrettes de ne pas avoir de la chevrotine
  • des chanteurs bourrés la dernière nuit. Ok, je dois reconnaître qu’ils se débrouillaient bien mais là aussi, il aurait fallu la chevrotine. Ou un lance-flamme, ça aurait bien pris.

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Bref, nous voilà pédalant sur la fameuse route 40. Elle rejoint le nord au sud de l’Argentine sur plus de 5000 km, courant parallèlement à la cordillère des Andes.

Nous passons 40 km sur un faux-plat montant avec un fort vent dans le dos. Comme dirait tous les blaireaux de la télé-réalité, c’est que du bonheur.

Nous quittons alors cette route que nous retrouverons plus tard. Depuis longtemps, nous avons décider de rejoindre Tucuman afin de prendre un bus pendant 1200 km jusqu’à San Rafael, au sud de Mendoza. 2 raisons à cela : la route n’est pas très intéressante et nous manquons un peu de temps. On ne pensait pas prendre le bus aussi souvent mais on a fait le choix de passer du temps à Cuzco et de faire de beaux détours au Pérou et en Bolivie (Potosi, Sucre, le Salar d’Uyuni, la traversée des Andes…). On préfère donc zapper une partie moins bien au profit du reste. Nous voulons également avoir du temps pour la Patagonie et l’opportunité de rencontrer le grand révolutionnaire local, le Che Guevara français : Florent Pagny.

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désolé pour les fans

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La route jusqu’à Amaicha Del Valle (oui, les bleds ont une sonorité arabe par ici) est bien pourrie, ça monte et il fait chaud. On arrive vers 13h au camping et on passe un après-midi agréable à l’ombre. Cette ville se targue d’avoir 360 jours d’ensoleillement par an.

Nous sommes les seuls dans le camping. Il y a une piscine mais ça ressemble plus à un pédiluve géant : tu trempes un orteil et tu chopes un herpès ou une cécité de l’épaule (très rare). En furetant, je tombe sur un sac de charbon et, alors qu’on avait le sentiment d’avoir mangé assez de viande pour 1 mois entier, on se refait un super asado le soir : boudin (fait avec du sang de vache ici, excellent), chipolatas et bœuf. Encore une tuerie.

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Alors oui, manger de la viande est une catastrophe écologique et ça n’apporte vraiment pas beaucoup d’énergie à nos jambes, mais comment résister ici, surtout à 4 ou 5 € le kilo. Dire que j’envisageais de devenir végétarien, ça va être compliqué…

Le lendemain, après une nuit calme -enfin!!- on se lève à 5h30 afin de rouler à la fraîche. Enfin, je dis « on se lève » mais c’est pas vraiment exact. En fait, je me lève et je lève Ophélie. Pendant qu’elle va aux toilettes, je replie rapidement son sac de couchage et son matelas pour empêcher toutes tentatives de recouchage.

la lumière est plus belle le matin

la lumière est plus belle le matin

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Le temps restera couvert toute la journée, on aurait pu faire la grasse mat’ jusqu’à 7h en fait. On monte donc tranquillement vers le col à 3000m, il fait frais, de plus en plus au fur et à mesure qu’on s’élève. Comme la veille, la route est pourrie, bosselée à souhait. Un vélo de course tout carbone aurait bien du mal mais nous, avec nos pneus de tracteurs, ça passe bien.

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En haut, on rentre dans les nuages, on ne voit pas à 10m et la température chutera jusqu’à 8°C.

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Pour une fois, le compteur est précis au mètre près. Je l’avais étalonné à Cafayate, 1400m plus bas

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Avec l’humidité ambiante, la descente est très pénible car on a eu la flemme de s’habiller. On finit tout de même par s’arrêter afin d’enfiler tous les super trucs qu’on trimballe la plupart du temps pour rien : veste Gore-tex, pantalon de pluie, bonnet, gants et chaussettes en laine et sur-moufles imperméables.

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Au bout de 20km, on sort enfin du brouillard. Il est plus de 13h, on a presque rien mangé depuis 6h du mat et on est gelé à cause de la descente. Hop, on met la doudoune, on se fait chauffer un café et on avale nos sandwichs aux chipolatas. En Argentine, tout le monde est au régime Dukan, alors on fait pareil.

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On longe ensuite un lac devant la ville au nom charmant d’El Mollar.

Et c’est parti pour de la grosse descente, la plus belle de notre vie de cycliste : une quarantaine de km dans la jungle, des courbes parfaites, des virages en épingles pour redescendre sur terre et une sensation de vitesse décuplée par la végétation.

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C’est incroyable le changement de climat qu’il y a de part et d’autre des pré-Andes. Ce matin, c’était ambiance cailloux-cactus et cette après midi, c’est jungle, rivières, pâturages et 200 % d’humidité dans l’air.

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Au bout de la descente et d’une portion de plat ou l’on file à plus de 30km/h, on arrive à un croisement. Il est 17h et on a déjà parcouru 115km. Avec Ophélie, on a la même idée : battre notre record de distance et rejoindre Tucuman à 46 km le jour même. La suite est plate, on est en forme, c’est l’occasion parfaite.

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ah, ça me rappelle le Vietnam… je sens presque l’odeur de ce bon vieux naplam

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Malgré le vent de face, on avance vite. Au km 140, une voiture s’arrête. Federico, médecin-professeur, et 2 de ses étudiants en descendent pour discuter. Federico est en train de se construire un vélomobile et est donc très intéressé par nos engins de guerre.

Il nous propose de nous escorter jusqu’à Tucuman ou nous prendrons un verre chez lui + faire dodo comme je lui suggère. Pas con l’Fred. Il roule devant nous sur la bande d’arrêt d’urgence, avec les warning, comme une pace-car.

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On gagne 1 ou 2 km/h, on se tape 2 averses, on remplit nos poumons de belles petites particules, on se prend des nids-de-poule mais on est trop content d’éclater notre record de distance. C’est même le record absolue d’Ophélie.

C’est pratique d’entrer dans Tucuman (2 millions d’habitants) comme ça et sans avoir à chercher un coin ou dormir, surtout après avoir pédalé pendant plus de 9 heures.

Là, on se dit que c’est cool : le gars est médecin aux soins intensifs d’un hosto privé et prof à l’université ; alors on s’attend à atterrir dans une belle baraque et passer une bonne soirée (avec des gens riches).

Mais on a une belle surprise en arrivant dans son appartement. Ça ressemblait à un squat de junky, avec des tétines à la place des seringues puisqu’il a 3 enfants. C’est le bordel et c’est dégueulasse.

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On n’est pas hyper à cheval sur l’hygiène mais comment peuvent-ils vivre là-dedans ? La salle de bain fait tellement peur qu’on ne se lave même pas. Dans la cuisine, y’a moyen de choper le choléra rien qu’en regardant dans les coins. Même les rats ne veulent pas venir je pense.

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on se croirait dans l’émission de M6 avec les 2 hystériques : « c’est du propre »

Bon, on s’en fout, c’est pour une nuit et c’est gratos.

Mais c’est là que le cauchemar commence vraiment. Je rappelle qu’on vient de pédaler pendant près de 10 heures, on a faim et on est crevé. Mais Federico ne trouve rien de mieux que de nous montrer ses photos de vacance avec des zooms détaillés sur google earth en nous disant que ça serait bien qu’on passe par là. Ça dure 2 bonnes heures, j’arrête pas de lui dire qu’on va ailleurs mais il continue.

A la fin, pile quand il est sur le point d’éteindre son foutu PC, Ophélie demande poliment ou a été prise la photo en fond d’écran… je la fusille du regard…grosse erreur !! C’est reparti pour 30 minutes de google earth !! Au secours, on est tellement crevé qu’on a même plus faim.

« Tu pues » – Ophélie, 22h34

Sa femme est là également et nous parle en même temps. Elle est sympa mais déjà qu’en forme je comprend pas tout à l’espagnol, là c’est du chinois. Mais c’est une discussion à sens unique alors je dis « claro » en secouant la tête de temps en temps et en regardant ce qui reste de ses dents. Ils doivent vraiment pas avoir une thune, toutes ses dents sont cariées, une vrai armée de chicot pourris.

A 11h, notre hôte nous annonce qu’il est temps de manger. Mais il faut faire les courses avant. Là, on est à 2 doigts de se barrer pour trouver un hôtel. C’est pas très poli mais on a vraiment besoin de dormir. Mais on reste, trop la flemme de retourner galérer dans la rue.

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Bref, on finit de manger vers 1h du mat. Les gosses ne sont toujours pas couchés alors que la gamine (7 ans) a cours à 8h le lendemain. La fin de soirée est plus sympa, on discute bien pendant le repas. Federico nous parle des incas qui opéraient le cerveau avec des obsidiennes, on ne sait pas pourquoi il en vient là mais c’est toujours mieux que sa passion pour google earth.

« Tu pues trop » – Ophélie, 00h45

Après, on s’écroule dans le canapé-lit du salon-dépotoir, on a une grosse journée demain.

On se lève à 7h, au taquet pour prendre un bus. A 8h15, la gamine est encore en train de prendre son petit dej…

Comme la veille, Federico nous propose gentiment un tour derrière sa pace-car pour aller au terminal de bus. Sa femme nous accompagne, laissant les 2 autres enfants, 18 mois et 6 ans, seuls à la maison-poubelle.

61 quais, ça ressemble à un petit aéroport. Une bonne quinzaine d’agence mais une seule voulant bien embarquer nos vélos… dans le bus du lendemain 21h car pour aujourd’hui, c’est plein. Federico nous propose tout de suite de rentrer chez lui, on peut rester dormir. Il est vraiment insistant, ça devient pénible. On se croirait un peu dans Misery, il va nous attacher à un lit et nous péter les chevilles.

On cherche une autre solution : un bus à 13h30 pour Catamarca, c’est sur la route de Mendoza. C’est mieux que rien. Federico et sa femme finissent par nous quitter à 11h30. J’avais demandé à quelle heure il commençait son travail aujourd’hui et il m’avait répondu tranquillement : « 9 heures ». Il ne doit pas avoir de pointeuse le veinard.

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Alors, on prépare les vélos en rentrant la bôme à fond et en enlevant les sièges. Les bus sont tous à double étage donc les soutes sont rikiki.

Mais à 13h, Ophélie remarque une agence de transport de colis et va demander à tout hasard. Bingo, pour environ 50 €, ils peuvent livrer nos vélo à San Rafael. Yes, le vent tourne !

On leur remet les vélos. Ophélie a la larme à l’œil car c’est la 1ere fois qu’on s’en sépare. Moi je suis bien content de pas avoir à traîner 2 boulets dans des bus.

Fini e vélo, on voyage en caddie !!

Fini le vélo, on voyage en caddie !!

Du coup, on peut prendre n’importe quel bus et on change nos billets pour un Tucuman-Mendoza à 16h30.

Comme pour le vol San Francisco-Lima, on a les pires places, juste sous le moteur de la clim et derrière une famille avec des bébés qui vomissent. Ça fait un bruit affreux (la clim et les bébés) mais, heureusement, on a 14 heures pour s’y habituer.

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Arrivés à Mendoza à 8h, on enchaîne avec un autre bus pour San Rafael. Après ces 4 nouvelles heures de trajet, nous voilà enfin à destination. La grosse étape de l’avant-veille + une journée à poireauter à la gare + 18 heures de bus = gros bobo aux genoux et grosse fatigue.

« Faut que tu changes de t-shirt, tu pues » – Ophélie, 13h15

On se trouve un hôtel rapidement, avalons une escalope milanaise monstrueuse, faisons des courses, prenons une douche dans une salle de bain qui ressemble à une salle de bain, remangeons et zou, au dodo.

Comme nos vélos n’arriveront que dans 2 jours, on change d’hôtel pour un moins cher que nous avaient indiqué nos drones envoyés sur place il y a 1 mois.

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un homme n’est rien sans sa viande et son couteau

On passe 2 jours à ne rien faire à part les courses, la cuisine et la sieste. On profite du luxe de ce voyage : le temps.

Au menu :

  • Steacks : les meilleurs de notre vie. Ils restent très tendres et juteux quelque soit la cuisson. Presque du confit de canard
  • Hamburgers au roquefort : no comment
  • Danettes : coco-dulce de leche, le mec qui a inventé cette recette mérite un prix Nobel
  • Ratatouille : je l’ai rarement aussi bien réussi . C’était à se taper le postérieur sur le sol, si vous me passez l’expression.
  • Crumble : le classique d’Ophélie dont on ne se lasse pas
  • Danettes : chocololat-noisette, se mange par 4
  • des pâtes : c’est moins glamour mais faut bien des sucres lents de temps en temps

On a aussi ficelé notre itinéraire pour la suite du voyage. On vous avez dit qu’on allait jusqu’à Ushuaïa ? Et nous rentrerons sur le continent de nos vieux vieux continent fin Mars/début Avril. Nous achèterons les billets d’avion au dernier moment, c’est presque 2 fois moins cher (500 € au lieu de 900 actuellement)

On ne se réjouit pas énormément des 2 semaines à venir car on va rouler à nouveau dans le désert avec une chaleur accablante et même un peu de piste. Mais ça rendra la région des lacs encore plus belle. Et on est sur que vous aimez quand on morfle un peu, non ?

photo bonus

photo bonus. Amel Bent peut aller se rhabiller. Faut qu’on trouve des bretelles maintenant…

A bientôt

Gérard Holtz, en direct du bivouac.