- 19/03/14 Mardrid – Manzanes El Real = 69 km (D+ = 840m)
- 20/03/14 … – Segovia = 56 km (D+ = 1040m)
- 21/03/14 Segovia = Frisounade
- 22/03/14 Segovia – après Campaspero = 78 km
- 23/03/14 … – Cubillas de Santa Marta = 68 km
- 24/03/14 … – Sahagun = 93 km, étape de warrior
- 25/03/14 Sahagun = repos, lessive, blog. Vive le printemps…
Après un p’tit dej’ monstrueux, on dit à bientôt à mon padre et on file sur la route. On s’est imprimé un super plan sur viamichelin, hyper détaillé avec toutes les indications possibles. Au bout de 2 tournants, je ne trouve plus la rue, ça me gonfle et je décide d’y aller en mode bourrin avec la boussole (qui ne marche plus en fait). Au bout de 10 minutes, on est paumés, cernés par des 3 voies et des 4 voies. Tant pis, on va se faire un peu d’autoroute, y’en a marre de chercher et de tourner en rond. Purée, c’était plus facile en Patagonie, y’avait qu’une route !
Heureusement, un cyclo espagnol nous voit galérer sur notre carte 1:800000eme et nous vient en aide. Comme c’est impossible d’expliquer comment sortir de Madrid en moins de 3 tomes, il décide de nous escorter… pendant 60 km ! Trop cool !
On passe par des pistes cyclables, dont celle qui fait le tour de Madrid sur 64 km. Ensuite, on en prend une qui va vers le nord. Ça monte, ça descend et on se fait griller par les très nombreux cyclos et leur vélos carbone. Cette piste est la seule bonne chose car les paysages sont horribles : que des routes, des lignes électriques et des banlieues dortoirs à moitié vides dans lesquelles je me taperais la tête contre les murs si j’y logeais.
Juan Carlos est sympa et me parle beaucoup. Avant qu’il me saoule pour de bon et que je passe en mode « j’dis oui mais j’t’écoute plus » (comme avec ma mère au téléphone ), j’apprends qu’il est rentier de quelques appart sur Madrid et donc ne travaille plus, le veinard. Après avoir passé quelques mois à faire la crevette aux Caraïbes, il se remet au vélo pour maigrir. Objectif : 20 kg. Ce bourrin en a déjà perdu 4 en 9 jours et 900 km. Il fait 100 bornes sans manger, puis se contente de légumes et de viande maigre. Avec Ophélie, on se demande déjà comment c’est possible de faire plus de 50 km sans manger, alors 100…
Il nous quitte à une bifurcation et nous filons vers un camping.
Les paysages sont maintenant plus sympas et les toits des villes sont envahis de cigognes. Elles préparent leurs nids, c’est le gros rush.
Ophélie : « Tu veux du sel dans tes pâtes ? »
Fred : « Ouais stp »
…
Fred : « oh puis non, tu peux l’enlever stp ? »
On était bien naze et nous dormons 12 heures. Au matin, le temps est comme la veille : soleil et rapidement 25°C, c’est vraiment génial le réchauffement climatique ! Les verts n’ont rien compris.
On s’attaque à un col que Juan Carlos nous avait décris comme hyper balèze et glacial. Mouais, ça monte tranquille sans dépasser du 8 %, sur un beau goudron. On arrive en haut en short et t-shirt au milieu des skieurs, il fait 9°C, nous sommes à 1860 m. Excellent.
On met nos tenus de martien (bonnet, gants, pantalon coincé dans les chaussettes, cache-cou) et on enchaîne avec la descente.
En bas, on retrouve le soleil et… et…et… devinez qui ? Un grand brun avec des scandales noirs, élu bouclette d’or depuis plus de 25 ans, follower du mois de Janvier : Frisounette !! Alias Pascal !
Le hasard a fait que nos dates concordaient, lui descendant vers le Maroc, nous remontant vers la France. Le hasard fait bien les choses.
C’est un costaud le Pascal. Pour un gars qui se dit pas sportif pour un sou, il vient de boucler plus 400 bornes en 4 jours, avec une étape de 145 km et 1300m de D+. Vu le poids de son vélo, ça équivaut à un ironman.
Il nous attend devant le camping de Segovia…fermé, damned ! On descend donc vers le centre-ville le long du magnifique aqueduc. Très jolie.
Je demande à une touriste nippone de nous prendre en photo mon boyfriend et moi. Elle me dit que j’ai de la chance, elle s’y connaît en bouclette.
On se trouve un hôtel et restons 2 nuits, histoire de passer une journée dans cette belle ville avec Frisounoux. On lui offre un pot de Dulce de Leche et ça le rend tout foufou, même si le pot est en verre. Il fait gaffe au poids qu’il transporte le Pascal car avec des pneus à 1 kg pièce, une guitare, 3 kg de pâte de datte dégueu, des bigoudis, 8 peignes en os de sangliers, une Hilleberg et un Azub Max de compet’, il frôle le PTAC d’une bagnole.
Après cette journée de pause, on se fait des poutoux-poutoux dit au revoir. Il prend à droite, on prend à gauche. Pour ceux qui connaissent Pascal, vous savez à quel point ça a dû lui faire mal de virer à droite.
Avec Ophélie, on s’est offert un super atlas routier Espagne-Portugal afin de circuler sur les petites routes (les jaunes et les blanches, surlignées en vert si possible). On quitte Segovia et atterrissons enfin dans la grosse campagne déserte. On ne sait pas ce qui nous attend, on a vraiment préparé notre itinéraire à l’arrache. Objectif : remonter plein nord puis obliquer à l’est en longeant la côte de plus ou moins loin. On pense déjà aux saucisses qui nous attendent chez Céline dans le pays Basque, baaaahhhh. Peut-être qu’on verra la mère Pinouille aussi.
On se fait 3 étapes très éprouvantes. 3 jours de vent très fort, entre 60 et 80 km/h en continue, en provenance de l’ouest ou du nord-ouest. De face, de ¾ ou de côté dans le meilleur des cas. 3 jours de froid avec une température ressentie négative la plupart du temps. Une nuit, en bivouac, il fera 0°C sous la tente. Bivouac mémorable d’ailleurs : on s’était posé dans une mini-forêt à 500m d’un élevage porcin. A part l’odeur de lisier, c’était un coin sympa, le seul à l’abri du vent à 30 km à la ronde. Et a part les cris des cochons que des gars chargeaient dans un camion à 3 heures du mat un samedi soir, Ophélie n’aurait pas flippé et on aurait super bien dormi. Pour nous venger, on mangera plein de chorizo.
Fred : « Le vent a pas intérêt à tourner quand on arrivera vers la côte ! Sinon j’me suicide ! »
Un matin, nous roulons 2 heures, sous la pluie, vent de face avec 5°C, ignoble. Côté paysage, c’est pas la joie, ça ressemble vraiment au plateau Picard : d’interminables champs, la mono-culture intensive dans toute sa splendeur.
Pas de haies, pas d’arbres, des sols qui resteraient stériles sans l’apport massif d’engrais. On traverse beaucoup de village, tous les 10 km environ, ça brise la monotonie. Ces villages sont déserts : volets fermés, pas de commerces, 2 ou 3 p’tits vieux. On ne croise aucun ravito pendant ces 3 jours, heureusement qu’on avait fait le plein.
Bref, on a vraiment des conditions de merde mais tant qu’il ne pleut pas, ça va, on est bien équipé avec nos supers doudoune et nos duvets de l’espace. Pour la 1ere fois depuis l’altiplano, nous dormons dans les duvets, au lieu de les mettre en couverture.
Dans ces conditions, on vise les rares camping ouverts. Nous croisons souvent le chemin de Compostelle et on pourrait squatter les refuges pour pèlerins mais ils sont tous fermés. De toute façon, on n’est pas des pèlerins, on est des putains de galériens en ce moment.
Malgré tout ça, le moral est bon et on apprécie toujours le voyage. Demain, c’est normalement la dernière étape dans ces plaines pourries avec un vent de face à 50 km/h. Ensuite, on attaque des massifs d’après la carte. Il devrait y avoir des arbres, des virages et le vent fera moins le malin.
On pourrait se dire que la Patagonie nous a endurci et qu’on est plus fort mais non. La Nature est balèze ici aussi et elle nous rappelle bien qu’on est toujours des petites merdes. Patagonie ou pas, c’est toujours l’aventure.
Sinon, en vrac :
- On mange bien en Espagne et ça coûte vraiment pas cher
- Les espagnols sont froids au premier abord, puis sympas. Comme les chiliens
- Les douches sont bien chaudes !!
- Au camping, on croise des retraités en camping-car qui viennent de passer des mois au Maroc. Ça nous donne drôlement envie ce qu’ils nous en racontent.
- Il y a des vieux chateaux partout
- Une nana du camping de Sahagun (d’où j’écris pendant qu’Ophélie ronque et qu’il grêle) a eu pitié de nous et nous a ouvert une de ces tentes accrochées aux caravanes(vous savez ? le truc des vacanciers à l’ancienne) : table, chaises, chauffage d’appoint et électricité ! Nickel.
- On ne croise personne sur les petites routes, parfois aucunes bagnoles pendant 1 heure.
- ça fait bizarre de ne plus rouler avec Tom & Flo
Et finissons par ce qui me saoule aujourd’hui :
- mon guidon tourne dans le vide : ça apporte un peu de piquant dans les descentes mais c’est fatiguant à la longue. Je ne peux plus resserrer l’expandeur, tout est rouillé. Merci à Azub d’avoir mis une pièce ferreuse/foireuse ici. Si ça ne se débloque pas avec le WD-40, va falloir bricoler.
- Nos fourches avant sont mortes, ou presque : celle d’Ophélie ne remonte plus et la mienne va au taquet rapidement, même durcis à fond. Rageant sur une option à plus 300 boules.
- Le vernis des bômes et porte-bagages s’est complètement barré. C’est juste esthétique mais bon, faut bien que j’dise un peu de mal de nos super vélos de temps en temps.


















































