26/04/16 Ioannina – Metsovo = 57 km (+1400m)
27/04/16 Metsovo – Kastri (Météores) = 72 km (+800m)
28/04/16 Visite des Météores
29/04/16 Kastri – Krini = 93 km
30/04/16 Krini – Kato Gatzea = 86 km
01/05/16 LSD
Mais que se cache-t’il derrière ce titre enigmatique de « Neige, Météores et oeufs durs » ? Vous vous dites peut-être qu’on a vu de la neige, les Météores et des oeufs durs. Et vous avez raison. C’était pas enigmatique du tout, en fait. On va quand même vous raconter en détail.
D’abord, à la demande générale d’une personne, voici notre trajet à jour :
Après 2 jours tristounets et frisquets à Ioannina ou ces crevards de camping-cariste nous auront jamais invité à prendre un café ou rester au chaud 1 heure ou 2, nous sommes super contents d’enfourcher à nouveau nos vélos, malgré un temps toujours menaçant et 8°C au thermomètre.

On passe la journée à monter, la route est déserte et on a des montagnes enneigées en ligne de mire tout le long. Cette étape reçoit le titre de « meilleure étape depuis le début du voyage ».
A un moment, on croise une p’tite vieille qui nous dit des trucs en Grec et en faisant des signes affolés. Alors, comment dire, le grecque est une langue complètement incompréhensible et nous pensons qu’elle a été inventé par les Goa’uld. L’alphabet est un mélange de chinois et de russe et l’oral ressemble à du roumain remixé.On capte que dalle. Mais elle fait « ouaf-ouaf » en mettant une main à hauteur d’épaule et l’autre pointant le haut de la côte. Ok, il semblerait qu’il y ait des chiens dangereux grands comme des poneys un peu plus haut. En effet, au détour d’un virage, on tombe sur une vingtaine de chiens hurlants. Ils nous ont repéré ces petits bâtards, leurs aboiements et leurs sales gueules ont de quoi faire caca mou.
On prend notre courage à 2 mains et marchons à côté des vélos. Le courage consistant en un tas de gros cailloux entassé sur nos sièges et un bâton. Et finalement c’était que des grandes geules et ils ne nous diront rien en passant. Mais valait mieux pas être sur les vélos, c’est sûr.
Ces chiens sont vraiment une plaie. On en croisera plein les jours à venir et faudra souvent descendre du vélo pour les caillasser et leur faire peur. Si javais su ça en croisant les chiots de l’autre jour, ça aurait « couik » le coup de Douk-Douk sous la gorge. Non, je plaisante, je ne suis pas un monstre. Leur crever les yeux et leur couper les papattes antérieures aurait été amplement suffisant. Et bien plus humain.

Juste avant d’arriver à Metsovo, toujours sur cette superbe route. On croise Georges-le-charcutier-Bosniaque. Georges est tranquillement en train de déféquer à 5m du bord de route, froc baissé, vue sur les montagnes, la classe. On fait semblant de pas le voir mais lui s’en fout, se torche un peu trop rapidement pour que ça soit clean et vient carrément nous parler. Dans un mélange d’allemand, de grecque, de français et d’anglais, il nous propose de nous loger dans une chambre pour 20€. Pas cher sachant que Metsovo est le Courchevel grec, toute proportion gardée. Ok, tope-la ! heu non, tope-la pas mais on vient voir quand même.
Vu la tête du gars, on s’attend à loger dans une chambre chez lui, genre avec des sangliers pendus dans l’entrée et des furets en cage. Oui, parce qu’il faut que je vous explique son surnom. Il a un bide énorme, est un peu bourru et crade. Du coup, on pense tout de suite à un charcutier bosniaque, logique. Ensuite Georges, car c’est ce que j’ai compris quand il a dit « Giorgieuosse » de sa voix gutturale en pointant un doigt sur sa poitrine. En tout cas, c’était pas Régis ou Jean-Kevin, c’est sûr. Encore moins Marie-Chantal.
Et là surprise, Georges est gérant d’un petit hotel tout ce qu’il y a de plus normal et il nous fait la piole à moitié prix. Bah tope-la pour de bon. J’irais me laver les mains.
Nous irons visiter la ville et craquerons complètement devant les grillades d’un resto, alors qu’on avait prévu les pâtes-au-réchaud-de-crevard. On sait pas trop quoi prendre alors je dis au serveur que je veux la même assiette que le gars d’à côté, ça a l’air terrible. Ophélie prendra un shish kebab (porc grillé).
Grosse déception quand l’assiette arrive. C’est des abats grillés avec du foie. Les abats grillés, ça passe, c’est même carrément bon en fait. Mais le foie, ça reste du foie, l’un des rares truc qu’on déteste.
On rejoint alors notre chambre froide ou le chauffage fera vaillamment passé la T°C de 11 à 14°C. Il fera 3°C dehors pendant la nuit.
Au réveil, grand soleil et grande forme pour finir la grimpette et passer le col à 1700m. La route est pratiquement à l’abandon et nous ne croiserons qu’un chasse-neige et une voiture en 2h. Superbe, sauvage, aventure.
C’est vraiment dans ce genre d’étape qu’on adore le vélo (le « on », c’est surtout Fred en fait). On se vautre tout les 2 sur la même plaque de verglas, atteignons le sommet-sans-panneau-sans-rien-tanpis-pour-la-photo, enfilons plien de vêtements car ça caille à mort et descendons à fond.

En bas, on se retape une petite côte pour bien nous finir et on s’arrête pour manger, jambes tremblantes. On attend toujours le dernier moment pour bouffer. Du coup, on sort l’artillerie lourde : nouilles chinoises, quesadillas au fromage, nutella et un café pour arriver à se relever.
Ensuite, c’est du bonheur : route magnifique à flan de colline, des troupeaux de brebis et moutons avec leur bergers (et leur foutus clebs), de la descente, du vent dans le dos et pour finir, une vue de fou sur les Météores ! Journée détronant la précédente au rang de « meilleure journée du voyage ». On se pose au camping Vrachos, au pied des rochers. Camping au top avec coin cuisine, tables, bancs, frigos et comble du luxe : du papier dans les toilettes.
Le lendemain,9h, on monte en bus en haut des Météores et allons visiter le Monastère. On se fiche pas mal de la religion mais c’est jolie et y’a une belle vue. Dans une des salles, il y’a une fresque avec des gens qui se font décapiter à l’épée ou à la hache, ecarteler par des chevaux, écraser dans un pressoir, pendre, brûler, empaler, crucifier et même un mélange de tout ça pour les veinards. Y’avait même un gars qui plante des clous dans la tête d’un autre. Du sang gicle partout, on dirait une série B ou un dessin de Tarantino. On a pas bien compris le message mais ça devait être du genre : « voyez comme les religieux ont morflé, sentez-vous coupables et donnez-nous du fric ».
Le truc le plus chouette de cette visite, en dehors des belles fresques, restera l’achat d’une bouteille d’huile d’olive dans la boutique de souvenir. Ca faisait 1 semaine qu’on galérait pour trouver autre-chose qu’un bidon de 5 litres ou des grandes bouteilles d’1 litres.
Ensuite, on redescend par un chemin pédestre à peine indiqué sur les cartes. On se retrouve seuls au milieu des rochers, c’est génial. On croisera un paquet de gros lézard vert fluo et au moins une douzaine de tortues, dont 2 en train de… de… de… ô mon Dieu, pardonnez-moi cette expression…. de s’accoupler !
2 heures de marche et nous revoilà de retour au camping pour une après-midi LSD : Lessive – Sieste et Douche/Defonçage de bouffe/Dessin/Dénigrement des campings-caristes.

Le lendemain, c’est reparti pour du vélo. C’est un peu le principe du voyage à vélo, faut pas l’oublier. Comme il pleut toute la matinée, on ne part qu’à 12h. C’est tout plat mais on se prend un petit vent de face qui deviendra bien méchant en fin de journée, s’intensifiant en même temps que notre fatigue. La nature est cruelle. Comme souvent, on a croisé plein de super coin à bivouac en route mais c’est quand il est temps de s’arrêter qu’on ne voit plus rien. Ophélie a alors la bonne idée d’aller trouver un couple de Goa’uld pour leur demander si on peut planter la tente sur leur petite exploitation (des noyers, des poules, qques moutons et une vache). On arrive à se faire comprendre, ça ressemblait quand même pas mal à une troisième manche de Time’s up.

Yanis et Maria sont adorables. On leur explique tant bien que mal notre voyage, Maria vérifie qu’on aura pas froid cette nuit et nous apportera 4 oeufs extra frais et un sot d’eau pour la toilette. Ils repartent chez eux et on passe une bonne nuit pendant laquelle j’apprendrais qu’un chien peut aboyer en continue pendant plus de 2 heures. Je me rendormirai en pensant à mon Douk-Douk chéri. Ophélie dormira profondément grâce à ses boules Quies sur-mesure. Bourgeoise !
Au réveil, Yanis et Maria sont de retour avec une amie qui ne vient pas les mains vides : une grande brioche, du jus de fruit, des biscuits et des oeufs durs ! Trop sympa. Le voyage à vélo prend tout son sens dans ces moments là. Autant que dans les cols, en moins physique.
On leur dis au revoir chaleureusement et filons dans la belle campagne grecque. Des champs de blé vert, des coquelicots, des genêts, de l’aneth sauvage au gout d’anis et pas un chien. C’est beau comme un fond d’écran Windows 98. Oui, celui avec l’arbre en haut d’une colline.
Après une bonne séance de montagne russe et une pause dans un café dont la gérante nous offre 4 œufs dures (c’est Pâques), on déboule sur Volos, faisons le plein de nourriture et filons le long de la mer Égée sur la péninsule du Pelion.

On atterrit au camping Hellas, une perle en bord de mer, à l’ombre d’oliviers plusieurs fois centenaires. En cherchant un emplacement, on se met à discuter avec un couple de retraités hollandais et il ne se passe pas 1 minute avant qu’on se retrouve avec une bière chacun dans les mains. Alors là, vous vous dites peut-être : « Tu vois Fred, ils peuvent être sympa les campings-caristes, soit pas si con ». Bah nan, ils avaient une caravane.
Une baignade et
Le lendemain, c’est repos + rédaction de ce long article + baignade. La Grèce nous surprend, on s’y sent vraiment bien, surtout à la campagne qui fait très « vieille France ». Après 3 semaines de vélo, on a enfin la grande forme, les jambes répondent bien et récupèrent vite. Ça fait du bien de ne plus chialer dès que ça grimpe ou qu’on dépasse les 5h de pédalage.
Demain, on met le cap au sud vers Delphe. Ensuite c’est le Pirée, la Turquie, les chiens turcs, les visas… la route est encore longue. Et c’est tant mieux.
Et prochainement, vous l’attendez tous, la nomination du Follower du mois d’avril.







