- 08/12/13 Bardas Blancas – El Zampal, sur le Rio Grande = 88km
- 09/12/13 El Zampal – Barrancas = 63 km (D+ = 950m)
Quand les éléments se combinent pour faire d’une journée redoutée un moment extraordinaire.
Levé à 6h30, départ à 7h30. On est en pleine forme, il n’y a pas de vent et le ciel est nuageux. Parfait.
Le trajet commence par 10 km de piste, en bonne état puisque tassée par les nombreux camions l’empruntant, sauf aujourd’hui car c’est dimanche. Il y a des gros travaux, augurant peut-être une belle route entre Bardas Blancas et Barrancas dans les années à venir.
On roule bien, le temps est parfait et nous sommes quasiment seuls. On enchaîne ensuite avec du bitume. Nous longeons le Rio Grande, c’est magnifique. On se croirait presque dans une vallée fertile d’Afrique, ou dans le Roi Lion.
Vers 11h, on a les crocs mais impossible de s’arrêter : on se fait agresser par des escadrons de moucherons, comme les midges en Irlande, mais sans la Guiness pour oublier qu’ils nous piquent.
On continue un peu pour s’arrêter sur la route, en haut d’une côte, en plein vent et loin de toute zone humide ou ombragée. Un coin de merde en somme, mais sans moucherons assassins.
A la place, c’est des taons qui débarquent. Ils sont redoutables et leur piqûre est rapide et douloureuse. Sur le coup, t’as envie d’un bon gros lance-flamme. Heureusement, ils ne sont pas nombreux et pas très vifs. Le 1er fait l’erreur de se poser sur ma scandale alors que je coupe amoureusement des tranches de chorizo. SHLAK !! J’lui coupe la tête. C’est net et précis, Bear Grills aurait applaudi. Le 2eme, j’me le fait de façon classique : au torchon (oui oui, LE torchon), pendant qu’il galère dans mes poils de jambes. Après ces 2 exemples, nous serons tranquilles. Ils ont compris qui c’est l’patron ici.
On continue sur une vingtaine de km, c’est toujours aussi beau. Au km 58, nous voilà a La Pasarela. D’après les argentins avec qui nous discutons, c’est un canyon qui s’est formé il y a seulement 1 siècle suite à l’éruption d’un volcan. Roche noire sur fond vert, lindo, no ?
Ce passage marque la fin du bitume et le début de 52 km de piste dont les 30 premiers sont, parait-il, redoutables.
Voilà ce qu’on en sait :
- nos collègues Angélique et Rémy, passés par là l’an dernier avec les même vélos que nous, ont du renoncer au bout de quelques kilomètre et faire du stop
- Idem pour nos amis tandemistes Laurent et Anne, passés par là il y a 8 ou 9 jours. Obligés de pousser leur paquebot dans 10 cm de gravier, ils ont grimpé dans un camion qui leur a épargné cette piste et 3 jours de vélo.
- Et enfin, nos amis les Terraillos, passés par là il y a 1 mois en vélo-couché également. Ils sont forts comme des sangliers Ardennais (leur tente en aurait même, parait-il, l’odeur…), ils voyagent bien plus léger que nous et, malgré ça, l’un de leur membre (que nous nommerons Beatricia pour respecter son anonymat) a frôlé l’auto-mutilation, sauvée in extremis par un demi bonbon à la menthe.
Donc il y avait de quoi s’inquiéter un peu. Surtout qu’on est dimanche et qu’il n’y a quasiment aucune voiture-balais.
Ça secoue bien en effet et il faut choisir le bon côté de la piste (souvent à gauche, pourquoi ??). Au bout de 2 km, je décide de dégonfler fortement les pneus. C’est le jour et la nuit, les vélos flottent sur les cailloux et le sable au lieu de rebondir et s’enfoncer. On roule à plus de 10 km/h de moyenne, sans forcer ni jamais descendre du vélo. Nos gros pneus font sûrement la différence : 1,75 à l’avant et 2 pouces à l’arrière.
Bloquée sous le vélo. Hilarant
On peut donc profiter du décor avec, en prime, un fort vent dans le dos (le même qui nous a pourri la descente de la veille), un soleil masqué et un orage qui approche, donnant un éclairage contrasté sur le rio, les roches volcaniques, les montagnes colorées et les troupeaux de chèvres naines.
Message pour mon ami Nicolas, ex-compagnon cyclochard : même si c’est l’un de tes grands fantasmes, sache que la chèvre naine n’est pas le fruit des amours entre un bouc et une naine (comme Mimi Mathy, ton actrice préférée). C’est juste une espèce à part. J’en profite également pour te rappeler que le cousin n’est pas la maman du moustique, on avait eu un long débat là-dessus.
On boucle 30 km en moins de 3 heures, et juste avant El Zampal et le passage au-dessus du Rio Grande, le compteur passe à 5 chiffres : 10000 km !!
C’était un jour parfait pour ça, on s’en souviendra longtemps.
A 10001 km, on passe le pont et on repère le spot idéal pour un bivouac : au bord du rio et à l’abri du vent. On se baigne dans l’eau fraîche, qui était encore neige au sommet des Andes il y a quelques heures. Et pour fêter les 10000, on se fait des pâtes 10000 fois meilleures que d’habitude : huile d’olive, tomates fraîches en dès, parmesan et œufs durs. Simple, surprenant, énergisant et excellent, comme ce voyage.
Après une nuit très calme, on se lève à nouveau à 6h30. On s’attend à une journée facile et on espère rejoindre le camping de Barrancas pour le déjeuner.
Erreur : on commence déjà par 21 km de piste et près de 600m de D+. Elle est en meilleur état que la veille mais c’est toujours pas la fête, pas de quoi regonfler les pneus.
C’est là qu’Ophélie nous sort un truc d’une lucidité aveuglante :
« Ça serait mieux si c’était plat »
Voilà, il aura fallu 7 mois et 10000 km pour en arriver à ce constat, qui est faux, en plus. Car quand c’est plat, c’est chiant.
Je retiens mon poing car c’est sous le coup d’une légère fatigue sur les pentes ardues d’une piste poussiéreuse qu’elle a dit ça. Circonstances atténuantes, affaire classée.
Mais je reste aux aguets, j’ai peur qu’à Ushuaïa elle nous lâche un truc du genre : « Mouais, on aurait du tout faire en bagnole » ou « On va aux Pays-Bas la prochaine fois ».
On retrouve le bitume, l’occasion pour moi de travailler mes impressionnant triceps sur la pompe à vélo, mieux que les dips de la méthode Laffay.
Ensuite, ça monte, ça descend et ça remonte un dernier petit coup avant l’arrivée à Barrancas, à 15h30 et 37°C au soleil (mais seulement 25 à l’ombre, yes!!). Nous voici en Patagonie mais il reste quelques centaines de kilomètre avant les lacs et tout le tralala.
Pause déjeuner à Ranquil Norte.
On discute avec des motards argentins super sympa. Ils disent qu’ils nous ont vu à la télé. Ils vont jusqu’à Ushuaïa également, sauf que ça leur prendra 2 semaines à peine. Ce soir, ils seront dans un village que nous n’atteindrons qu’en 4 jours de vélo. Ça fait aventure la moto mais ça l’est pas tellement en fait. Surtout qu’on les voit presque jamais au camping les motards, toujours au resto et à l’hôtel. Les vrais motards, c’est ceux qui roulent sur le périph’ en hiver, comme mon Papa.
« Je me souviendrais longtemps de vous deux. Les 2 cyclistes fous » – Un motard Argentin
On demande le prix de l’hôtel : 4 fois plus cher que le camping. Donc camping. Mais tellement sympa sous les arbres, avec des chaises longues, le wifi et le BBQ qu’on restera 2 nuits.
Histoire aussi de se reposer de ces 5 étapes et de laver le linge. Sur mon t-shirt (vous savez, le bleu que je porte tout le temps en ce moment), il y a des croûtes de sel. Je vous parle pas des petites auréoles blanches qu’on a tous quand on fait du sport. Non, là, c’est carrément 2mm de sel. Un mini salar sous les bras. La classe Uyunienne !!
A+
Simba et Nala
partirlespiedsdevant.com 
waooou quelle bande de winners. Passer là où d’autres ont calé… des petits joueurs… lol
finalement vous auriez pu faire le Sud Lipez…
Oui, on était super content d’être passé sans encombre.
Pour le Sud Lipez = no way !! C’est pire
Pas la peine de publier ça tu peux repondre par mail simplement.
mais vous avez une idée de votre date de retour? on aimerait bien essayer de vous croiser avant de partir histoire de passer le relais… et ici vaut mieux réserver les billets de trains 3 mois à l’avance pour les tarifs…
réponse par mail, certaines choses doivent rester hautement confidentielles
C’est toujours avec autant de plaisir que je lis ton récit Fred 🙂
merci l’ami.On se voit tantôt en Normandie 😉
Je reconnais bien là mon garçon malin, il suffisait de dégonfler les pneus et ça passe.
Que préférez vous pour Noël: une dinde farcie, une bûche glacée et à quelle adresse dois je l’expédier ?
Gros bisous
Un coca avec des glaçons pour moi
Un sandwich au camembert pour Ophélie
Adresse :Pampa de merde, pas loin des autruches
C’est là qu’Ophélie nous sort un truc d’une lucidité aveuglante …
j’ai adoré le « nous » !
10000km…que dire…dans un lieu difficile et magique…( a pars les sales bestioles)..
Super..la force est avec vous…..Challenge réussi…le Rio Grande….que du bonheur..Pour ma part, je me suis remis au vélo le dimanche..30km , en doudoune et avec les gants.Je pense bien a vous..le tee shirt est trempé..que du bonheur..Sinon, a la base..ce voyage….c’est la quête du bonheur, un pari fou..histoire de faire mieux connaissance avec Ophélie? découvrir les odeurs de chacun ainsi que sa résistance….En tous cas j’espère que Fred a trouvé un truc sympa pour motiver Ophélie….A+
Bien pour le vélo ! Je suis content que ce blog donne envie de rouler, même en hiver…
Ophélie reste super motivée, on a encore claqué une étape monstrueuse hier, avec 2 nouveaux records !
Joyeux 10000!!
c’est pas tous les jours qu’on fête ses 10000
Merci !
« bloquée sous le vélo » :
la photo « chute du leader dans l’étape Paris – ushuaia » est collector !!
Super cadré, le regard en arrière pour vérifier que le peloton se rapproche pas trop; tout y est .
Un choix certainement gagnant pour le concours des résumés en 15 photos qu’il faudra pas oublier de lancer ,Fred! (oui, oui, après l’arrivée ). je m’inscris comme membre du jury .
Dieu, quel beau voyage!
a+
On dirait que les routes sont tout de même un chouya moins roulantes que chez les incas à 4000 mètres…
Excellent ! Je voulais mettre sous la photo « chute à l’avant du peloton » et j’ai oublié après.
Les routes sont bien meilleur en Pérou et Bolivie. Ils ont pas de voiture mais des belles routes pour les gringos.
Hello. Un coucou de Fabienne. Bravo pour les 10000. Bon, faut que je vous dise un truc : Eric a regardé sur le blog la carte avec le chemin que vous empruntez actuellement. Et lâ, il me dit : ben en fait ils descendent quand on regarde la carte, trop facile ! Avouez que je suis courageuse d’être sa muse ! Ah oui, il a une question : vu que vous êtes dans l hemisphère sud, est ce que l eau dans l’evier tourne dans le sens inverse que dans l hemisphère nord ! Svp repondez vraiment car sinon il va craquer ( il est fou)
Ah ça, faut demander à Ophélie. Je touche jamais à la vaisselle ni au linge 😉
Mais, oui, ça tourne bien dans l’autre sens. Et les croissants de lune sont différents aussi. Et le soleil fait sa course au nord. Et les pieds touchent bien le sol. En fait, j’ai bien l’impression qu’on peut vivre normalement dans l’hémisphère sud 😉
C’est moins bizarre que la Vallée de l’automne éternelle
A+
Ça nous réchauffe un peu tout ces récits parce que ici c’est grisaille et froid , on est jamais content finalement …
Je n’ai plus de mots pour décrire mon plaisir à vous lire .
Je garde toutes mes questions pour notre prochaine rencontre .
Christophe
ton enthousiasme fait très plaisir. Ça fait bizarre ici de passer Noel avec soleil et 30°C
Toujours un régal de te lire 🙂
Sinon, j’ai pensé que cette chanson s’imposait pour célébrer les 10 000 : http://www.dailymotion.com/video/x2pv64_alain-bashung-l-arrivee-du-tour_music
(elle est parue sur l’album « Passé le Rio Grande)
le montage est déjà bouclé ;)… Et je peux pas ouvrir la vidéo ici : restriction pays, va comprendre
Tu me feras écouter ça
Voui, voui, voui… Le vent dans le dos… Mais bien sûr… Et c’est un troupeau de nandous qui portaient vos bagages ? Non mais c’est pas fini d’essayer de faire croire des trucs comme ça ! Le vent dans le dos est un mythe ! Il n’existe pas !
Bravo pour les 10000.
Bande de jaloux avec votre soi-disant vent de face et pas de compteur !!
Si le moucheron en photo est le même que ceux pris en photo sur le plan plus large , chapeau a l’apn pour la macro . ( et chouette aussi celle de la chenille )
Sinon je n’ai plus les mots pour décrire le plaisir que j’ai a découvrir vos nouveaux articles .
Je garde toutes les questions pour notre prochaine rencontre , mais va falloir une velorizon d’au moins 1 semaine et pas 3 jours .
Bravo pour les 10K . Dire que c’est l’entrainement estimé pour finir un PBP tranquille . Mais sans sacoches , moins de dénivelé et avec plus d’oxygène . Vous devenez des monstres physiques , au retour , ça va vous faire tout drôle d’évoluer parmi nous , êtres chétifs et blafards . Un peu comme les équipes de stars trek qui débarquent sur une planète a plus faible gravité que la terre .
Continuez
C’est un taon en gros plan.
Prépares l’apéro pour la Normandie
Tu verras, on sera des grosses loques en rentrant, les genoux perclus de rhumatisme. Le rythme voyage n’est pas le même que les brevets ou ballades sportives. Je suis pas sur qu’on ira plus vite. Par contre, on est super forts maintenant pour rester crades pendant 3 jours
fin du commentaire coupé :
Continuez a nous faire rêver !
Christophe
pas de soucis l’ami
10 000 WOUAAA!!! Mais il ne reste plus que 6000…. ca sent la fin…. vivement CNH !!! 😈
Et EL NINO il vous laisse tranquille ???
Vous avez encore des sous ???
Vous avez appris pour MANDELA ??
Et le PSG ??
Mon fils a eu 15 de moyenne au 1er trimestre !! (s’il avait eu moins, j’aurais ferme ma gueule en effet 😉)
Aller, bizavous et bonne continuation!!!
Ciao
Loïc
Ca y est, ils ont libéré Mandela et il joue numéro 15 au PSG ? Depuis le temps qu’on attendait ça !
On est au courant de rien, sauf pour ton fils bien sur. Fais gaffe, il a fumé en cachette la semaine dernière.
Boah… 10 000 km, je fais ça tous les ans… et je fais pas de blog pour autant… Faisez gaffe, vous vous Hiltonisez !
Petit poutoux quand même.
c’est ce que je me disais aussi. J’ai eu un peu honte et puis je me suis rappelé que t’es devenu une feignasse qui alterne entre un vélo électrique et un vélo de moins de 20kg, donc ultra-léger.
Lechouille quand même