- 26/03/14 Sahagun – Cistierna = 62 km
- 27/03/14 Cistierna – Oseja de las Sambre = 67 km grandiose
- 28/03/14 … – Avin = 53 km
- 29/03/14 Avin = repos
- 30/03/14 Avin – Sopena = 78 km / 1220m D+
- 31/03/14 Sopena – après Campillo = 77 km / 1400m D+
- 01/04/14 … – Ramales la Victoria = 63 km / 1000m D+
- 02/04/14 … – Sopelana = 89 km / 960m D+
- 03/04/14 Sopelana = petit tour à Bilbao, sans les vélos, y’a le métro
- 04/04/14 Sopelana = farniente + blog
Des Asturies à l’Euskadi, en passant par la Cantabria et les Picos de Europa. Venga ! Venga !
A Sahagun, j’ai tout tenté pour réparer mon foutu guidon. J’ai récité mes mantras pour que Mac Gyver entre dans mon corps et se débrouille avec un collier de serrage, du scotch et des bouts de chambre à air. J’étais assez optimiste sur ce coup là mais ça n’a rien donné, à part un look Mad Max à mon guidon. Dépité, j’enlève tout, ça me saoule. Tant pis, je roulerais comme ça jusqu’au bout. Là, Ophélie pose sa main sur mon épaule et me dis doucement : « Aller, c’est pas grave. Viens, on va chez le marchand de vélo juste à côté ». En d’autre termes : « remballe ta fierté Ducon ».
Le gars arrivera à tout débloquer grâce à un étau et une clef d’au moins 25 cm. Et comme il nous prend pour des pèlerins, ne nous fera rien payer. Sympa.
Le soir, au camping, le froid tombera d’un coup et il caillera sévère pendant la nuit. Et au réveil, surprise ! De la neige gelée sur la tente !
Heureusement, il fait beau et le soleil a vite fait de sécher tout ça. On part donc tout content mais ça tourne vite au vinaigre. Après 1 heure à pédaler sous un beau soleil, on entre dans les nuages et la T°C chute à nouveau : 6°C avec un p’tit vent sympa dans la tronche. Côté paysage en revanche, c’est du mieux avec enfin des collines, des rivières et des arbres. La plaine pourrie est enfin derrière nous.
Ça commence à grimper doucement, le ciel se charge de plus en plus, la T°C descend encore à 2°C et il se met à neiger. Doucement d’abord puis plus abondamment. Wouuuuhh, c’est rock’n’roll là ! Y’a plus de 20 cm de neige autour et on croise les déneigeuses/saleuses. Je connais pas de conditions plus dégueulasse que ça.
On crève de chaud mais dès qu’on enlève un truc ou qu’on entrouvre la veste, on crève de froid. Les lunettes de soleil sont pleines de buée mais les flocons nous brûlent les yeux dès qu’on les enlève. C’est comme au ski quand tu t’es bien vautré dans la poudreuse et que tu galères à te relever et à ramper comme une loque jusqu’à la piste. Je me dis qu’Ophélie va finir par craquer mais même pas, elle lâche juste des trucs du genre : « … de …, j’en ai … le … de ce temps de …, …. ! ». J’ai mis des points à la place des gros mots, t’as vu maman, je progresse hein ? J’essaye de ne plus écrire comme un gros bâtard !
On arrive a Cistierna bien trempé mais on prend le temps de faire le tour des hôtels pour dégoter le moins cher. Oui, étonnamment, Ophélie n’est pas très motivée pour aller au camping. Elle sort la soi-disant excuse de l’hypothermie.
Les gens nous regardent bizarrement, je sais pas s’ils nous prennent pour des pèlerins ou des psychopathes.
Avant le départ, on faisait les malins en disant qu’on n’aurait pas d’hiver pendant 1 an. Bah non.
Après une bonne douche, une bonne nuit et un point météo, on repart le lendemain. On fait aussi le plein d’essence et la pression des pneus. Je me rends compte qu’on a roulé avec 3 ou 4 bars maxi au lieu de 5, pendant 10 mois… Faut vraiment que je trouve une pompe avec manomètre, c’est le jour et la nuit avec des pneus bien durs, on a l’impression de rouler sur des vélos neufs (si on fait abstraction des « klings », des « klongs » et des « crrrrr »). Et voilà comment débute une journée parfaite, comme on y a droit de temps en temps.
Une journée parfaite, donc, ton vélo roule tout seul avec ses pneus bien gonflés. T’oublierais presque que ta chaîne est recouverte d’une belle couche de crasse.
Une journée parfaite, le soleil apparaît au bout de 10 minutes et ne te lâche plus.
Une journée parfaite, y’a plus de vent. Enfin !
Une journée parfaite, y’a presque pas de voitures
Une journée parfaite, tu roules dans des paysages grandioses auxquels tu ne t’attendais pas du tout. Les souvenirs se bousculent dans nos têtes, un mélange de Grand Téton et du Fitz Roy.
Une journée parfaite, tu manges dans un abri bus 4 étoiles avec toilettes, distributeur de coca et vue panoramique.
Une journée parfaite, tu passes un col facile comme tout avec le panneau qui va bien en haut.
Une journée parfaite, tu finis par une descente plus longue que la montée.
Une journée parfaite, t’atterris dans un bled aux airs de Tibet. Et tu te prends pour Brad Pitt, évidemment.
Une journée parfaite, il fait beau le lendemain, ça descend encore et tu sais que tu te poseras dans un super camping pour une journée de repos.
A Avin, nous sommes donc presque redescendu au niveau de la mer, après avoir passé Les Picos de Europa. C’est enfin le printemps, la nature explose et nous en sommes les spectateurs privilégiés.
Les 4 jours qui suivent se ressemblent. On roule dans la campagne et c’est bucolique : des prés, des vaches avec des cloches, des tracteurs, des veaux aussi adorables qu’appétissants… Au Pérou aussi c’était bucolique, mais sans le « bu ». Ah ah ah. Il y a encore plein de petites fermes familiales. J’imagine que c’était encore comme ça en France il y a 15 ou 20 ans, avant que la moitié des fermiers ne se suicident pendant que l’autre se faisaient rachetés par des grosses industries agro-alimentaires. Je sais pas trop en fait, moi j’regardais Dragon Ball Z à l’époque.
Nous traversons les régions d’Asturia et Cantabria et longeons souvent des rivières avec de temps en temps un changement de vallée, ce qui veut dire un col, et ce qui explique le beau D+ qu’on mange chaque jours. On met donc parfois 2 heures pour faire 10 km, puis 12 minutes pour la même distance. C’est un peu physique mais agréable. Et ça nous fait consommer énormément : on enfourne des p’tits écoliers, on engloutit des chorizos, on gobe des vache-qui-rit, on se catapulte des tortillas, on défonce des mandrines et on déglingue plein de bon pain.
C’est le voyage facile en ce moment : petites routes sympa, climat idéal pour pédaler, des campings et des supérettes.
Le bivouac n’est pas facile car ce pays est tout de même densément peuplé et les pentes escarpées en ce moment. On en fera un tout de même assez sympa tout près d’un col, dans la cour d’une vieille bâtisse. On a tenté un peu du côté warmshower mais on a eu soit des réponses négatives, soit pas de réponse, et comme ça nous saoule d’aller sur internet tout les 2 jours, on laisse tomber et on vise les campings.
Nous croisons énormément de cyclistes. Par chez nous, on en croise pratiquement que le dimanche matin et c’est souvent des p’tits vieux. Ça me désole mais, en France, la moyenne d’âge des cyclistes est souvent élevé. Alors qu’ici, c’est du jeunot ou un peu plus, genre entre 20 et 40 ans. On les croise tous les jours et ça roule sur du beau matos : du Pinarello, du Scott, du BH, du Giant… que du carbone. La plupart de ces vélos pèsent moins que ma sacoche bouffe à elle seule. Autant dire que je ne relève jamais le défis quand ils nous doublent, je joue le gars sympa qui reste gentiment avec sa copine. Mais purée, si j’étais sur un vélo de moins de 15 kg, y’aurait de la bagarre !! Les mecs commencent la saison alors que je suis au top du top !
Avec Ophélie, on s’étonne d’en croiser autant en semaine. Ils bossent quand les mecs ? Non mais faut pas nous faire croire que l’Espagne galère avec son économie quand on voit toute cette main d’œuvre en train de pédaler sur des vélos à 6000 € ! Non mais franchement ! Un jeune, déjà, c’est fait pour bosser, pour faire carrière, pour apporter sa pierre à l’édifice de la société. C’est pas fait pour pédaler en semaine bordel ! On va ou là ? C’est la porte ouverte à toutes les fenêtres moi j’dis. Tout part à vaux-l’eau, qui va payer nos retraites !
Ils roulent vite et prennent tout juste le temps de dire bonjour ou de lever la main. Pas un ne ralenti pour taper la discute. C’est vraiment 2 mondes à part.
D’un côté, t’as ceux qui :
- ne peuvent même pas imaginer rouler sur un vélo de plus de , soyons généreux, 9 kg
- préféraient se mutiler plutôt que de rouler avec des chaînes crades comme les nôtres
- ne s’arrêtent pas en haut des cols pour prendre la photo ninja
- portent que des trucs moulant avec des sponsors très proches des valeurs du sport : générosité, abnégation, partage, nature. Je parle bien sûr des banques, des assurances, des opérateurs de téléphonie mobile, du Père Dodu…
- ont des roues qui coutent le prix de nos vélos
- s’épilent les jambes !
de l’autre, ceux qui :
- se sentent à poil s’ils n’ont pas une tente, un réchaud et de la bouffe pour 3 jours
- ont un caleçon qui sèche sur le porte-bagage
- grimpent à 6 km/h les bons jours, et en y prenant du plaisir !
- mangent que des trucs gras, salés et sucrés, toutes les 2 heures
- portent le même t-shirt depuis 4 jours
- passés 17h, commencent à repérer des spots pour le bivouac et pour faire le plein d’eau
2 activités à part ou chacun trouve son plaisir.
Nous voici donc aujourd’hui à Sopelana, au bord de l’Atlantique et son doux Gulf Stream, au nord de Bilbao, en Euskadi, chez les fous !! On sent la grosse identité basque avec beaucoup de drapeaux et des panneaux écrits en basque avant l’espagnol.
La traversée de Bilbao, grande ville pleines de routes à 4 voies je précise, s’est bien passée puisqu’on n’y est pas passé. Je sais pas trop comment on s’est débrouillé mais on a du loupé un ou 2 ponts pour traverser l’estuaire et on s’est retrouvé à Portugualete. C’était super jolie et on a traversé sur un antique pont suspendu. Quelques coups de pédales sur un beau front de mer, une mini-côte et nous arrivons au camping, les jambes lourdes après ces 4 jours.
Le lendemain, par acquis de conscience et parce qu’il y a le métro, nous allons faire un tour à Bilbao. A moins qu’on n’ai pas visité les bons quartiers, on a rien trouvé de beau dans cette ville. Des magasins, des voitures, des gens obnubilés par leur foutu smartphone, des magasins, des gens très très sérieux dans des costards sinistres, des banques et des magasins. En gros.
Nous restons une journée de plus au camping pour profiter de la plage et d’un grand ciel bleu.
Ensuite, dernière série d’étapes avant la fin du voyage, la vraie. Enfin presque.
Salut,
Malgré tout ce que vous avez pu admirer de paysages depuis le départ, ça fait plaisir de voir que nos ‘proches’ contrées peuvent encore vous enchanter. Que la magie du printemps vous accompagne pour cet fin de voyage !
PS : quand vous passez du coté du Poitou, faites signe …
Dans le mille Bubu. On est content de voir qu’on est pas blasé malgré toutes les belles choses qu’on a vu.
PS : on ne passe pas par le Poitou, on fait Hendaye-Paris en train. Mais merci
qu’il est sympa ce « enfin presque! » ; sans lui ce serait atroce!
Quel plaisir de vous retrouver après toute cette absence ; Rassuré aussi, le blog en espagne est aussi bien tourné et attractif que sur grand Téton , Fitz Roy, craker lack et sa musique péchue et tout votre super périple.
Quel talent bon sang ce narrateur et ce preneur de vue! Mais c’est vrai aussi qu’avec la solidité à toute épreuve d’une Normande manchotte de compét on peut aller au bout du monde!! Chapeau’phélie! le style clodo péruvien te va à merveille, dans la photo de l’abri bus du post d’avant tu es magnifique!!! (si si regarde! )
C’est dingue d’arriver à nous rappeler l’altiplano, le salar et les Andes et tout ce qu’on a engrangé avec vous, avec juste de l’Espagne…
Merci merci et à bien vite, on en reveut…
J’étais sur qu’il te plairait ce « enfin presque » !
Merci pour ton commentaire, c’est le genre de truc qui me motive à mort pour écrire.
A+
Toujours autant de plaisir à vous lire.
Franchement, votre tee-shirt avec les nouvelles casquettes de chez rustines : http://www.rustines.fr/vetements/31-casquette-bleu-vpc-rustines.html, ça ferait un combo ……. d’enfer.
J’la veux, j’la veux !! J’hésites entre la rouge et la bleu, et même la blanche !!
Si tu passes une commande, dis-moi absolument. J’suis un gros geek du vélo comme toi, tu le sais. A moins que tu décides de me l’offrir bien sur.
A bientôt.
PS : ta présence est obligatoire à notre retour. Les infos dans le prochain post
Bisou
Impressionnant le déguisement d’Ophélie en clodo péruvien , il fait très vrai….Sinon la neige pas cool…c’était prévu au programme d’avoir de la neige….oui le tee shirt est très sympa…oh faite le pied droit c’est celui d’Ophélie et le pied gauche celui de Fred?……
Non non, au contraire, super cool la neige ! On en veut pas tout les jours mais ça fait des souvenirs et un super article du coup.
Quoi, moi un pied gauche ?? 😉
Non mais ! Défoncer des mandrines ! Bandes de joyeux pervers ! Vous les avez pas en patchwork vos nouveaux tee-shirts ? Poutoux du camping municipal de Chefchaouen.
T’es jalouse hein ? T’aimerais bien être une mandarine, avoues !
Biz de Mendexa, après 1830 m de D+ !
Les campings ont l’air bien vide dit donc !
Ça doit pas être la queue pour la douche .
Ca vous aura fait un sacré entrainement , des vélos surchargés , des pneus sous gonflés et de l’altitude pendant un an !
dépêche toi au retour de t’acheter un vélo léger , de t’épiler les jambes et de t’habiller en Lycra tout moulant pour profiter de cet entrainement , sinon quel gâchis 😉
Yes, c’est peinard les camping, on adore ça. Y’a que des allemands super calmes. Ca change du nord de l’Argentine.
Tu me verras jamais avec du Lycra, je déteste !! Par contre, une petite combinaison en Latex noir avec la cagoule assortie…
Tu serras bien en Normandie ? Je t’ai pas vu sur la liste.
complétement OK avec Louison 69 : tu es à bloc faut pas laisser retomber la mayo!!! Ecoute, le dis pas aux autres mais j’ai une combi, si tu peux trouver la cagoule qui va bien, ca va pouvoir le faire….
il a raison Louison, faut enchainer..
pour une chaine propre , si besoin demande de l’aide à qui tu sais: chaine et chape propres , même combat
VENGA VENGA A BAILAR !
Excellent ! J’vais demander une cagoule à mes potes de l’ETA
C’est bon, j’ai trouvé tout plein de cagoules dans le pays basque !
Espèces d’égoïstes, vous voulez rentrer dans une semaine? Et moi qui avait l’habitude de vous lire tous les soirs, qu’est ce que je vais faire de mes soirées maintenant? SVP,, continuez le voyage à Escoutoux, à la via lette, à champagnac le vieux, à Chantemerle , à la bajeasse.
Bon vent et gros bisous à tous 2
Files-nous 15000 € et on continue jusqu’à Bangkok !
Ben vous êtes vraiment devenus des sauvages, il n’y a plus une ville qui vous plaiî, malgré le plaisir de la pollution, des foules qui grouillent, des gens qui râlent, je vous en passe et des meilleures ! Je sens en vous une préférence très nette pour la nature, j’ai de sacrés dons de clairvoyance, hein ?
Super, les t-shirts, j’en offrirai un à ma belle-soeur qui déteste tout ce qui a à voir avec les pieds (elle est Parisienne, je précise 🙂 . Trève de plaisanterie, j’aime vraiment toute cette énergie créative du blog et de tout le voyage.
Bon, cette fois je me prépare pour la derniàre étape, oublie les kleenex, ce sera champagne à la fin, kin même !
Bonne route, bon soleil, que les dieux vélocipèdes et autres huluberlus soient avec vous.
Super commentaire. Merci Aude !