26/07/16 Bajgiran – Ashgabat (Turkmenistan) = 3km à vélo, le reste version luxe
27/07/16 Ashgabat = Visite puis départ en train de nuit
28/07/16 Ashgabat – Farap – 38 km avant Boukhara (Ouzbekistan) = 71 km
29/07/16 … – Boukhara = 38 km
30/07/16 Boukhara = visite
Alors, où en étions-nous ? Vélo, Iran, bogosses à la plage, bivouac… Ah, voilà : Bajgiran, frontière Iran-Turkmenistan, camping dans un parc, vélos nettoyés, pièce ressoudée, blablabla…
Une courte montée nous amène donc à la dite frontière. On montre les passeports à une douzaine de personnes, passons les sacoches aux rayons X, obtenons nos visas Turkmènes en 10 minutes (et une soixantaine de dollars par personne…) et entrons au Turkmenistan. Je vous passe la scène où les filles ôtent leurs voiles en chantant » Délivréééééeeees !!! Libéréééééeeesss !!! Nous ne nous voilerons plus jamais ! « , c’était trop pathétique et ça défiait beaucoup trop l’autorité de Benoit et moi-même, leurs maîtres absolus quelque soit le pays.
On rejoint notre guide qui nous escortera jusqu’à la sortie du pays : Nasar, Naser ou Nazar (pas Jean-Paul, c’est sûr. Encore moins Cyril-Alain), ancien électricien pour Bouygues parlant couramment le français. Les vélos étaient censés embarquer dans un fourgon dédié mais du fourgon, y’en a pas. A la place, 2 mini-bus de 8 places aux sièges non démontables. Bah tant pis pour ces derniers, on charge les vélos à l’arrache dessus, après avoir râlé un petit coup, pour la forme.
Direction Achgabat, vers notre hôtel. Vu comment on avait fait les crevards lors de la négociation avec l’agence de voyage, on s’attendait à un bloc de ciment dans le plus pur style soviétique, en bordure de ville, entre un abattoir de mouton et un concessionnaire Lada, ce qui n’aurait pas été pour nous déplaire, ça fait des trucs à raconter après. Mais pas du tout, on est conduit en haut d’une colline dominant la ville, sous une espèce de géode visible à 10 km à la ronde. Le gros luxe, à l’image du reste de la capitale Turkmène.
C’est une sorte de Las Vegas post attaque bactériologique, genre 28 jours plus tard, sans les Zombies. Partout des palais en marbre blancs, impossible de savoir leurs fonctions, ni même si c’est des habitations, des bureaux, les plus grandes chiottes du monde, un Flunch ou des ministères. C’est gigantesque, vide, mort. Il n’y a aucune vie et les 2 x 5 voies desservant la ville sont quasiment désertes. Nasar botte en touche lorsqu’on lui demande pourquoi il n’y a personne et nous fait faire le tour de la ville :
– Là, c’est une Université (sans personne aux alentours), construite par Bouygues
– Ici, c’est le Ministère des finances (3 voitures garées devant), construit par Bouygues
– Là, ce sont des logements (sans aucun linge séchant aux balcons) construits par Bouygues
– Là, c’est un Graboulouchou (désolé, je comatais sous la clim du mini-bus, j’ai pas tout saisi), il y a une grande roue à l’intérieur. Construit par Bouygues
On enchaîne avec divers monuments à la gloire de la liberté, des grandes figures de l’histoire, de la paupiette de veau et de l’amitié entre les pays, le Turkmenistan étant « la Suisse de l’Asie ». D’après notre guide, le pays s’entend bien avec tout le monde. D’où les nombreux miradors, les canons anti-aériens et la quadruple rangée de barbelé le long de la frontière. Oui, je suis médisant, m’en fout, c’est mon blog.
Bouygues, Bouygues, Bouygues. Après l’indépendance en 1991, Bouygues a obtenue 63 chantiers dans la ville, ce qui, à vu de nez, devait bien représenté plus de 80% du marché total. Un bien bel appel d’offre ma foi, y’en a qu’ont dû bien se frotter les mains.
Le clou du spectacle est le palais présidentiel. A côté, le Taj Mahal est une cabane de pêcheur. Pas de photos, c’était interdit. Faudrait surtout pas faire croire que le Président Turkmène s’arroge quelques petits privilèges par-ci par là, non mais. Ce président, notre guide l’adore, il voudrait l’avoir à vie. Ce qui risque bien d’arriver en fait.
C’est une star le gars, il est en 4 x 3 partout dans la ville, sur les couvertures des magasines et même à la TV. Bel homme, le sourire extra bright, c’est bien simple, on dirait Jonathan Hart. Jusqu’en 2015, il offrait 120 litres d’essence par mois à chaque foyer. Quant au gaz, il est presque gratos. Donc généreux le gars.

Oui-Oui au travail, Oui-Oui fait du vélo électrique et Oui-Oui fait du bateau très très cher
On va également faire un tour dans un des bazars de la ville. On croise enfin du monde et un peu de vie. Les femmes turkmènes sont, de l’avis générale de 4 cyclistes esthètes roulant en Azub 5, les plus belles du monde. Des visages harmonieux dont les traits mêlent l’exotisme de l’Asie, le souffle d’un peuple ancien et la rudesse d’un ex-pays soviétique. Un port de tête digne, comme si elles faisaient toutes de la danse classique. Une taille mannequin mise en valeur par leurs longues et belles robes cintrées. La classe. A côté, on se sent un peu misérable avec nos pauvres t-shirt Quechua aux aisselles moites.
Dans le bazar (une grande halle de marché en fait), Benoit et moi sommes vulgairement suivi par un avion de chasse, du genre 90-60-90, pommettes hautes, poitrine agressive et lèvres pulpeuses. Pour nous échapper, on se réfugie dans un restaurant et nous dissimulons derrière une montagne de purée-boulette de viande-nouille sautées- poivrons farcis. Une tuerie, on n’avait pas aussi bien mangé depuis les Lokantasi de Turquie dont les moussakas me font encore baver aujourd’hui.
Il est l’heure d’aller à la gare avec nos vélos. L’agence de voyage (Owadan pour ne pas les citer) n’a pas cru nécessaire de réserver les billets à l’avance. Heureusement il reste de la place. Elle s’est dit aussi que c’était pas la peine de vérifier si il y avait bien un wagon à bagage, ce qui n’est pas le cas. Naser négocie avec le chef de train, on file un peu d’argent et casons les vélos dans la salle des machines, à grand coup de pédalier dans les portes.
Un petit dodo et nous débarquons à 5h du mat à Turkmenabat , il fait déjà très chaud. Un coup de mini-bus et nous voilà à nouveau sur les vélos pour sortir du pays. Passeports, passage aux rayons X, passeports, fouille complète des sacoches, passeports et visionnage des photos de nos appareils. On avait mis toutes celles du Turkmenistan sur une clef USB. Concernant la coke, on avait tout sniffé à l’hôtel et les kalachnikovs étaient dans le cadre des vélos, comme d’habitude. Il a fallu batailler un peu pour ne pas se faire doubler par tout le monde, surtout les femmes qui nous collaient, moins belles qu’à Achgabat malheureusement.
Hop, 2 minutes de vélo et on remet ça au poste frontière Ouzbèke, mais en beaucoup plus cool : prise de température, déclaration des biens de valeur et des sommes en liquide et fouille de la boite à médicament. Vallait mieux pas avoir d’anti-douleur, heureusement qu’on s’était enfilé toute la codéine la veille. Un coup de tampon sur le visa, une petite quenelle pour échanger des devises à la sortie et nous voilà pédalant sous le cagnard Ouzbèke. Passé une partie désertique, on aborde des zones plus habitées et croisons des autochtones. A 1ere vue, les Ouzbèkes n’ont pas l’air très différents du reste de l’humanité : bipèdes, 2 bras, 2 jambes, des cheveux, des mains pleines de doigts et des bouches pleines de dents. Ah ah,et c’est là qu’est la grande différence : les dents ! On croise plein de Joey Starr, beaucoup d’hommes et femmes ont des dents en or sur le devant, bien visibles. On apprend plus tard que c’est un peu leur Livret A, une manière sûr de mettre de l’argent de côté. Un coup dur ? Ils vendent une incisive. Le petit dernier veut faire du violon ? On arrache les canines.
Et leurs dents, on les voit très souvent car ils sont très souriants et joviaux. Sur la route, les enfants courent à notre rencontre et tout le monde nous interpellent en sifflant ou en criant, nous faisant de grand signes auxquels on se doit de répondre. Ils sont adorables, de la pure gentillesse, un enthousiasme communicatif. Ils sont très curieux et veulent savoir d’où on vient : » A kouda te ? » A kouda te ? « – « Francia ! » – » Ooooh Fraaancia ! Paris !!! « . Encore une fois, on se rend compte que la France a une aura incroyable. Beaucoup d’Ouzbèke connaissent quelques mots de français ainsi que quelques villes comme Paris, évidemment, mais aussi Lyon, Bordeaux, Marseille ou Strasbourg. En France, qui connait Boukhara, Tashkent ou Denov ?
On fait le plein d’eau au puit chez des gens. L’eau courante ne semble pas très présente dans ce pays, faudra faire avec. De plus, le pays a la réputation de ne pas laisser les estomacs et les caleçons des cyclos indemnes, donc on filtrera systématiquement. Youpi, on se sert enfin du filtre qu’on trimballait pour rien depuis 4 mois ! Pour info, l’eau des fontaines en Turquie et l’eau du robinet en Iran sont parfaitement potables, nous n’avons jamais été malades et notre stock de Micropure est intact.
Un peu plus loin, on quitte la grande route pour se trouver un coin de bivouac. Un gars devant sa maison m’interpelle et nous propose un thé. Oulala, en plus d’être sympas, z’ont l’air accueillant ! On accepte, on fait connaissance avec sa femme et sa fille, ils nous installent un tapis et des petits matelas. Le thé se transforme naturellement en accueil pour la nuit.
On mange ensemble un riz-au-lait au gout d’omelette avec du pain et du raisin, c’est simple mais ça nourrit bien. Le lait vient de la vache dans leur cour. On admire leur doma (maison) : construite en torchis, elle surplombe et encadre un grand potager et une petite étable. Pour la cuisine, ils utilisent un four conique en torchis également, efficace et ne consommant que peu de bois. Du bon sens, on ne parle probablement pas d’écologie ici mais ce mode d’habitation nous semble plein de sagesse.

Hossein
On se décrasse avec une bassine et Benoît fait bien marrer notre hôte Hossein en voulant se laver la figure avec l’eau qui a servi àrincer les pieds de tout le monde. Moi, ça ne m’avait pas choqué.
Après la visite d’amis et de cousins, ils nous installent sur une sorte de grand lit à l’extérieur. On en verra partout par la suite, aussi bien chez les gens que dans les restaurants, c’est hyper pratique, on y mange et on y dort. Très appréciable pour un gars comme moi qui pique du nez dès la dernière bouchée. Encore plus quand la vodka est de la partie, on en reparlera. Matelas, couvertures, oreillers et nuit fraîche sous les vignes et les étoiles, on touche la volupté ce soir.
On se réveille tôt le lendemain et déjeunons ensemble : thé, pain maison et un bol de lait chaud avec du beurre fondu ultra-nourrissant.
On remercie chaleureusement notre famille d’un soir et filons à Boukhara.
On traverse la ville; l’ambiance, les couleurs et les monuments nous incitent immédiatement à rester 2 nuits dans le super B&B qu’on dégote.
Rien que pour le p’tit dej, ça valait le coup de rester de toute façon. Et pour la clim aussi. Et pour le grand lit. Et pour les chiottes normaux. Et pour les oreillers moelleux. Rhhhaaaaaaaa !!! Putain de confort !!
Quelques photos de Boukhara pour finir. La suite du récit dans quelques jours, on va rattraper le retard.
Eh bien , Audiart repose en paix , ton successeur est enfin parmi nous ,
Un vrai roman …. Palpitant mais sous influence (vodka ?) , y A deux fois la même photo …. Vivement le prochain épisode
Je me régale de tes récits, tu écris super bien et avec beaucoup d’humour, continu à nos faire profiter de vos exploits
Ok Alain ! Déjà 3 articles de programmé pour les prochains jour
Sorry …. J’ai relu et pas 2 fois la même photo !! C’est moi qui suis sous influence ….
Ne jamais lire le blog après le pastis
Je vous lis toujours avec grand plaisir…
Un peu intéressée la nana, pour aller sur la route du Pamir l’an prochain.
Merci pour ton message Frannycyclo, ça rassure toujours de savoir qu’on nous lit un peu car les commentaires se font rares en ce moment.
Pour la Pamir, évites de regarder les photos qu’on mettra, faut garder la surprise !
Pas bégueule, Françoise, elle commente aussi sur notre blog…. Qui ne voit guère vos commentaires, les pieds 😉
Salut à vous les veinards ! Vous nous en mettez pleins les yeux . On regardera les photos du Pamir même si on y mettra les roues un de ces quatre. On vous suit, on pense à vous et on se marre en vous lisant… On vous claque la bise !
Coucou. Toujours lectrice assidue si ça peu te rassurer! Et meme avec attente… Moi aussi je me marre bien et ça à chaque fois . J ai mes séries Walking dead, game on trônes…et les aventuriers à bicyclette…tu vois un peu!!! Grosses bises a bien vite sur la toile? Hein?
Salut coach ! Je suis un gros fan de Walking Dead, merci de nous y assimiler !
Salut à vous. Incroyable ce pays, ils ont vraiment les plus belles filles du monde? en tout cas l’accueil a l’air vraiment sympa, j’attends la suite. Je suis encore allé chercher le pain en vélo, encore quelques mois et je sors de mon village, bonjour l’aventure!
Bravo les jeunots de nous faire partager vos exploits, A quand la vidéo avec les filles qui se baignent toutes « voiles » dehors ? Elle a été censurée au passage de la frontière ? bises poussiéreuses
Un message de Christine (CMu) pour Ophélie . Je vous suis depuis le début ; vous êtes toujours aussi incroyables et votre blog est passionnant . Chapeau bas !
Mais si on vous suit les Belin ! Difficile de commenter, on est minable à côté : « les vacances sur l’île d’Oléron étaient géniales, un peu de moustiques, la salle de bain un peu crade et on a manqué de get 27 une soirée ! mais sinon tout va bien ! »
C’est toujours avec plaisir que je lis le récit de vos aventures, et merci de nos le faire partager.
Ouais ! Je vois pas les plus belles filles du monde moi ! Et je ne crois que ce que je vois ! Et je vois que l’on est en novembre et que z’êtes à peine sorti d’Iran ! Et je vois que z’êtes pas en avance ! Et je vois que vous vous prenez pour Bertrand avec vos photos de vous vu du ciel ! Z’avez un drône ?
Poutoux.